ECO est de plus en plus frustré cette semaine par les positions des Etats-Unis. Difficile en effet de comprendre la rigidité de la position états-unienne sur une grande partie des sujets de négociation, et notamment l’atténuation, le transfert de technologie et l’adaptation.
Il est clair que les USA ne veulent pas laisser un sujet avancer si les autres bloquent. Cette stratégie est très risquée, et menace sérieusement le processus ici à Cancún et plus généralement dans les négociations à venir au sein de la CCNUCC.
Les USA parlent beaucoup de la transparence qu’ils attendent des autres, mais ils feraient mieux de se regarder dans la glace avant, puisqu’ils refusent d’améliorer la transparence sur les financements de long terme à travers un Format Commun de Rapport. Quand en plus ils s’opposent à la négociation sur les règles de comptabilité pour les pays de l’Annexe I, la confiance ne peut que s’effriter.
Leur intransigeance est plus que troublante puisque les USA semblent avoir pris en grippe quelques termes pourtant assez neutres : comparable, cohérent, complet, transparent et précis. Avec ce type de blocage, les autres Parties continueront à douter de la volonté de Washington sur le climat, en particulier après que la loi sur le climat ait disparu au Sénat. Il n’y a plus d’équilibre (encore un mot bien aimé des US ;-) sans comparabilité.
Dans le même temps, les USA ralentissent les progrès sur le transfert de technologie, un des points centraux de la Convention sur lequel nous avons déjà perdu assez de temps. Cela laisse ECO sans voix – une proposition est enfin sur la table, mais les USA affirment, sans engagement, que les parties devraient se contenter de « considérer » l’idée d’établir un mécanisme de transfert de technologie ici à Cancún. Cela commence à bien faire avec les considérations. L’accord est très précis sur ce point. Les chefs d’états ont décidé « de mettre en œuvre un mécanisme sur la technologie […] opérationnel immédiatement ». Les USA sont par ailleurs très actifs sur la technologie, en développant notamment un réseau et des centres pilotes régionaux. Alors pourquoi remettre en cause la proposition sur la table ?
Les inquiétudes des industries vertes états-uniennes sur une bureaucratie onusienne lourde et complexe sont nulles et non avenues. Nous avons au contraire besoin d’une entité qui coordonne et mette en œuvre de manière accéléré, face à la crise climatique, une transition rapide vers un future sobre en carbone.
Et comme si cela ne suffisait pas, les USA freinent aussi sur la création d’un comité d’adaptation. Rappelons aux USA qu’ils ont toujours rejeté dans le passé approche qui consisterait à le rattacher au SBSTA. Ce processus nécessite un arrangement institutionnel pour aller plus loin et dépasse le simple cadre du conseil technique. Cela ne peut pas être fait dans des institutions en dehors de la Convention.
Aux dernières nouvelles, les USA ne sont pas opposés à l’idée d’aider les populations vulnérables au changement climatique. Alors pourquoi tous ces blocages sur l’adaptation ? Encore une fois, leur position de vouloir juste « considérer » un processus pour les pays les moins avancés est incompréhensible.
Assez de considérations ! Il est temps de « mettre en œuvre ». Arrêtez cette stratégie dangereuse ! C’est d’ailleurs Todd Stern, l’envoyé spécial des USA qui en parle le mieux : « Arrêtons de ne rien faire… Arrêtons de suspendre, de reporter, année après année, après année… »
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