mardi 7 décembre 2010

L’Arabie saoudite, Wikileaks et la diplomatie du climat

Ceux qui prennent le temps de regarder au delà des frontières du Moon Palace, et du Cancun Messe auront appris que Wikileaks rendait transparent les échanges de notes internes aux USA. Parmi les notes concernant le climat figure celle de l’ambassadeur étasunien en Arabie saoudite: «Les officiels Saoudiens sont très préoccupés qu’un traité sur le climat réduise de façon significative leurs revenus alors même qu’ils font face aux couts liés à la diversification de leur économie». «Le Roi est particulièrement attentif à éviter que l’Arabie saoudite soit pointée du doigt, particulièrement concernant l’environnement».
L’Arabie saoudite fait face au réel défi de devoir s’éloigner du pompage de liquides noirs et de diversifier son économie.  Il est plus facile d’évoluer vers de nouveaux produits semblables à ceux qui sont déjà fabriqués plutôt que d’effectuer des sauts vers des activités économiques complètement différentes. Et le pétrole est un secteur particulièrement difficile à partir duquel se diversifier. Et la nation est jeune, ce qui crée des besoins d’emplois auxquels l’addiction aux exportations de pétrole ne répond pas.
Au regard de ces difficultés, l’Arabie saoudite fait de réels efforts pour diversifier son économie. Même ceux qui sont le plus dévoués au pétrole constatent que le reste du monde avance vers un avenir à faible intensité carbone , même si c’est à une vitesse trop lente selon ECO ou n’importe quel climatologue.

Le Royaume accomplit quelques changements engageants, tel que la fondation de l’Université Roi Abdallah de la Science et de la Technologie, qui formera les rangs des ingénieurs et des scientifiques. C’est un renforcement des capacités de R&D, dont la modélisation climatique ainsi que «l’agression (sur les barrières de corail de la mer Rouge) provenant de facteurs naturels et anthropogéniques dont... le changement climatique», (l’université à parfaitement compris ce que les négociateurs ici n’ont pas compris).  Aussi, le pays investit lourdement dans la recherche solaire.
Si le Royaume d’Arabie saoudite essaie de développer une économie pauvre en carbone et économiquement diversifiée, pourquoi travaille t’il tout autant pour empêcher le monde de progresser sur le changement climatique ?
Les dépêches de Wikileaks divulguent aussi l’opinion de l’ambassadeur étasunien selon lequel « Les officiels Saoudiens ont suggéré qu’ils ont besoin de trouver une façon  de descendre gracieusement de leur position de négociation dure. Un engagement plus soutenu en coordination avec d’autres Gouvernements, surtout si c’est fait de façon à développer les partenariats pourrait les y aider».

Si l’Arabie saoudite est préoccupée par les critiques mais prête a se développer d’une autre façon, ECO fournit respectueusement quelques idées pour modifier leur position dans les négociations ici et maintenant et pour laisser leur réputation négative au passé. A cette fin, le Royaume pourrait:

  • Percevoir la transition globale vers un avenir à faible dépendance vers le carbone comme une opportunité. En investissant sagement sa richesse fossile existante, le Royaume a beaucoup à offrir
  • Développer une vision à long terme pour son avenir post-pétrole comme une économie faiblement carbonée en développant son extraordinaire ressource solaire. Ceci en partenariat avec d’autres pays.
  • Arrêter de lier les mesures de ripostes / les effets d’excédents aux mesures d’adaptation. De telles tactiques de négociation ne créent pas d’amis et peuvent mettre des vies en danger.
  • Soutenir l’inclusion des engagements de l’Accord de Copenhague dans l’UNFCCC comme base pour des discussions à venir en 2011.
  • Arrêter de bloquer la revue du 1.5°C telle que proposé par l’AOSIS ainsi que d’autres initiatives augmentant les ambitions de réduction. Ainsi, parmi d’autres choses importantes, les superbes récifs coralliens, les algues et les forêts de mangroves très productives (et séquestrant le carbone) pourront survivre à l’âge du pétrole.

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