Une «COP africaine», qu’est-ce que cela signifie au juste ? Doit-on penser à une «COP plage», où nous décidons de presque autant de choses qu’à Bali ? Pourrait-il y avoir ici à Durban un résultat qui mette le Plan d’action de Bali réellement en œuvre, au lieu de simplement le recycler ?
La résolution du Groupe Afrique - «Kyoto ne mourra pas sur le sol africain» - pourrait bien porter ses fruits, mais à quel prix - et cela sera-t-il suffisant ? Aurons-nous une perspective forte de mobilisation de fonds publics, avec des sources décidées à la COP 18 ? L’ambition globale des mesures d’atténuation nous donnera-t-elle une petite chance de maintenir le réchauffement bien en dessous de 2°C?
Si la forme est importante, elle doit néanmoins s’accompagner d’un minimum de substance. Tout comme un nouveau Fonds sans financements prévisibles à long terme ne serait qu’une coquille vide, la suite du Protocole de Kyoto doit également contenir des objectifs compatibles avec un accès équitable au budget carbone limité qu’il nous reste pour ce siècle, considérant la manière dont notre atmosphère commune a été utilisée.
Cet impératif de justice signifie aussi un accès équitable de tous à un développement durable. Et cela ne viendra pas d’une simple prolifération d’institutions. Se doter de récipients vides n’est pas une stratégie de développement bas-carbone. Finies les promesses creuses, s’il vous plaît.
S’il semble que nous obtenions un paquet raisonnable d’institutions, notamment le Fonds vert, le Comité d’adaptation, le Centre de technologies, etc., mais cependant avec peu de contenu, le Groupe Afrique tiendra-t-il bon ?
Si nous obtenons l’engagement d’avoir des décisions sur des sources prévisibles de financements publics à la COP 18, l’Afrique insistera-t-elle aussi pour obtenir des engagements d’atténuation plus ambitieux dans ces mêmes délais ?
Un casse-tête annuel, pas seulement pour les Africains, quand il s’agit de la façon de fournir une évaluation franche des résultats de la COP sans passer pour un marchand de malheur ou alimenter le récit des défaitistes. La position défaitiste, soutenant que le monde - pendant de nombreuses années - ne parviendra pas à un développement sobre en carbone, est une hypothèse qui sous-tend les arguments récents de nombreux lobbyistes d’affaires sud-africains s’opposant une taxe carbone nationale.
Nous préférons envisager un succès plutôt qu’un compromis, et faire progresser un ensemble complet de processus suffisamment définis et limités dans le temps pour réduire les émissions mondiales à temps et mobiliser les financements publics nécessaires pour soutenir une transition globale, juste et sobre en carbone.
La crédibilité en jeu ici n’est pas seulement celle de la CCNUCC, mais de tout gouvernement qui dépeint le recul de Bali en tant que tremplin pour un accord fondé sur des règles multilatérales. Comme les chefs religieux ne cessent de dire à la Conférence, il s’agit d’une question morale. Le développement sobre en carbone et respectueux du climat est un impératif éthique testant la moralité de nos dirigeants et nos institutions. Si les Nations et Etats ne peuvent pas agir collectivement dans l’intérêt commun, quel est leur but ou légitimité?
Nous avons besoin d’un élan africain dans les systèmes économiques et sociaux, et nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre le Qatar. L’équité est-elle un idéal trop élevé ? Même si cela nous prend toute la journée du samedi, nous devons assurer le contenu ainsi que la forme et non nous contenter de simplement éviter la disparition de Kyoto.
Offrons donc un tremplin africain pour une action multilatérale efficace.
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