mardi 6 décembre 2011

Air chaud : l’emprunt toxique

Juste à temps pour les Ministres, voici le graphe des échappatoires. En l’état, les échappatoires peuvent dépasser tous les engagements de l’Annexe1.
Prenons d’abord le surplus de quotas (air chaud). Selon le PNUD, le surplus de la 1ère période Kyoto va de 9 à 13 Gt CO2. Par rapport aux 18 Gt de promesses mises sur la table par l’Annexe 1, le fossé est gigantesque. Les deux pays les plus “riches” en air chaud sont la Russie et l’Ukraine. Contre leur ratification, ils ont été autorisés à conserver les émissions au niveau de 1990, alors même que celles-ci étaient déjà très inférieures à l’époque où les objectifs de Kyoto étaient négociés. Nous savions déjà à l’époque que ce maquignonnage allait créer un énorme paquet d’air chaud. Mais au lieu de vider l’abcès en mettant un prix (par exemple des échanges de technologie ou des financements de projets), tout le monde dans l’Annexe a continué comme si de rien n’était. Il était moins cher à l’époque de creuser des découverts sur l’atmosphère. L’air chaud revient maintenant nous hanter comme l’échéance d’un énorme emprunt toxique.  Résultat :  l’Ukraine et la Russie ont fait des propositions pour 2020 qui sont au dessus des projections de laisser-faire pour ces pays. Une étude suggère que ces objectifs faibles pourraient ajouter une nouvelle bulle gigantesque de 4 Gt d’air chaud d’ici à 2020.
Le principal argument contre des règles strictes sur l’air chaud, c’est que cela inhiberait le « zèle » des pays. Dit autrement, les pays n’iront pas au-delà de leurs engagements s’ils ne peuvent conserver leurs surplus ou si ceux-ci font l’objet d’un fort rabais. Ce principe d’épargne en banque peut en effet peut inciter à des actions précoces, mais cet argument ne vaut que pour des pays qui s’engagent très en dessous de leurs émissions tendancielles. Côté Nouvelle-Zélande, supprimer l’échappatoire sur les quantités attribuées l’empêcherait de dépasser ses objectifs. Pourtant, l’index Climate Tracker estime que l’engagement de 2020 est ‘inadéquat’, soit la note la pire qu’un pays puisse recevoir. Vendredi dernier, la Nouvelle-Zélande a reçu un Fossile pour ses efforts pour diluer l’intégrité des mécanismes de marché. Tout ceci ne fait pas très « zélé » selon nous.
Quant aux autres pays de l’Annexe 1, ne nous réjouissez pas trop vite. Seuls cinq pays n’ont pas reçu le douteux qualificatif de « inadéquat » par Climate Tracker. Rappelons le aux délégués : votre pays peut user de truquages politiques et juridiques. Mais la nature ne se laisse pas faire par les artifices comptables :
c’est avec l’avenir de vos propres enfants que vous jouez ici.

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