La gestion de la forêt est importante, comme chacun le sait. Mais les tourbières drainées par l’agriculture et autres usages des sols sont également des sources d’émissions non négligeables au niveau mondial. Or, dans les pays de l’Annexe I, les incitations à réduire ces émissions étaient minimes dans le cadre de la première période d’engagement du Protocole de Kyoto.
En effet, la comptabilisation des activités d’usage des sols à l’origine de l’épuisement des tourbières (la gestion de la forêt, la gestion des pâturages et la gestion des terres agricoles) était volontaire, et par conséquent, rarement appliquée. La 2ème période d’engagement du Protocole représente une opportunité de combler ce manque. Les pays auront des objectifs de réduction d’émissions plus élevés et LULUCF peut et doit contribuer à la réduction des émissions de manière significative. Le drainage accru des tourbières peut être découragé en rendant obligatoire la comptabilisation des activités énumérées à l’Article 3.4, à condition que les données soient de qualité satisfaisante. En particulier, il faudrait réduire l’épuisement des tourbières dû à la production d’agrocarburants.
Cela, afin d’empêcher que n’apparaisse une autre échappatoire gigantesque à la comptabilisation des émissions dans le secteur de l’énergie, qui s’ajouterait à l’augmentation des émissions non comptabilisées dans le secteur de l’usage des sols. De plus, la réhumidification des marais asséchés, une mesure efficace pour réduire les émissions, devrait être facilitée à travers l’adoption d’une nouvelle activité de «gestion des zones humides». Si les pays échouent à s’accorder sur la comptabilisation obligatoire des activités citées à l’Article 3.4, la gestion des zones humides est la seule façon d’éliminer l’échappatoire naissante des tourbières dans le cadre de LULUCF. La notification et la comptabilisation du drainage des tourbières sont déjà facilitées par les indications du Giec de 2006.
Néanmoins, un certain nombre de brèches persistent. Une réunion d’experts du Giec en octobre dernier a conclu que des développements récents de la science permettaient de combler plupart des manques (par exemple, sur la réhumidification des tourbières asséchées, la restauration des marais). De même, les émissions liées à l’usage des sols dans les tourbières (les terres agricoles, les prairies, la foresterie et l’extraction de la tourbe), devraient être réévaluées. Ici à Cancun, le SBSTA peut demander au Giec d’entreprendre ce travail et d’établir la voie à suivre pour finaliser la méthodologie avant le début de la 2ème période d’engagement. Cela, pour protéger l’une des ressources les plus importantes pour la séquestration du carbone dans les sols : la tourbe !
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