dimanche 27 novembre 2011

La mission de Durban

Alors que nous nous préparons tous à entamer cette 17ème COP et que nous profitons de la ville de Durban, ECO vient interrompre notre programme : les efforts mondiaux pour limiter les changements climatiques ne peuvent plus attendre. Durban doit accoucher d’un ensemble d’accords qui consolide l’existant et qui trace clairement la voie pour la suite, en tenant compte de l’urgence et de l’ambition nécessaires. Les éléments clés des accords de Durban doivent inclure :

Forme légale. Pour les parties qui n’ont pas encore saisi le besoin urgent de sécuriser le futur du Protocole de Kyoto via un accord sur une 2ème période d’engagement de 5 ans – mais dans quel endroit reculé étiez-vous donc caché ces dernières années pour ne pas intégrer cette nécessité ?
Deuxièmement, Durban doit déboucher sur un mandat fort pour permettre l’adoption, au plus tard en 2015, d’un accord global, juste, ambitieux et juridiquement contraignant, afin qu’il puisse entrer en vigueur au 1er janvier 2018. Le troisième pilier consiste en construire l’architecture pour assurer la comparabilité pour les pays hors Protocole de Kyoto de l’Annexe I (oui, oui, les États-Unis, c’est bien vous), en tenant compte de la comptabilité commune et des stratégies de développement bas carbone.

Finance. Les parties doivent approuver les recommandations du Comité transitoire et adopter l’instrument de gouvernance du Fonds Vert. Mais un fonds vide est à peu près aussi utile qu’une enveloppe vide. Les parties doivent donc s’assurer que le Fonds est suffisamment abondé, et ce aussi tôt que possible. Ceci comprend une graduation des financements vers l’objectif de 100 Milliards de Dollars par an d’ici 2020 pour financer les pays en développement, ainsi que l’adoption d’un programme de travail pour étudier les financements publics innovants. Les “fruits prêts-à-ceuillir” sont les soutes maritimes et aériennes. Les parties doivent donner une direction claire à l’Organisation Maritime Internationale et à l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale pour que ces dernières puissent créer une taxe sur le transport maritime et aérien international afin de lever des fonds et de réduire les émissions générées par le transport, et ce sans incidence économique sur les pays en développement.

Atténuation. Il n’a pas échappé à l’attention de ECO que, malgré les promesses de Cancún, les gouvernements ont réussi avec succès à éviter de relever leur niveau d’ambition. ECO veut croire que c’est parce que les délégués ont préparé un programme de travail d’un an pour combler le fossé entre les niveaux d’engagements actuels et les objectifs nécessaires de réduction pour ne pas dépasser 2°C d’augmentation de température (sans même parler du 1,5°C). Nous attendons avec impatience que ce programme de travail soit adopté à Durban. ECO pense également que, pour combler ce fossé grandissant, les pays doivent rehausser leurs niveaux d’ambition, beaucoup trop bas actuellement, et éliminer tous les échappatoires, en particulier en ce qui concerne les règles d’utilisation des terres, changement d’affection des terres et foresterie, l’air chaud et le double comptage.

Utilisation, changement d’utilisation des terres et foresterie (LULUCF en anglais). Coté LULUCF, les pays de l’Annexe 1 ont joué cartes sur table, proposant de cacher les émissions liées à l’exploitation des forêts et de ne pas prendre en compte une large part des émissions liées a l’affectation des sols. Cela vient saper les objectifs et l’intégrité du Protocole de Kyoto. Pour les pays, y compris les pays en développement, qui souhaitent sérieusement sécuriser des règles d’intégrité environnementale, Durban est la dernière chance pour rejeter les pires options et exige des règles solides.

Adaptation. L’adaptation aux impacts désastreux du réchauffement global est une question de survie pour les pays les plus vulnérable. 
Pour cette COP africaine, les négociateurs doivent avoir à l’esprit les conséquences dramatiques de l’absence de lutte contre le changement climatique sur le futur du continent africain.  L’Afrique du Sud en particulier doit faire face à sécheresses et des modifications de ses précipitations. Les impacts du changement climatique se manifestent d’ores et déjà aujourd’hui et s’accentueront au gré du manque d’ambition pour réduire les émissions. Renforcer l’adaptation est indispensable pour protéger la vie des populations notamment des plus pauvres et améliorer la résilience de leurs moyens d’existence. Sur ce sujet, les négociateurs ont un agenda chargé : rendre opérationnel le Comité pour l’adaptation, consolider le programme de travail sur les pertes et dommages, préparer les lignes directrices et les modalités pour les plans nationaux d’adaptation, et la prochaine phase du programme de travail de Nairobi, parmi d’autres choses. ECO reste vigilant quant à la tentation de certaines Parties de prendre en otage les progrès obtenus en matière d’adaptation. Il n’existe aucune raison pour entraver les avancées sur des enjeux cruciaux pour les pays les plus vulnérables, qui sont déjà dos au mur et les pieds dans l’eau.

MRV. Sur MRV, ECO attend des principes directeurs sur les rapports biannuels, IAR, ICA, la comptabilisation (MRV) des engagements des pays de l’Annexe 1, suivi et communication sur les sauvegardes de REDD+ et un format de reporting commun pour les financements climat. Etant donné que la clé du MRV est la transparence, ECO ne comprend pas que le draft ne garantisse pas un accès à l’information et à la participation publique dans les processus de l’IAR et ICA, et rappelle que l’implication des parties prenantes est un élément du succès pour un accord à Durban.

Mécanismes de marché : Voilà un point que les parties doivent régler : réformer rigoureusement les MDP en créant un cadre pour de nouveaux mécanisme qui permette de réduire radicalement les émissions et qui soit basé sur des principes qui garantissent un développement soutenable et la protection des droits humains. Ce cadre doit aussi éviter les échappatoires qui affaiblissent les objectifs tels que les surplus d’air chaud et les crédits carbone non additionnels. Ceci doit s’accompagner de garanties que tout mécanisme de marché va de pair avec des engagements de réductions d’émissions ambitieux et contraignants.

Technologie. Un accord sur la technologie est essentiel à Durban. Cette COP doit s’assurer que les critères de sélection du pays accueill du Climate Technology Centre and Network (CTCN) sont résolus et que les appels à projets sont lancés. Par ailleurs, la question du reporting du Comité Exécutif des technologies et du CTCN doit être abordée. Il faut un mécanisme redevable et transparent. Les engagements sur les technologies de doivent pas être victimes du manque de volonté politique.

Vision partagée. Atteindre le pic des émissions globales d’ici 2015 et adopter un objectif de réduction à long terme (-80% d’ici 2050) sont des enjeux de survie. ECO propose deux principes clés : le droit à la survie (qui devra déterminer le niveau d’ambition); et le droit au développement durable. Durban doit entériner ces objectifs en gardant à l’esprit que chaque pays doit faire sa part. D’ailleurs, nous avons besoin d’un plan pour une véritable discussion sur le  partage équitable de ces efforts après Durban.

Révision des engagements. ECO sera franchement déçu si Durban ne produit pas de solides termes de référence pour la révision des objectifs globaux de long terme et un processus pour y parvenir. Un groupe d’experts doit être constitué pour conduire cette révision et recommander une action appropriée à adopter en COP 21.


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