jeudi 6 décembre 2012

Ministres, Vous n’êtes pas couché(e)s !

Chers ministres, pendant que vous vous lamentez, durant de larmoyants discours prononcés sous les feux de la rampe climatique, en promettant de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour stopper le réchauffement, vos négociateurs creusent plus profond que jamais dans les coulisses du centre national des congrès du Qatar.
L’accord de Doha est pourtant toujours à notre portée. Un tel texte nous donnerait l’ambition à court terme dont nous avons un urgent besoin. Et votre ambition politique a besoin d’être adossée par des objectifs et des engagements nettement plus ambitieux que ceux qui sont actuellement sur la table.
À ce propos, parlons des engagements. Qu’est devenue l’ambition des pays du Golfe arabo-persique de devenir les leaders de la cause du climat ? Quel obscure raison les a fait renoncer à pareille ambition : peut-être la panique qui régnait, hier, devant les comptoirs de Qatar Airways ?
Sérieusement, beaucoup de travail doit encore être accompli avant que nous ne comblions le fossé climatique séparant les promesses des actions que les climatologues nous enjoignent de mener.
Cela doit commencer immédiatement par la mise en oeuvre d’un ambitieux mécanisme « à cliquet » (dans le cadre du protocole) et d’un programme de travail bien encadré (dans le cadre du groupe de travail spécial de la plateforme de Durban pour une action renforcée).
Cela nous permet d’évoquer les discussions qui ont le moins progressé : celles menées au sein du groupe de travail spécial de l’action concertée à long terme au titre de la Convention. Avec pas moins de 53 questions toujours en suspens, cela ressemble à une vraie salle de jeu après un goûter d’anniversaire. Est-ce cela le processus de négociation des parties ?
Y-a-t-il un cocher dans la carriole de la discussion ou simplement quelqu’un pour prendre les rênes ? Certainement qu’avec un peu de bonne volonté, d’esprit de compromis et d’un peu d’huile pour lubrifier les mécanismes des gros problèmes, un accord pourrait être conclu par les ministres. Les questions en suspens peuvent trouver une résolution adaptée avant le coucher du soleil ici à Doha.
Maintenant, plus de délais ni de retard, vous devez adopter d’audacieux amendements au protocole de Kyoto. Des amendements qui en renforcent son intégrité environnementale, notamment an diminuant l’air chaud. Et honte à ceux qui préfèrent un climat plus à un protocole de Kyoto.
Il y a des signes qui montrent que des progrès ont été accomplis sur la voie d’un accord international qui pourrait être signé à Paris en 2015. Nous devons mettre à profit les erreurs du passé (à Copenhague, par exemple).
Le programme de travail doit mentionner engagements et délais. Nous recommandons, chaudement, que le texte devant servir de base de discussion avant la négociation finale soit adopté avant la fin de l’année prochaine et que le texte de ladite négociation finale soit bouclé lors de la COP 20, au grand plus tard.
Mais, l’essentiel de l’accord à conclure à Doha n’est pas là. Celui que vous devez rédiger dans les heures qui viennent doit poser les jalons de l’accord global et équitable qui devra être signé en 2015. Ce qui implique de nous mettre d’accord sur la signification et le contenu de cette équité. Et si les Etats-Unis peuvent nous en donner une définition, nous tous pouvons le faire aussi. À condition d’aller vite afin que les négociations débutent réellement dès 2013.
Les annonces sur les financements se font attendre de la part des pays qui sont restés muets (vous vous reconnaissez ? Tout le monde vous reconnaît !). Mais pour instaurer la confiance avec les pays en développement que l’engagement de 100 milliards de dollars par an sera tenu d’ici 2020, le LCA doit se clore avec un engagement collectif que les financements publics vont augmenter au delà des niveau des financements précoces en 2013, et représenteront au moins la somme de 60 milliards de dollars de financement public et additionnel d’ici 2015.
Tout autre décision laisserait les communautés les plus pauvres sans aucune assurance qu’ils seront soutenus pour faire face aux impacts du changement climatique.
En regardant dans le rétroviseur en 2015, les négociations climat de Doha ne devront pas apparaître comme un énième accord de compromis - un petit pas en avant lorsque le changement radical était nécessaire.
L’accord de Doha se doit de préparer le terrain pour les plus vulnérables, les victimes du changement climatique dont nous voyons les visages sur Al Jazeera, et dont les communautés et les cultures sont lourdement frappées de pertes et dommages en ce moment même. Vous devez accepter aujourd’hui de mettre en place et piloter un mécanisme international sur les Pertes et Dommages.
Doha pourrait être le symbole de la volonté de coopération retrouvée. Vous savez le faire :
rappelez-vous le sauvetage du secteur bancaire en 2009.
La crise planétaire qui nous guette, éclipse celle crise des finances. Ministres, délégués aujourd’hui nous sommes entre vos mains.
Vous jouez pour la planète entière.

La bonne voie dominicaine

A vrai dire, les derniers jours n’ont pas réservé beaucoup de progrès, et encore moins d’Ambition. Mais un petit quelque chose nous fait penser qu’il y a de l’espoir et de la bonne volonté quelque part.
ECO aurait entendu dire que les pays en développement seraient sur le point de mettre des engagements sur la table.  Hier, au segment de Haut Niveau, la République dominicaine a promis une réduction inconditionnelle de ses émissions de 25% en 2030 par rapport aux niveaux de 2010, à accomplir avec les fonds nationaux ainsi que la solidarité de la communauté internationale. Il s’agit d’une loi nationale donc elle s’impose au gouvernement. ECO félicite la République Dominicaine pour prendre de sérieuses mesures sur le changement climatique et rappelle que de nombreux autres pays font aussi leur travail. C’est le genre d’attitude dont nous avons besoin à ces négociations pour faire avancer les choses.

Côté "sous"...

Les causes et effets de la tempête climatique mondiale sont globalisées. Les effets des gaz à effet de serre ne se limitent pas à des « points chauds » localisés. Ils n’ont pas de frontières, et sont plus brutaux dans les zones où les émissions sont faibles.
Nous avons besoin de faire converger notre morale et les valeurs éthiques pour nous attaquer à ce vaste problème. L’organisation de jeunes SustainUS a mené une expérience sociale hier jeudi au centre de conférence de Doha pour tester cette prémisse.
Les représentants des jeunes ont demandé aux personnes entrant dans le centre de conférence à quoi ils consacreraient leur argent, comme ça, s’ils devaient être les seuls à en décider : le Fonds Vert pour le Climat, les financements précoces, les financements post-2012, les dépenses militaires ou les subventions aux énergies fossiles.
Chaque interrogé a reçu de l’argent fictif au début des tapis roulants menant au centre de conférence, et devait décider de où son argent serait le mieux dépensé. A la fin de l’expérience, le Fonds Vert était le grand gagnant. Le calcul de bon sens fait sur les tapis roulants était un choix de supporter ceux qui sont en plus mauvaise posture.
Les 1,2 milliards de personnes qui vivent avec moins de 1 dollar par jour méritent plus de profiter de 100 dollars que quelqu’un vivant avec 100 000 millions de dollars par an. Ce rapide calcul semblait assez automatique dans les esprits des participants mis face à un choix clairement formulé.

Pourtant, selon un rapport du Conseil de défense des ressources naturelles, les subventions aux énergies fossiles en 2012 étaient approximativement de 775 milliards de dollars au niveau mondial…
Et pendant ce temps, le Fonds Vert, lui, stagne à 0 dollar, les financements précoces se situent toujours bien en dessous des 30 milliards (même en occultant le double-comptage de l’aide au développement), aucune feuille de route n’est établie pour les financements de moyen terme entre maintenant et 2020, et aucun engagement n’est pris pour commencer à mobiliser des sommes pour le Fonds Vert alors que Doha touche à sa fin.

Tableau récapitulatif des financements


Pays
Engagements
Détails
Royaume Uni
$2.9 milliards
1,8 milliards £ pour les 2 prochaines années (contre 1,5 milliards £ sur les 3 années précédentes) avec 50% dédiés à l’adaptation.
Allemagne
$2.3 milliards
1,8 milliard € pour 2013 (contre 1.4 milliard en 2012), dont une partie des recettes de l’ETS.
Danemark

$88 million (approx)
500 millions de couronnes danoises en 2013 (l’équivalent du volume en 2012) dont 20% pour le Fonds Vert

Suède

$400 million (approx)
0,5 milliards de couronnes suédoises en 2013 (contre 1 milliard de SEK in 2012) et 2 milliards d’APD-climat.
Finlande
$37 million (approx)
37 millions € (contre 92 million € entre 2010 et 2012) au-delà des financements comptabilisés sous les marqueurs de Rio, et 500 000 € pour le Fonds Vert.
Norvège
US$855 million (approx)
3.1 milliards de couronnes norvégiennes en 2013 : 500 millions US$ sur REDD+ et 355 million US$ sur l’énergie.

France

$2.6 milliards
2 milliards € de l’AFD pour l’efficacité énergétique et les ENR en 2013

Fossile du Jour

Première place : UE
L’UE reçoit un Fossile [entre crochets] car nous avons encore espoir qu’elle cesse d’être intimidée par la Pologne et se prononce pour l’annulation totale de tout l’air chaud à la fin de la 2ème période d’engagement du PK.
Avant Durban, l’Europe disait pouvoir s’engager dans une deuxième période d’engagement, à condition qu’il y ait une feuille de route où les grands émetteurs s’engagent dans un cadre plus large et où les règles du PK sont améliorées pour assurer l’intégrité environnementale, faisant allusion spécifiquement à l’excédent des UQA. Mais l’Europe continue de tergiverser. Nous avons besoin d’une position européenne forte en ce moment. Si l’UE ne parvient pas à adopter une position raisonnable et commune sur le surplus, elle ne pourra pas être considéré comme sérieuse dans les discussions à venir sur l’ADP.

Seconde place:  La Pologne pour sa position fossilisée sur la question de l’air chaud. Elle s’obstine sur l’utilisation des reports de quotas dans la deuxième période d’engagement du PK, tout en s’opposant avec véhémence à l’annulation de l’air chaud à la fin de cette période. Le Ministre de l’Environnement  a même eu l’audace de déclarer dans une interview que la Pologne veut garder son air chaud parce qu’elle pense être en mesure de l’utiliser dans un nouvel accord post-2020. Remarque à l’intention de la délégation polonaise: défendre votre propre intérêt n’aide pas à instaurer la confiance en vue de votre Présidence de la prochaine COP !

La troisième place du Fossile va à la présidence de la COP18 (Qatar) pour son manque de leadership à pousser les Ministres lors de tables rondes pour l’ambition de l’ADP. En tant qu’hôtes de cette Conférence, on attend de la Présidence de faciliter les discussions et de rappeler l’urgence dans les pourparlers vers un accord ambitieux et juridiquement contraignant.

mercredi 5 décembre 2012

Fossile du jour


La première place du Fossile revient aux Etats-Unis
. Les populations les plus pauvres et les plus vulnérables, et les écosystèmes fragiles sont déjà frappés par les impacts dévastateurs du changement climatique. Ce sont eux les première victime alors qu’ils en sont moins responsables. A cause de l’inaction actuelle et passée des pays développés, nous vivons la plus violente injustice de notre temps. Une faible ambition de réduction et un faible soutien pour l’adaptation implique de lourdes pertes et dommages dans les pays en développement.
Etablir un Mécanisme International des Pertes et Dommages ici à Doha est vital pour s’assurer qu’une réponse est apportée aux impacts du changement climatique. Cependant, les Etats-Unis, soutenus par l’Australie et le Canada, sabordent la question en poussant pour que la question des pertes et dommages soit traitée sous le programme de travail de Nairobi et par le comité d’adaptation.
Ici à Doha, toutes les Parties – y compris les Etats-Unis – doivent apporter leur soutien à la proposition du G77, de la Chine, des OASIS, du groupe Afrique et des PMA pour établir un Mécanisme international des Pertes et Dommages et continuer le travail.

La seconde place du Fossile va au Japon pour son inaction. Le Japon a renoncé à son engagement de réduction de 25% d’ici 2020 (par rapport à 1990) lors des discours des Ministres. En fait, le Ministre n’a précisé aucun objectif. Aucun engagement.
Le Japon a complètement ignoré la discussion clé ici à Doha, qui est : comment hausser l’ambition pour garder le réchauffement sous les 2°C ? Pas d’urgence.
De plus, le Japon n’a fait aucune promesse de financements climat depuis des années, alors qu’ils sont cruciaux.  Pas d’argent.
Aucun engagement, pas d’urgence, pas d’argent. Le Japon ne vole pas sa seconde place du Fossile pour tirer vers le bas ces négociations et n’avoir que « Non, non, non »
à la bouche.

Financements : « Continuation » ou engagement ?

Compte tenu de l’accroissement des impacts du changement climatique, il est temps pour les pays développés d’augmenter la finance climat plutôt que de s’en détourner. Sécheresses, tempêtes et vagues de chaleur : toutes demandent une action climatique – et l’action requiert des financements. Les pays en développement ne peuvent survivre sans action.
Pourtant, plusieurs pays développés semblent peiner à s’engager. Et ils se cachent maintenant derrière des mots ambigus. Quand vous appliquez le mot « continuation » à la finance climat, cela peut paraître satisfaisant au premier abord ; mais en y regardant de plus près, vous réalisez que
« continuation » ne dit pas à quelle hauteur vous devez continuer : $10?  $25?  $1,000?
Quelques pays européens ont promis des financements pour la période à venir, mais où sont les autres pays développés – comme les Etats-Unis, le Japon, le Canada ou l’Australie? Il serait approprié que ces pays,  et d’autres, joignent cet engagement financier. C’est pourquoi il est insuffisant de se reposer simplement sur quelques pays, nous avons besoin que tout le monde s’engage conjointement dans une décision à Doha.
Si vous quittez Doha sans cette décision commune, l’engagement d’atteindre 100 milliards de $ par an d’ici 2020 risque de devenir un rêve inatteignable, mettant en péril le succès de l’ADP ainsi la survie des plus pauvres et vulnérables dans le monde.

Ne rien lâcher sur les Pertes & dommages

ECO pensait ne pas avoir à remettre cela sur la table mais les négociations ne nous ont pas laissé le choix. A deux jours de la clôture de COP18, ECO va continuer à se battre pour un accord pour que les Pertes & Dommages reçoivent la considération politique qu’ils mérite.
Se voiler la face par rapport à la réalité du changement climatique n’est pas une option valable et ne fera que repousser à plus tard l’inévitable. Alors, prenons le sujet à bras le corps et agissons ! ECO met cartes sur table pour une dernière impulsion.
1. Quand, ici à Doha, tous les pays en développement appellent à l’établissement d’un mécanisme international pour s’atteler au problème des Pertes et Dommages, les Ministres devraient réagir et prendre une décision maintenant. Jour après jour, cela devient plus urgent alors que les impacts du changement climatique deviennent de plus en plus grave du fait de notre échec à réduire nos émissions.
2. Approuver et promouvoir la continuation du programme de travail de Pertes & Dommages. Il s’agit d’un outil vital dans l’évaluation et la réflexion sur les Pertes & dommages, en particulier en ce qui concerne les phénomènes à évolution lente. Il facilitera également les discussions à venir sur l’arrangement institutionnel du mécanisme international – alors faisons-en clairement une priorité pour les actions futures.
3. Un très important dernier point : Doha a besoin d’être une référence et un succès dans la discussion sur Pertes & Dommages. Partir du QNCC sans direction ou plan d’action clair aura des conséquences insurmontables.

Appel aux 3/4 pour en finir avec l’air chaud

Le Protocole de Kyoto (PK) est un traité démocratique et consensuel. Lors de l’adoption de tout amendement, les procédures du PK tentent de satisfaire tout le monde via un effort de recherche du consensus.
Mais lorsqu’un ou quelques pays bloquent le processus, le PK permet également d’adopter « en dernier recours » un amendement à la majorité des 3/4. Lorsque les exigences minimales ont été requises - les amendements ne peuvent bien évidemment être appliqués qu’aux pays qui accepté  – dans le cas contraire, ils ne peuvent pas bénéficier de ce que le nouveau PK amendé peut leur apporter.
Concernant l’air chaud, par exemple, cela signifie que si la Russie décidait de ne pas accepter ou ratifier un amendement qui supprimerait 13 Gt d’air chaud, elle conserverait ses crédits supplémentaires mais ne pourrait pas les vendre. Dans ce cas, les pays qui auraient ratifié un tel amendement pour la seconde période, ce qui leur aurait accordé l’accès aux mécanismes du PK, avec leurs nouveaux QELROS inscrits dans l’Annexe B, n’accepteraient pas d’acheter cet air chaud.

Sur un sujet similaire, ECO rappelle aux Etats membres de l’UE – et le Parlement Européen approuve – que sous les traités européens, leurs positions communes sur des sujets environnementaux peuvent être décidées par un vote à la majorité qualifiée.

En ce qui concerne Doha, cela signifie que les ministres d’une coalition de pays progressifs peuvent pousser l’UE à passer d’une attitude lâche et attentiste à un soutien dynamique à la suppression d’une part importante du gigatonne gap. Si cela se passe, et si la Pologne (et d’autres pays dans la même veine) refusent de ratifier la seconde période du PK, ils ne pourront pas bloquer l’ensemble de l’UE.

A la poursuite de l’équité

ECO souhaite rappeler qu’intégrer le principe d’équité dans le régime climatique est la condition de tout résultat juste et ambitieux. Alors que les Parties se sont exprimées sur la manière d’opérationnaliser l’équité, ce sujet a disparu des textes.
ECO pense qu’il serait assez facile de mesurer, rendre compte et vérifier le manque de volonté politique. C’est le vrai problème de ces négociations, comme le montre le faible langage obtenu sur l’équité dans les derniers textes des présidents, et du LCA, et de l’ADP. Et cela envoie un signal très négatif aux zones du monde qui se battent chaque jour pour survivre face aux adversités des impacts climatiques.
Et pourtant, des concepts innovants et transformateurs sont disponibles. Récemment, la Belgique et la Suède ont organisé une réunion riche et interactive avec des experts et d’autres parties prenantes à Bruxelles. En effet, les idées discutées lors de cet atelier sont pertinentes et peuvent être adaptées au format des négociations. Encore une fois, le message des participants était clair : ce qu’il nous manque, ce ne sont pas les idée, mais plutôt un manque généralisé de volonté politique.
Redonner un nouvel élan suppose notamment d’essayer des approches créatives. A Bruxelles, par exemple, un échange de vues ouvert a permis de créer de la confiance et d’ouvrir un vrai espace de dialogue.
Avant de quitter Doha, les négociateurs doivent s’assurer qu’un espace pour des discussions sur l’équité est sécurisé dans un programme de travail dédié. C’est crucial pour aller vers un résultat  juste, ambitieux et contraignant en 2015. ECO a sans cesse rappelé le besoin de prendre en charge le sujet de l’équité de manière à cadrer et finalement opérationnaliser ce principe dans les différents éléments de la négociation. Rappelons-nous la COP17, où l’Inde avait défendu ce sujet de l’équité et avait joué un rôle majeur dans la finalisation du paquet de Durban.
Mais maintenant, les progrès obtenus dans les tables-rondes ADP de Bangkok ont été mis de côté dans les discussions de Doha jusqu’à aujourd’hui. Pour être clair, le principe d’équité doit être discuté pour le faire avancer et remplir l’ADP avec du contenu et des enjeux d’opérationnalisation. Sinon, rien ne se fera sur l’équité et on manquera à nouveau d’ambition. Pour le dire clairement :
il n’y aura pas d’ambition sans équité – et pas d’équité sans ambition.

Financements : « Continuation » ou engagement ?

Compte tenu de l’accroissement des impacts du changement climatique, il est temps pour les pays développés d’augmenter la finance climat plutôt que de s’en détourner. Sécheresses, tempêtes et vagues de chaleur : toutes demandent une action climatique – et l’action requiert des financements. Les pays en développement ne peuvent survivre sans action.
Pourtant, plusieurs pays développés semblent peiner à s’engager. Et ils se cachent maintenant derrière des mots ambigus. Quand vous appliquez le mot « continuation » à la finance climat, cela peut paraître satisfaisant au premier abord ; mais en y regardant de plus près, vous réalisez que
« continuation » ne dit pas à quelle hauteur vous devez continuer : $10?  $25?  $1,000?
Quelques pays européens ont promis des financements pour la période à venir, mais où sont les autres pays développés – comme les Etats-Unis, le Japon, le Canada ou l’Australie? Il serait approprié que ces pays,  et d’autres, joignent cet engagement financier. C’est pourquoi il est insuffisant de se reposer simplement sur quelques pays, nous avons besoin que tout le monde s’engage conjointement dans une décision à Doha.
Si vous quittez Doha sans cette décision commune, l’engagement d’atteindre 100 milliards de $ par an d’ici 2020 risque de devenir un rêve inatteignable, mettant en péril le succès de l’ADP ainsi la survie des plus pauvres et vulnérables dans le monde.

mardi 4 décembre 2012

Guide des bonnes manières pour ministres à Doha

La plupart des pays développés est venue à Doha avec l’envie d’avancer sur la nouvelle voie de négociation, bien que certaines questions clés dernièrement abordées au sein des négociations soient laissées irrésolues. Il est vital que ces négociations ne laissent pas ces enjeux en suspens.
Comme toutes les bonnes mères, ECO voudrait rappeler aux ministres des pays développés qu’ils ne peuvent pas avoir de dessert avant d’avoir fini leur plat principal, avec tous ses légumes. Ils ne doivent pas manger trop vite car ils ne vont pas résoudre la crise climatique tant que tout le monde n’a pas fini son dîner.
Les pays développés ont des responsabilités dans le cadre du Protocole de Kyoto comme dans la LCA, qui doivent être prises à Doha. En premier lieu il s’agit de la seconde période d’engagement du Protocole de Kyoto – et une qui ne gâche pas le papier sur lequel elle sera écrite – de l’augmentation de leur ambition, et de la façon dont ils vont atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars par an de financements climat. Si ces éléments ne sont pas résolus de façon satisfaisante, la nouvelle voie de négociation sur la plateforme de Durban n’aura pas les fondations solides qui lui seront nécessaires pour voir l’action climat se renforcer dans les années à venir.
Si ces questions sont résolues et si ces fondations sont proprement posées, la plateforme de Durban peut, et doit ouvrir une nouvelle ère dans les négociations climat, dans un esprit de confiance, de solidarité et d’action collective. Cette voie doit notamment inclure les actions à prendre au plus vite pour voir augmenter le niveau d’ambition d’ici à 2020. Aucun pays participant aux négociations ne peut se permettre de remettre cela à plus tard.
ECO espère que les pays développés sont venus à Doha avec la claire intention de bien se comporter à table. Il n’y aura nulle part où se cacher pour les pays qui tenteront de se soustraire à leurs engagements passés en se concentrant uniquement sur le futur. Un succès à Doha reposera sur ces deux éléments, car c’est la recette d’un repas équilibré, ambition  et action climatique globale et coordonnée.

Où va le Japon ?

ECO est soucieux d’entendre que le Japon pourrait ne pas tenir son objectif de réduction de 25% d’ici 2020 par rapport à 1990, et considèrerait plutôt une baisse de 5 à 9% (réduction domestique).
Bien sûr, le Japon a déjà cassé l’ambiance des négociations en rejetant la seconde période du Protocole de Kyoto. Si maintenant le Japon réduit volontairement ses engagements sous l’accord de Cancun, cela réduit là la fois son ambition et sa crédibilité. ECO redoute que la voix du Japon ne soit simplement plus écoutée.
D’une certaine façon, le pays a déjà perdu sa crédibilité ces deux dernières années. Il est maintenant temps pour le ministre japonais d’avancer et d’annoncer que le Japon vise à faire tout son possible pour maintenir l’objectif de 25% intact. Il doit également engager des financements appropriés pour la période de 2013 à 2015. C’est la seule façon de reprendre son rôle positif et constructif dans l’effort mondial de lutte contre le changement climatique.

Revue scientifique

Le début de la première revue (2013-2015) approche. Cette revue doit s’appuyer sur l’ensemble des travaux scientifiques afin d’adapter les ambitions politiques en fonction des dernières informations de la science climatique. Pourtant, personne ne sait pour le moment qui va conduire cette revue.
Il y a bien des groupes informels qui ont commencé à en discuter, mais pour le moment aucune décision n’a été prise sur la Gouvernance. La solution la plus vraisemblable serait la constitution d’un groupe d’experts, constitué à l’issue de la conférence de Doha et soutenu par le Secrétariat. Ce groupe rassemblerait toutes les nouvelles informations provenant de la science climatique et notamment le 5eme rapport du GIEC, les rapports UNEP sur le fossé carbone, les rapports et états des lieux périodiques de l’ICA et de l’IAR.
Bien entendu, les Parties devraient pouvoir apporter des informations et participer aux échanges.
ECO est cependant perplexe. Pourquoi exclure (comme on l’a laissé entendre) la Société Civile de ce processus? L’expertise de la Société Civile, son expérience et ses informations pourraient pourtant apporter une plus-value significative à cette importante et nouvelle initiative.
Un «Rayon du jour» est attribué au Royaume-Uni pour avoir été le premier à mettre de l’argent sur la table après les financements précoces. Le Royaume-Uni a annoncé aujourd’hui que son financement climatique s’élèvera à 1,8 milliards de livres sterling au cours des deux prochaines années, soit 40% de plus que le niveau de ses financements précoces, 50% de cette somme étant consacrée à l’adaptation.
Cette annonce donne un ton constructif aux négociations sur le financement, ici à Doha. Nous exhortons les autres pays développés à commencer à mettre de l’argent sur la table et à s’engager à dépasser leurs contributions faites au titre des financements précoces.
Cet engagement est assurément remarquable et bienvenu, mais dans d’autres circonstances, il aurait pu ne pas avoir satisfait aux exigences élevées du
« Rayon du jour ». Ce qui le rend digne d’une reconnaissance si convoitée, c’est que le gouvernement britannique a été le premier à s’engager.
Plutôt que de conditionner son engagement à des concessions précises de la part des autres Parties, le Royaume-Uni a créé une dynamique positive en s’engageant au début de la session ministérielle, sans qu’aucune condition apparente n’y soit attachée. Nous attendons avec impatience que d’autres donateurs fassent également un pas avant au cours des trois prochains jours, et pensons que cette approche coopérative est l’une de celles que toutes les Parties devraient imiter.

Fossile du jour

La première place revient aux États-Unis pour l’affaiblissement du MRV pour les pays développés.
La comparabilité entre les parties qui sont à l’intérieur de la 2ème période d’engagement du Protocole de Kyoto et celles qui n’y sont pas est essentielle pour étayer un régime fondé sur la confiance et la transparence. Les États-Unis ont régulièrement freiné tout progrès sur le MRV lors des pourparlers. C’est d’autant plus étrange qu’à Copenhague, les USA ont fortement incité la Chine à être plus robuste dans sa comptabilité et ses déclarations d’émissions. Mais aujourd’hui, les choses ont changé. Si les Etats-Unis veulent être sérieux pour atteindre un accord en 2015, ils doivent compter leur carbone. Leur blocage est incompréhensible. Les États-Unis ont des procédures de transparence et de comptabilité qui sont parmi les meilleures du monde, mais ils sont allergiques à les reproduire au niveau international.
La clé pour assurer un traité mondial contraignant, c’est la confiance, les Etats-Unis savent plus que quiconque que la transparence et la responsabilité rassurent tous les pays sur le fait que chacun respectera ses engagements.
Ce que font les Etats-Unis et leurs serviteurs, comme le Japon et le Canada, corrompt leur comptabilité carbone.

lundi 3 décembre 2012

LCA : des brêches entre texte et tonnes

À Durban, les Parties se sont mises d’accord pour clore le LCA ici à Doha. Une conclusion réussie implique que les questions cruciales trouvent des réponses, ou un cadre dans lequel elles pourront être résolues ultérieurement. Dans le texte du LCA publié lundi, il y avait des brèches à combler, sur le fond comme sur la forme.

ECO a été choqué que le texte sur le soutien financier entre 2013 et 2015 soit manquant. Il doit y avoir au moins doublement des financements précoces, et un mandat pour un processus politique permettant d’échelonner le financement afin d’atteindre l’objectif annuel de 100 milliards de dollars en 2020.
Entre autre oublis, ces deux questions sont également absentes du texte sur le financement dans le cadre de la COP. Pas étonnant qu’il n’y ai pas d’appel fort pour le MRV des financements si la question en est à cet état d’avancement !

Au point où en est le texte, ECO s’inquiète de son manque d’ambition et d’intégrité environnementale. Le programme de travail sous les organes subsidiaires pour clarifier les engagements et les actions inspirent peu confiance que le processus conduira à élever le niveau d’ambition en termes d’atténuation, si cruellement nécessaire pour 2020 et après.
De plus, ECO est fatigué de voir le même texte “rigoureux, robuste et transparent” sur la comptabilité commune. À la place, il est grandement temps que les parties se mettent d’accord sur des règles pour donner à ces mots un vrai sens. Une échéance claire pour que les règles comptables soient acceptées aideraient à avoir confiance.
De plus, il y a des questions telles que l’année de départ et le pouvoir de réchauffement global qui peuvent trouver une réponse à Doha. Au bout du compte, juste des italiques concernant l’objectif global et l’année de pic ; vraiment ? ECO se demande si le climat est plus réactif à l’emphase typograhique qu’aux engagements actuels.
Les questions de base, d’une importance suprême pour l’ADP, restent également sans réponse ; à savoir l’accès équitable au développement soutenable et le le ré-examen de l’objectif final de réchauffement. Un processus annuel pour l’équité et un objectif final de réchauffement à long-terme défini de façon plus stricte, dans le cadre d’un organisme solide, permettrait d’assurer que l’ADP reste bien renseigné.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Et bien... nous savons tous que les États-Unis ne veulent pas négocier certaines questions. D’autres mauvais élèves comme le Canada, la Russie, le Japon et la Nouvelle-Zélande ne facilitent pas non plus le processus, malgré le bruit et les petites phrases dans les capitales.
Soyez donc attentif svp : une clôture réussie de l’ACV est vitale si on veut permettre à l’ADP de démarrer son propre travail afin d’élever son niveau d’ambition à court-terme, et pour conclure un nouvel accord global complet pas plus tard qu’en 2015.
ECO demande donc aux parties de s’engager dans le texte de façon constructive, et de travailler pour une issue victorieuse et la conclusion du LCA. Allez, messieurs les négociateurs et les ministres, nous savons que vous pouvez le faire !

Note aux récalcitrants : pourquoi une 2ème période de Kyoto peut vous faire du bien

ECO voudrait rappeler un point important aux Parties qui détiennent de grandes quantités d’unités Kyoto excédentaires :
en insistant comme vous le faites sur des règles d’utilisation laxistes et le refus catégorique de toute suppression de ce surplus fin 2020, vous risquez de vous tirer une balle dans le pied.

Pourquoi les pays les plus pauvres et les vulnérables signeraient-ils à Doha un accord sur une deuxième période d’engagement ne présentant aucune ambition, aucune application provisoire (en attendant la ratification), une durée supérieure à 5 ans, aucun financement ...?
(nous allons nous arrêter ici, mais la liste des conditions non satisfaites est looooongue). Pourquoi ces pays signeraient-ils un accord aussi minable ?

Chers pays, ECO tient à vous indiquer qu’en cas d’échec des négociations à Doha sur le Protocole, votre surplus d’Unités Kyoto disparaîtrait du jour au lendemain. Les conséquences s’en ressentiraient sur le long terme : si Kyoto meurt  en cette fin 2012, il est peu probable qu’un nouvel accord climatique soit atteint en 2015.

La fin de Kyoto en 2012 réduirait donc en poussière vos minces espoirs d’utiliser un jour votre excédent d’unités dans la période post-2020. C’est pourquoi bloquer les négociations sur cette question pourrait très bien se révéler à l’encontre de ce que vous espérez atteindre. Eco croit qu’il reste beaucoup d’autres façons plus constructives d’avancer sur ce sujet.

ECO s’adresse à l’Ukraine :  il est grand temps de finir votre silence modeste ! Que diriez-vous de rejoindre la famille Kyoto, avec un objectif ambitieux et sans vouloir vendre votre surplus ? Une telle action audacieuse pourrait même vous donner un ticket d’entrée dans l’EU-ETS. A la Biélorussie et au Kazakhstan, nous demandons de ne pas prendre de mauvais départ en soutenant le report d’un air chaud qui pourtant appartient à d’autres !

A la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie : pourquoi ne pas travailler, de manière constructive avec vos collègues des pays de l’UE, sur une solution intra-européenne? Que diriez-vous de défendre la proposition d’allouer 20% du futur budget pluriannuel de l’UE (2014-2020) au développement sobre en carbone et à la résilience climatique dans le secteur du bâtiment au sein de l’UE? Ou inclure un mécanisme d’échange en vertu de la Décision européenne sur le partage de leffort, qui comprend un grand Programme d’investissement vert. Échangez vos UQA qui n’ont plus de valeur pour des quotas échangeables de l’UE.
Ceux-ci ont une vraie valeur. En retour, les grands programmes d’investissement vert vous permettraient, ainsi qu’à d’autres pays, de décarboniser vos économies. Ces programmes peuvent fonctionner, comme certains pays d’Europe centrale et orientale nous l’ont montré avec succès.

Enfin, à la Russie :  pourquoi pensez-vous que vous serez en mesure de vendre votre surplus d’Unités Kyoto sans rejoindre la deuxième période du Protocole de Kyoto ?

Et à qui exactement? Le PK est assez clair :
aucun QELRO, aucun montant attribué, pas de report. Et la nature ne pliera pas devant des manipulations comptables.

Des résultats mitigés sur les financements précoces

La finance climat n’est pas affaire de philanthropie ou d’aide volontaire : il s’agit à la fois d’une obligation morale et légale des pays développés et d’un élément essentiel de la réponse à la crise climatique. Le problème est que les engagements concrets sont absents jusqu’ici. ECO a même entendu certains grincheux parmi les Pays développés se plaindre que leurs financements précoces et les efforts de transparence qui y étaient associés n’ont pas été suffisamment mis en valeur.
Même si ECO n’est pas particulièrement sensible à la cause désespérée des pays riches, ECO comprend qu’il soit particulièrement grossier d’aller retirer l’argent des mains des ministres des finances, en particulier dans ces temps économiques difficiles. Les trésoreries nationales pourraient ainsi ne pas tenir leur engagement de résoudre la crise climatique et ne comprennent pas pourquoi il est absolument essentiel d’augmenter massivement le niveau des financements climat et tenir tous les engagements de façon transparente et responsable.
C’est pourquoi ECO profite de l’occasion pour reconnaître le fait que les pays développés ont, en fait, apporté des financements climat dans la période des financements précoces ; les négociateurs climat et ministres participant à ces négociations ont dû travailler dur et longtemps pour concrétiser ces financement lors des montages des budgets nationaux et pour qu’ils soient réellement abondés. Même le Japon, confronté à un tsunami dévastateur et une catastrophe nucléaire, a donné suite à ses engagements, tels qu’ils étaient à la base, représentant près de la moitié des engagements des financements précoces.
ECO reconnaît dans le même temps que les pays développés ont été l’objet de critiques justifiées pour n’avoir pas tenu leur engagement de 30 milliards $ de financements publics nouveaux et additionnels.
En fait, alors désormais que les pays développés assurent avoir contribué au-delà de leurs engagements (à hauteur de 33 milliards de $), des analyses indépendantes montrent que moins d’un tiers de ces fonds sont nouveaux et additionnels. Si ces pays pensent avoir été injustement critiqués, ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. En rejetant toute norme commune pour déterminer quels types de financements doivent être comptabilisés et en excluant un système indépendant de suivi, ils se sont mis eux-mêmes en situation d’échec.
Certains d’entre eux sont en train d’aggraver leur cas en insistant qu’ils n’ont pas besoin de donner des engagements précis ou même de rassurer les pays en développement sur les financements post-2012.
ECO dirait que ce n’est pas forcément la bonne leçon à tirer des financements précoces. Mais c’est une autre histoire…

Le changement dans la continuité


“Nous voulons que nos enfants vivent dans une Amérique qui ne soit pas plombée par la dette, qui ne soit pas affaiblie par l’inégalité, qui ne soit pas menacée par le puissance destructrice d’une planète qui se réchauffe”
Président Barrack Obama, Chicago, le 7 novembre

"Sur le plan international, vous savez, je pense que les Etats-Unis ont eu une position très forte et solide et cohérent depuis le début de l'administration Obama et je m'attends à ce que cela continue."
Ambassadeur américain pour le Climat, Todd Stern, Le 3 décembre

Fossile du Jour

La première place du Fossile du jour est attribué à la Nouvelle Zélande car son Ministre de l’environnement pense que son pays est « en avance » en décidant de ne pas s’engager pour une deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto. ECO sait que c’est bien le contraire… Ce que le ministre ne comprend pas, c’est qu’en refusant de signer le seul traité international juridiquement contraignant, la Nouvelle Zélande se disqualifie pour la définition d’un régime post2020.

Le deuxième Fossile du jour va au Canada pour son « amnésie climat » critique. Aujourd’hui, le Canada a publié un calendrier des 3 dernières années de leur (in)action en matière de climat dans le but de «nettoyer l’air», au sujet de si oui ou non le Canada s’engageait pour plafonner le réchauffement à 2°C.
Et le Rayon du jour nous vient de Monaco, pour son engagement exceptionnel et sans réserve pour une réduction des émissions de 30% d’ici 2020. Le rocher est également sur la bonne voie pour compléter les engagements de la première période, et exhortent les autres pays à faire de même. Monaco donne l’exemple à la COP et engagent les autres à le suivre.

Zéros et héros du Fonds pour l’Adaptation

De plus en plus de pays semblent reconnaître les progrès et réalisations du Fonds pour l’Adaptation ces dernières années. Un état d’avancement a été présenté lors d’un side-event (événement parallèle) vendredi dernier, co-organisé par le Conseil du Fonds pour l’Adaptation.

D’abord, les bonnes nouvelles. Seulement deux ans après le premier appel à propositions, 25 projets concrets ont été approuvés à ce stade et 160 millions de dollars US ont été alloués. Le principe d’accès direct a été approuvé par 14 pays, et beaucoup d’autres ont exprimé leur intérêt.

La mauvaise nouvelle, c’est que la principale source de financement, à savoir une part des recettes des réductions d’émissions certifiées (CER) liées au Mécanisme de Développement Propre, est maintenant totalement asséchée.

A la fin de 2010, on estimait que les revenus seraient de 400 millions de dollars US d’ici fin 2012, mais seuls 180 millions de dollars US ont été atteints dans les faits compte tenu du prix des CER, historiquement bas.

Certains pays développés ont fait des contributions au Fonds pour l’adaptation, à hauteur de 120 millions de dollars US, et c’est une bonne chose. L’Espagne et la Suède ont été les « héros » du Fonds à cet égard, tandis que le Royaume Uni et l’Allemagne ont contribué environ 10 fois moins que ces deux pays, proportionnellement à leurs PIB.

Mais beaucoup d’autres pays développés ont fermé leurs portefeuilles, malgré les bénéfices pour les communautés vulnérables soutenues par les projets du Fonds.

Nous avons encore le temps d’engagements de la part des ministres qui seront présents à Doha ces prochains jours, et qui pourraient suivre l’exemple des individus qui ont, encore une fois, mis la main à la poche pour construire le Fonds pour l’Adaptation.

On a trouvé un gisement de financements climat ! STOP aux subventions aux énergies fossiles !

En traînant dans les halls de la convention du Qatar sur le changement climatique, ce n’est pas difficile d’entendre la frustration des pays les plus pauvres, qui se lamentent du manque de financements climatiques. La seule chose qu’on entend davantage, ce sont les excuses des plus riches qui disent que l’argent est introuvable.
Et bien, ECO a la solution ! Une nouvelle étude d’Oil Change International montre que les pays riches dépensent plus de 5 fois autant d’argent à subventionner le secteur des énergies fossiles, que leurs engagements en matière de finance climatique.
Une simple lecture rapide des chiffres montre des détails choquants. L’Australie, par exemple, a subventionné les énergies fossiles 40 fois plus que ses engagements pour le financement du climat. Les États-Unis ? Leurs engagements pour le climat représentent à peine 20 % de ce qu’ils dépensent à subventionner les entreprises les plus riches du monde. Le pays fossile par excellence, le Canada, dépense presque huit fois autant en subventions à son secteur des énergies fossiles bien-aimé, qu’il ne le fait pour aider les pays les plus vulnérables.
Donc, quand vous entendez qu’il n’y a pas d’argent, vous savez désormais exactement où chercher, cher lecteur d’ECO !
Il est temps d’arrêter de subventionner l’industrie qui alimente la crise climatique, et d’utiliser cet argent pour financer un futur sain ! Et un endroit où commencer pourrait être d’inclure la fin des subventions aux énergies fossiles dans le pré-programme de travail 2020 sur la mitigation...

Ambition pré-2020

ECO pense que les tables rondes ministérielles pour accroitre l’ambition pré 2020 devraient commencer  par expliquer clairement à tous les ministres pourquoi il est urgent et important que tous les pays augmentent leur ambition avec un soutien adéquat au pays en développement. Pourquoi ne pas commencer ces tables rondes par une synthèse des rapports du PNUE sur le fossé carbone, ou bien sur l’étude de la Banque mondiale sur le +4°C ?
Alors, les ministres devront proposer ce qu’ils sont décidés à faire.
Par exemple, que diriez-vous de passer à la frange supérieure des fourchettes d’engagement ? Ou bien, que diriez-vous la suppression des subventions aux énergies fossiles? Et puisque nous y sommes,  en finir progressivement avec les HFC ? Et pendant qu’on y est, il est sans doute temps d’arrêter de construire la moindre centrale charbon supplémentaire.  Aller, mesdames et messieurs les ministres, c’est à votre tour. Vous avez l’embarras du choix. Il suffit de choisir et de le faire! Après tout, nous n’avons plus de temps à perdre ! Et au fait, une autre mesure à ne pas oublier de prendre : convenir d’une date pour les mesures supplémentaires.

dimanche 2 décembre 2012

Les limites de notre planète ne sont pas négociables !

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Les rapports du PNUE et de la Banque mondiale, parus récemment, sont sans équivoque :
la fenêtre d’opportunité pour stabiliser l’augmentation de la température moyenne du globe au-dessous de 2°C et éviter les impacts climatiques les plus dangereux, se referme rapidement. C’est donc l’échéance non négociable que nous impose notre planète. Durban a défini des tâches claires pour Doha, qui doivent être respectés : l’adoption des amendements au Protocole de Kyoto, l’aboutissement du LCA et un accord sur les programmes de travail encadrant d’une part les négociations du Protocole de 2015 et d’autre part, l’augmentation de l’ambition à court terme.
Mesdames et Messieurs les Ministres, retroussez vos manches, car il ya beaucoup à faire cette semaine ! C’est pourquoi ECO a souhaité vous fournir quelques conseils utiles. Si vous les suivez, vous finirez votre travail en temps et en heure !

# 1 - Ne trichez pas
Cela n’est utile ni pour le climat, ni pour le renforcement de la confiance
Les amendements au Protocole de Kyoto doivent être adoptés à Doha, afin de maintenir en vie le seul accord juridiquement contraignant sur le climat et de rationaliser le processus. Cependant, 13.000.000.000 de tonnes de CO2 devraient être abandonnées  à Doha :
c’est le fameux « air chaud » qui découle de la première période d’engagement. Cet air chaud n’aide en rien à sauver le climat et il est grand temps qu’il disparaisse. Le pays hôte de la prochaine COP, la Pologne, doit commencer à faire preuve de leadership et cesser de retarder les efforts de l’UE sur cette question.
Garder Kyoto en vie est crucial pour deux raisons. D’une part, il contient les principaux éléments de l’architecture climatique internationale, qui doivent être reflétés dans le futur Protocole de 2015 : les budgets carbone mondiaux et nationaux, les objectifs climatiques appliqués à toute l’économie, les règles de comptabilité, de conformité communes, et les périodes d’engagement de cinq an. Deuxièmement, il fait partie du paquet de Durban et son adoption permettra à l’ADP d’aller de l’avant l’année prochaine. En attendant son entrée en vigueur, il doit être appliqué à titre provisoire à partir du 1er Janvier 2013.
Les bons éléments du protocole de Kyoto n’ont pas besoin d’être exclusivement « monopolisés » par le Protocole. Nous attendons impatiemment que les pays qui ont quitté le navire Kyoto, et agissent désormais sous le LCA, prouvent qu’ils n’ont pas l’intention d’échapper à leurs responsabilités et acceptent les mêmes normes comptables que leurs amis sous Kyoto et l’établissement de budgets de carbone, plutôt que de simples objectifs pour une année précise

# 2 - Affrontez les problèmes
En 2015, le monde doit conclure un accord ambitieux sur le climat. Il faudra pour cela qu’il répondre à deux questions cruciales : premièrement, que devons-nous faire pour éviter un changement climatique dangereux et, deuxièmement, comment allons-nous atteindre ce but ? A Doha, il est essentiel de se mettre d’accord sur un examen précis de là où nous en sommes par rapport à l’objectif à long terme. Cet examen doit être réalisé par un organe robuste.
En outre, l’équité et l’ambition sont les revers d’une même médaille. Nous devons obtenir à Doha un processus d’une durée d’un an, visant à explorer les questions d’équité. Il se rapporterait à l’ADP lors de la COP19. L’objectif est de permettre à l’ADP d’intégrer à son travail les progrès réalisés sur l’équité.
La question des « pertes et dommages » est également essentielle pour les pays les plus vulnérables, dont les perspectives d’avenir doivent être discutées. Les ministres doivent comprendre les risques très réels du changement climatique dans ces pays.

# 3 - Soyez ambitieux !
Mesdames et Messieurs les Ministres, nous attendons que vous augmentiez votre ambition en matière de réduction des émissions et des financements, ici, à Doha ! L’objectif de 20% de l’Union européenne a déjà été atteint, l’objectif inconditionnel de l’Australie est honteusement faible et les Etats-Unis n’ont jamais ne serait-ce que mentionné un objectif situé dans la fourchette nécessaire. En fait, l’UE devrait écouter le ministre allemand et augmenter son objectif de 30% à Doha !
De même, ECO attend toujours de voir sur la table un chiffre pour les financements climat pour la période après 2012.
Le résultat de Doha ne suffira pas à sauver la planète. Inutile de croire, donc, que votre travail s’achèvera à votre retour dans les capitales. Les pays développés doivent accroître de manière urgente et massive leurs mesures d’atténuation et d’ambition en termes de financements. Doha doit permettre d’adopter place un plan de travail de haut niveau et un plan de travail technique en 2013.
Tous les pays doivent capitaliser sur les initiatives qui permettront d’accroître le niveau d’ambition, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la CCNUCC - des HFC à l’élimination progressive des subventions aux énergies fossiles. ECO attend également avec impatience des annonces de nos hôtes qataris et de leurs voisins du Golfe.
Au cours de l’année 2013, les Parties devront passer du «remue-méninges» conceptuel à des discussions concrètes sur la négociation du Protocole de 2015, conduisant à un texte de compilation pour la COP19.
La réélection du président Obama et le nouveau leadership en Chine a créé le potentiel de changement. Sur cela, nous allons capitaliser à Doha et au-delà.

N ° 4 - Laisser les retardataires derrière !

La planète ne peut attendre que nous nous décidions enfin à agir. Certains pays n’ont pas vraiment l’intention d’agir et d’améliorer le régime climatique. C’est le cas de la Russie, qui ne mettra pas d’objectif chiffré sur la table, mais veut garder son air chaud et ce qu’elle estime pouvoir en tirer sur le marché du carbone, au prix de l’intégrité environnementale. C’est aussi le cas du Canada, qui s’est engagé au titre du Protocole de Kyoto, n’a pas respecté son engagement, et par conséquent se retire pour éviter les conséquences d’un tel retard. La Nouvelle Zélande doit également réitérer son implication dans la lutte contre le changement climatique. Est-ce vraiment pour la protection du climat ou tout simplement un slogan publicitaire ? Tous ces pays courent le risque de se retrouver rapidement en fin de peloton, de devenir inutiles alors que les autres pays seront en train d’élaborer un consensus sur la « nouvelle logique » sous l’ADP.
Mesdames et Messieurs les Ministres, vous devez achever le travail de Doha en supprimant les échappatoires, en affrontant les problèmes, y compris sur l’ambition à court terme et les négociations du Protocole de 2015. Ensuite, à votre retour au pays, agissez !

Désertification : plus de synergies entre les Conventions pour répondre aux besoins des communautés !

 Le changement climatique et la dégradation des terres sont parmi les nouveaux défis qui s’imposent à l’agriculture et à la sécurité alimentaire des populations en zones arides. Dans la situation particulièrement difficile de l’Afrique subsaharienne, on estime que la surface des terres arides et semi-arides sujettes à la désertification devrait croître de 30 % entre 2000 et 2020. Toutefois, c’est la baisse importante de la productivité et la variation des régimes des pluies qui vont aggraver la situation et diminuer les rendements des cultures pluviales, tendance confirmée aussi par le dernier rapport du GIEC.
Face à ce phénomène, des initiatives sont en place dans les pays touchés d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine pour la survie des communautés locales en zones arides, et visent :
- Le développement agricole  et la résolution du problème de la sécurité alimentaire: Pour faire face aux problèmes alimentaires, les pays ont développé des politiques agricoles basées sur l’amélioration de variétés locales (niébé, sorgho, etc.), l’accroissement de la productivité de l’élevage, le maraîchage, la maîtrise de l’irrigation.
- La conservation et la protection des ressources naturelles, à travers le reboisement, la valorisation de plantes médicinales, la gestion communautaire de forêts et la vente des produits de cueillette, etc.
- La gestion des ressources en eau avec le développement des aménagements hydro-agricoles, l’aménagement de retenues d’eau, la mise en place de systèmes d’irrigation goutte-à-goutte, etc.
- La mise en place de systèmes d’information, la promotion de l’éducation environnementale et la sensibilisation des populations aux exigences de leur milieu etc. Le renforcement des capacités des populations locales contribue aussi à une meilleure gestion de l’environnement.
- L’utilisation rationnelle de l’énergie car l’accroissement des besoins en biomasse-énergie dans les pays touchés et la hausse des prix du gaz butane engendrent une forte pression sur les ressources forestières. Les gouvernements sont amenés à favoriser l’utilisation des énergies renouvelables et ou alternatives, entre autres, pour l’éclairage et le pompage de l’eau.
Ces activités menées dans le cadre de la lutte contre la désertification permettent de répondre aux besoins d’adaptation urgents aux impacts du changement climatique, identifiés par les pays les moins avancés (PMA), et de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère en promouvant la gestion durable des terres et des forêts permettant de séquestrer le carbone, en en facilitant l’accès aux énergies renouvelables.
Bien que leurs méthodes et leurs approches soient différentes, les programmes des conventions CCNUCC et UNCCD partagent un objectif commun: celui d’améliorer les conditions de vie des populations vulnérables et pauvres touchées par la désertification et le changement climatique. Pour parvenir plus rapidement à cet objectif et avec les moyens financiers existants, les pays doivent créer des synergies entre ces Conventions. Dans ce contexte, de grands projets régionaux tels que l’initiative de la Grande Muraille Verte du Sahara et du Sahel ne seraient ils pas une opportunité à saisir pour réaliser cette synergie nécessaire  et  répondre  ainsi aux enjeux du changement climatique, de la dégradation des terres et de l’insécurité alimentaire ?

Emmanuel S. Seck, ENDA
Stéphanie Faure, GTD/RéSaD

vendredi 30 novembre 2012

Agroécologie : une solution contre les changements climatiques

Depuis la COP17 à Durban, les négociateurs débattent de l’opportunité d’un programme de travail du SBSTA sur « Agriculture et climat » : le contenu de ce programme est l’objet de toutes les spéculations.
Face à la multitude des solutions mises en avant, et à la diversité des intérêts des acteurs qui les portent, il convient de se poser la question : « Quels modèles agricoles veut-on promouvoir ? ».
L’agriculture industrielle, sur laquelle se concentrent encore les efforts d’investissement, a démontré ses limites pour la gestion de l’environnement ; et c’est un leurre de penser qu’elle pourra jamais répondre à l’enjeu complexe de la sécurité alimentaire des ménages ruraux du Sud.
L’agroécologie, en revanche, constitue une solution d’avenir au triple défi de la sécurité alimentaire, de l’adaptation aux aléas et de la sobriété carbone. Elle vise la mise en place de systèmes productifs valorisant au mieux les ressources locales, avec un recours minimal aux intrants chimique. Les techniques sont orientées vers la préservation et la restauration du milieu – sol, eau et biodiversité. Elles concourent à une meilleure résilience des exploitations familiales aux aléas du climat : les exploitations sont plus diversifiées, moins dépendantes des approvisionnements extérieurs, et le pouvoir tampon du milieu est restauré et utilisé.
L’agroécologie s’inspire des techniques traditionnelles des paysans et des connaissances scientifiques. Ainsi au Burkina Faso, le zaï mécanisé est une amélioration de la pratique manuelle du zaï (creusement de micro-bassins autour du semis) qui permet la rétention d’eau et de fumure autour des racines. A Madagascar, les Systèmes de Riziculture Intensive permettent d’améliorer la productivité et d’économiser les ressources en eau, tout en limitant les émissions de méthane. L’agroforesterie, comme dans les jardins créoles traditionnels en Haïti, permet de valoriser différents étages de production; d’améliorer la productivité et de stocker du carbone.Les travaux de capitalisation d’Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières  ainsi que du Groupe de Travail Désertification  donnent de multiples autres exemples.
Comment accompagner les changements nécessaires ?

Ces approches et pratiques sont mises en œuvre depuis longtemps sur tous les continents dans des contextes très divers, et le plus souvent dans le cadre d’agricultures familiales. Elles sont de plus en plus reconnues dans la sphère publique ; Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, a écrit plusieurs rapports à ce sujet et souligne dans un communiqué de presse de 2010 que « Pour nourrir le monde, l’agroécologie surpasse l’agriculture industrielle à grande échelle » . Pour créer les conditions favorables à une généralisation de ces pratiques, il faut investir dans des politiques publiques engagées, dans l’amélioration et la diffusion des connaissances sur ces systèmes ; et agir pour une amélioration du contexte de production en agriculture familiale : sécurisation de l’accès à l’eau et au foncier, infrastructures, débouchés…

Dans la jungle des intérêts divers orientant les positionnements à la COP, espérons que les négociateurs poseront ce choix clair de promouvoir d’abord une agriculture accessible aux plus pauvres et respectueuse de l’environnement. Les ONG de Coordination SUD présentes à Doha, qui suivront particulièrement le volet « Agriculture » de la négociation, continueront à plaider dans ce sens .

Agronomes et vétérinaires sans frontière (AVSF) et le Centre d’Actions et de Réalisations Internationales (CARI)

Taxons le transport maritime pour financer la lutte contre le changement climatique !

La Banque Mondiale estime les besoins en matière d’adaptation pour l’Afrique subsaharienne à 18 milliards US$ par an. Et la Banque Mondiale estime toujours à la baisse.
Pour faire face à ses besoins croissants d’adaptation et de développement sobre en carbone, l’Afrique a besoin de financements nouveaux, additionnels, prévisibles, publics et suffisants. Toutes les analyses s’accordent pour dire que la lutte contre les changements climatiques dans les pays les plus pauvres, notamment pour financer les programmes non-rentables mais essentiels à l’adaptation des populations, coûtera très cher à la communauté internationale et exigera un effort exceptionnel en matière de finance public.
C’est dans cette logique que s’inscrit l’engagement pris par les pays développés à Copenhague de mobiliser 100 milliards US$ par an d’ici 2020.
Mais quelques années plus tard, les pays développés misent sur la crise financière et économique et le pathos pour échapper à leurs engagements financiers. Oui, les budgets publics sont en difficulté mais la vraie difficulté, c’est la mauvaise foi historique des pays développés en matière d’aide publique pour le développement.
Les financements précoces déboursés pour le climat entre 2010 et 2012 n’ont pas échappé aux exercices classiques de triche comptable, illustrant une énième fois la précarité, l’iniquité et l’imprévisibilité des financements de solidarité.
Dans ce contexte, il est impératif d’identifier de nouvelles sources publiques de financements pour abonder les budgets et les fonds internationaux à hauteur des besoins. Parmi ces sources, la société civile et un certain nombre de rapports internationaux - produits par le FMI et la Banque Mondiale, le philanthrope Bill Gates et tout récemment, les négociateurs de la CCNUCC - ont identifié la taxation du transport maritime et aérien international comme une source prometteuse de financement pour le climat. Pourquoi ? Parce que le transport maritime est un secteur d’activité de plus en plus émetteur de GES. Comment ? En créant un mécanisme de micro-taxation sur les émissions ou la consommation de fioul des bateaux, et en redistribuant les recettes au Fonds Vert et aux pays les plus pauvres pour compenser l’impact économique de la micro-taxe sur leurs consommateurs vulnérables.
La COP18 doit envoyer un signal très ferme à l’Organisation Maritime Internationale soutenant la création d’une taxe qui devra respecter l’équité entre les pays via un mécanisme de compensation, rediriger les recettes vers le Fonds Vert et réduire drastiquement les émissions du secteur. Mais ce signal ne sera suffisamment pas ambitieux et équitable sans le soutien et le leadership du Groupe Afrique !

Maiga Mahamadou FARKA,
Amade Pelcode Mali et
Alix Mazounie

Dr. Norvège & Mr. Norvège

Alors que la Norvège dépense des millions de dollars dans en protection de forêts tropicales et en énergies renouvelables dans les pays en développement, de nouvelles données montrent que la Norvège est loin d’avoir atteint ses objectifs nationaux.

Le pays a été applaudi pour utiliser son impôt sur les recettes du pétrole pour financer REDD + et les projets MDP ainsi que l’APD. Toutefois, cela est en contraste frappant avec les nouveaux chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), montrant que les émissions domestiques ont augmenté de façon spectaculaire.

Bård Vegar Solhjell, ministre norvégien de l’environnement, arrivera à Doha la semaine prochaine pour présenter des objectifs ambitieux dans la lutte contre le changement climatique: une réduction de 20% des émissions nationales de gaz à effet de serre d’ici 2020, un engagement de 500 millions de dollars par an dédié à la protection forêt tropicale des fonds pour la promotion des énergies renouvelables dans les pays en développement ainsi que plusieurs millions de dollars pour l’adaptation.

Toutefois, les données de l’AIE ternissent l’image de super-héros environnemental de la Norvège. Les émissions norvégiennes de CO2 issues de la combustion du carburant ont augmenté de 38% depuis 1990, plus que tous les autres pays de l’OCDE hors Australie.
                       - suite p.2
- Suite de l’article  «Dr. Norvège ....»
Plus inquiétant encore, les projections d’émissions d’ici 2020 montrent que ces chiffres ne cessent d’augmenter.

La raison de cette hausse est que les émissions provenant de l’extraction et de la consommation de pétrole et de gaz ont augmenté de façon spectaculaire. Cependant, dans le même temps, l’industrie onshore a réduit ses émissions de gaz à effet de serre.

Cette évolution va sérieusement écorner la réputation de la Norvège en matière d’environnement.
Si la Norvège ne veut pas être considérée comme un pays schizophrène - qui fait d’ambitieuses déclarations lors des conférences internationales au sujet de leur engagement global mais fait preuve d’une tout autre ambition à la maison, elle devrait bientôt prendre des mesures audacieuses sur la réduction de ses émissions de CO2 domestiques.

Fossile du Jour

La première place revient à la Nouvelle Zélande et aux Etats-Unis pour avoir refusé de pousser les règles de comptabilisation communes ici à Doha. ECO a été choqué par la réaction de la Nouvelle-Zélande au groupe de travail informel 1(b)(i). Ses représentants ont eu le culot de déclarer que les pays ne tomberaient pas d’accord sur les règles de comptabilisation communes à Doha et qu’il serait pragmatique de continuer à discuter. Oh Nouvelle Zélande, si seulement les choses étaient aussi simples en matière de changements climatiques ! Nous sommes tous conscients comme l’ouragan Sandy nous l’a violemment rappelé que les changements climatiques ne se soumettent à aucun gouvernement. Ce qui fait que l’approche pragmatique aboutirait en fait à admettre qu’une tonne est une tonne et que tout ça doit être réduit. Cela fait longtemps que les Etats-Unis n’ont pas changé d’avis sur le sujet et la réunion d’aujourd’hui n’a pas été une surprise. Mais comme l’Afrique du Sud nous l’a gentiment rappelé cela ne suffit plus de faire référence au système comme quelque chose de « rigoureux, solide et transparent », il nous faut vraiment se mettre d’accord sur comment obtenir que les choses se fassent. Il est temps de se mettre au travail !

Le Canada remporte le deuxième fossile du jour. Quand allez-vous laisser souffler les fossiles ? Vous avez échoué à Kyoto, vous vous êtes couvert de ridicule sur la réduction des impacts du climat mais on dirait que cela ne vous suffit pas et que vous voulez en plus toucher le fond en finance. Vous avez gagné le premier fossile il y a deux jours en refusant d’abonder d’avantage le Fonds Vert et nous avons maintenant confirmation que vous vous désolidarisez de ce qui était convenu en ce qui concerne les aides aux NAMAs.
En rompant, comme vous l’avez indiqué hier au SBI, avec l’engagement de donner des informations sur les aides disponibles pour NAMA, vous ne vous contentez pas de rompre une promesse, vous détruisez la confiance.
Cher Canada, il est vrai que cela fait longtemps que nous n’avons plus d’illusions en ce qui vous concerne mais il nous restait l’espoir que même si vous vouliez rien faire pour vos propres émissions, vous tenteriez au moins d’aider ceux qui souffrent de votre pollution galopante.

Quel genre de délégué(e) êtes-vous ?

L’histoire est-elle en train de se répéter, ou y a-t-il vraiment un engagement fort sur l’égalité des genres sur la table ? Lors de la consultation d’hier dans le cadre du SBI agenda 21 (autres sujets), l’UE a introduit une proposition de décision qui promeut l’égalité des genres dans le processus de négociation climat de l’ONU. Le brouillon de la proposition, Promouvoir l’égalité des genres en améliorant la participation des femmes dans les négociations de la CCNUCC et dans la représentation des Parties par des organisations établies conformément à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique ou au Protocole de Kyoto, est en fait une ré-affirmation et un renforcement d’une décision prise il y a déjà plus de dix ans. Lors de la COP7 à Marrakech, les Parties s’étaient accordées pour adopter la Décision 36/CP.7 qui reconnaissait l’importance de l’égalité des genres dans la prise de décision sur le climat, qui poussait les parties à nominer des femmes aux positions élues de la CCNUCC et qui demandait au Secrétariat de donner des informations sur la composition homme/femme des organisations de la CCNUCC comportant des postes élus.

Malgré cette décision, la participation des femmes dans les organisations de la CCNUCC et en tant que déléguées de Parties est globalement restée désespérément basse. Gardant cela en tête, la délégation de l’UE a soumis cette nouvelle décision pour rappeler aux participants de la COP l’importance de l’égalité des genre. Sur de nombreux aspects, l’ancienne proposition est similaire à la première : elle reconnaît l’importance de la participation des femmes comme l’un des aspects d’une politique climatique équitable et efficace, elle demande au Secrétariat de donner des informations sur la participation des femmes dans les conférences et elle fixe un objectif d’équilibre hommes/femmes dans l’ensemble des organisations de la CCNUCC.

Quel est donc l’objectif de cette décision, à part celui de rappeler à la session plénière ce qu’elle sait (normalement) déjà ? Premièrement, il est important de noter que lorsque cette décision a été présentée aux Parties, elle été introduite sous
« tout autre sujet ». Ceci veut dire que l’on n’accordait pas de place spécifique aux besoins et préoccupations de la moitié de la population du globe dans l’agenda central de la COP.

L’adoption de cette décision placerait la question genre & changements climatiques à l’ordre du jour de la COP, alors que la question des intérêts des femmes est plutôt considérée comme auxiliaire aux objectifs de la CCNUCC. Deuxièmement, la décision requiert du secrétariat d’organiser un atelier dédié, à la COP 19, pour faire émerger des politiques et des stratégies aptes à promouvoir l’égalité des genres dans le processus d’élaboration des décisions. Enfin, les parties et les organisations observatrices devront  soumette d’ici le 31 septembre 2013, leurs propositions pour atteindre cet objectif.
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- Suite de l’article  «Quel genre de ....»
Les parties (notamment le Bangladesh, le Ghana, l’Islande, l’Inde, le Malawi, le Mexique, le Népal, le Pakistan, les Emirats Arabes Unis, et les Etats-Unis) ont exprimé leur soutien ainsi que des modifications du texte dans le cadre de la consultation à participation ouverte co-pilotée par
Kuni Shimada (Japon) et l’ambassadeur M. Diseko (Afrique du Sud) . La commission sur les genres proposait de remplacer le mot « par » par le terme « et » dans la version du titre de la décision. Un amendement qui semble à première vue anodin mais qui en réalité, reconnaitra un droit procédural aux femmes de participer de façon égale, tout en permettant que le respect de l’égalité des genres dans les résultats des décisions de la CCNUCC soit reconnu comme un objectif à part entière.  La commission sur les genres a également proposé de renforcer le paragraphe qui exige l’organisation un atelier en session, en effaçant les éléments du paragraphe qui conditionnait la tenue de cet atelier à la «disponibilité des ressources.»

La décision de Marrakech avait émergé alors que le débat sur les questions des femmes et des genres étaient focalisées sur l’absence quasi totale des femmes dans le processus. La nouvelle décision va donc compenser ce fossé. Nous avons effectué des progrès considérables depuis pour que l’égalité des genres soit reconnue, au-delà même de la question de leur participation au processus d’élaboration des décisions. Les résultats des seizième et dix-septième COP intégraient des éléments sur différentes problématiques propres aux moyens d’existences des hommes et des femmes . La décision de remplacer le mot «par» par le mot «et» qui en passe d’être adoptée résoudrait alors les lacunes actuelles sur les droits procéduraux des femmes. Mais elle ouvre également la voie à des discussions sur les moyens de promouvoir l’égalité des genres dans les résultats, telle que l’ont ébauché les COP 16 et 17.

C’est très clair : il n’y a pas assez d’ambition

ECO se demande si les Parties ont besoin de lunettes ? LE PNUE et la Banque mondiale, parmi d’autres ont estimé que bien qu’il y ait toujours une chance de maintenir la hausse des température à 2°C, nous ne sommes toujours sur les bases d’empêcher un dangereux changement climatique.

Alors où en sommes nous à ce sujet et  se mettre d’accord sur la marche à suivre en terme d’atténuation ? Et bien, le groupe de l’Ombrelle semble nous dire qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter puisque qu’ils font des progrès : ils ont une proposition de nouvelle procédure !
Oui, le groupe de l’Ombrelle propose de clarifier les engagements sous le 1(b)(i) et ont suggéré un programme sur deux an pour le faire.

ECO aimerait clarifier un ou deux points de cette proposition. Vous dites que vous avez besoin de temps pour parler ? Et qu’il n’y aura aucun accord sur des règles de comptabilisation commune ici ?
A coup sûr, un peu de comptabilisation commune sous le 1(b)(i) permettrait d’y voir plus clair pour comparer les efforts. Il suffit de définir le budget carbone pour 2020. Si vous pensez qu’il n’y a pas besoin de comparer des pommes et des oranges, vous pourriez peut-être  vous contenter de les compter ?

Et un petit conseil - nous avons un moyen éprouvé pour comparer les engagements - vous savez, sous le Protocole de Kyoto... Et là, ça permettrait à chacun de savoir de quoi il retourne précisément.  Si le groupe de l’Ombrelle signait, ça réglerait la question de l’éligibilité.

 Voilà qui serait aider chacun à comprendre de quoi il s’agit. Et si le Groupe Parapluie signé alors ce serait trier la question de l’admissibilité trop.

A ce stade, quelques lignes d’une chanson me reviennent en tête : a little less conversation, a little more action please.

C’est ce que nous devrions tous chanter