Nous avons entendu que oui, les délégués passent encore des nuits blanches à cause de l’énorme fossé qui existe entre les promesses d’atténuation actuelles et celles qui seraient nécessaires pour une voie crédible vers les 2°C. Peut-être que tous ne sont pas fondamentalement inquiets des conséquences pour l’humanité. Certains sont peut-être juste mal à l’aise de se voir rappeler qu’ils n’ont pas fait le travail qu’ils s’étaient fixé à Cancun. Les pays développés ont promis d’examiner les options et les moyens d’augmenter les niveaux d’ambition, pour ensuite les augmenter effectivement. Cela ne semble pourtant pas si compliqué que cela à comprendre.
Il y a peut-être un espoir dans les paragraphes 36-38 et 48-51 des textes de la nuit dernière. Ces deux textes comprennent un point essentiel : la reconnaissance du manque d’ambition. Les Parties qui tenteraient d’empêcher cette reconnaissance dans une décision de la COP peuvent s’attendre à être pointés du doigt sur cette affaire.
La prochaine étape du processus est détaillée dans le nouveau texte sur l’ambition des pays développés : commencer à travailler à réduire et annuler cet écart. Le nouveau rapport du PNUE identifie clairement cette possibilité. Mais au lieu de cela, nous observons plutôt une tendance vers le décrochage que vers l’atteinte de l’objectif des 2°C. Le travail doit commencer dès maintenant, car toute année supplémentaire passée à tergiverser et à mener des manœuvres dilatoires ne fera que rendre l’objectif beaucoup plus difficile à atteindre.
Combler le déficit d’ambition exigera un effort de chaque côté - aussi bien des pays développés que des pays en développement. Les pays en développement ont promis plus d’atténuation pour 2020 que les pays développés, mais devrait encore relever leur objectif (et assurément, recevoir un plus grand soutien). Tous les pays en développement n’ont pas encore fourni leurs NAMAs, et certains pourraient bien être en mesure d’augmenter l’ambition des NAMAs qu’ils ont déjà soumis.
Il serait vraiment bon pour le programme de travail qu’une date limite soit fixée pour la COP 18 au Qatar, ainsi qu’un ensemble d’objectifs clairement énoncés. Sinon on pourrait se retrouver dans cette situation pour l’éternité (ou plutôt jusqu’à ce que que le monde qui nous entoure finisse de fondre).
A la COP18, les Parties devraient avoir étudié toutes les options possibles pour réduire le déficit d’ambition, et les pays développés devraient avoir relevé leurs engagements pour être en conformité avec la science, c’est à dire réduire en 2020 leurs émissions de plus de 40% par rapport aux niveaux de 1990. En ce qui concerne les soumissions, pourquoi ne pas leur demander de proposer une manière de se répartir les 25 à 40% de réductions, laisser le Secrétariat rédiger un document technique, et ensuite négocier les objectifs et la manière de les faire correspondre avec les engagements existants.
En retour, les pays en développement pourraient enregistrer des NAMAs qui se traduiront par des réductions d’émissions bien en dessous du scénario de laisser-faire (avec un soutien suffisant).
Beaucoup de travail reste encore à faire pour rendre le registre des NAMAs opérationnel, établir des lignes directrices pour les NAMAs, et pour enregistrer à la fois les NAMAs et le soutien.
Une fois ces objectifs non négligeables atteints (avec des progrès substantiels lorsque nous nous rencontrerons à Bonn en mai 2012), le Secrétariat devra évaluer s’il y a un déficit de soutien, et à combien celui-ci s’élève.
Un élément du programme de travail ambitieux que les Parties devraient lancer ici à Durban comprend les stratégies bas carbone que les pays développés devraient lancer et mettre en œuvre pour être quasiment décarbonés d’ici 2050. Et les pays en développement doivent être encouragés (tout en recevant le soutien dont ils ont besoin) pour élaborer leurs propres stratégies. La SBSTA devrait se tourner vers l’élaboration de lignes directrices pour ces stratégies. Toutes ces mesures constitueraient un sérieux pas en avant dans la bonne direction.
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