lundi 29 novembre 2010

Avancer les premiers pions

Cancún devra délivrer un paquet substantiel de décisions fournissant un cadre clair pour la lutte climatique. Ce paquet sera une étape vers un accord juridiquement contraignant et sera une incitation positive mais ferme pour que les pays fassent mieux que leurs engagements et promesses insatisfaisants et inadéquats. Le ‘Cancún package’ doit faire progresser la voie du Protocole de Kyoto ainsi que la voie du LCA, garantir un accord pour chaque pilier du Plan d’Action de Bali (l’atténuation/MRV, finance, adaptation, REDD, la technologie, la forme juridique, la révision scientifique) et établir une feuille de route pour l’Afrique du sud et au-delà.
Ceci implique que tous les pays doivent y mettre du leur pour que Cancún soit un succès. ECO a déjà identifié les premiers pions à déplacer par les pays-clés pour que la partie à Cancún commence bien et fournisse les pièces du traité ambitieux et global dont l’humanité a besoin.
ECO soutient l’objectif américain d’accroître la transparence sur les actions d’atténuation des pays en développement mais cet objectif doit s’inscrire dans un cadre plus large qui comprend une plus grande transparence sur les actions (en matière de financement et d’atténuation) des pays développés. Et donc, au lieu de mettre la pression aux autres, les Etats-Unis devraient plutôt faire preuve de transparence accrue sur leurs propres actions. L’exemple du texte de décision proposé par l’UE appelle les pays Annexe 1 à fournir plus d’information dans leurs communications nationales. Il démontre très clairement que plus de transparence pour l’ensemble des pays, Etats-Unis compris,  facilitera l’adoption d’un paquet équilibré de décisions ici à Cancún. Arrêtons de tergiverser!
ECO attend que l’Union Européenne s’exprime plus clairement en faveur d’une 2ème période d’engagement sous le Protocole de Kyoto, pour poser les bases d’un dialogue constructif entre pays en développement et pays développés et poser les bases aussi d’un accord juridiquement contraignant dans les deux voies de négociation. Le soutien européen au Protocole serait d’autant plus fort si l’UE améliorait sa position sur les surplus de quotas d’émissions et sur les règles LULUCF. Et, ces deux avancées dans la voie du Protocole seraient encore plus stratégiques si l’UE se montrait leader sur la création du fonds climat sous la CCNUCC.
La Chine devra jouer un rôle plus progressiste et actif dans les négociations internationales au lieu de simplement réagir aux provocations des uns et des autres. C’est important si la Chine veut profiter de son élan national en faveur d’un développement propre et sobre en carbone. A Cancún, la Chine a intérêt à présenter sa vision sur la forme que devrait prendre la consultation et l’analyse internationales (ICA). Elle pourra aussi pousser les US à prendre de réels engagements de MRV, au même titre que les autres pays développés.
Le Japon doit se montrer plus flexible à propos de la deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto. Un rejet aussi brutal n’est pas constructif et pourrait polluer les deux semaines de négociations. Kyoto a été le résultat de négociations très dures, pas seulement sur les objectifs quantifiés individuels, mais aussi sur l’objectif agrégé préconisé par la science.  
ECO espère que le Japon se rappelle encore les nuits blanches à Kyoto et qu’il sait qu’il y a de quoi être fier du Protocole, même si ce dernier est imparfait. En faisant preuve d’ouverture vis-à-vis du Protocole, le Japon enverra un signal positif à la vaste majorité de pays qui veulent sauver et renforcer l’architecture de Kyoto.
L’Inde quand à elle doit agir en tant que médiateur pour aider à trouver une solution concernant le ICA (International Consultation and Analysis = Consultation et analyse internationale) en concrétisant sa proposition. Ce mécanisme devra ainsi explicitement servir à créer un système de gouvernance multilatérale au sein de l’CCNUCC  à même d’assurer la transparence et la redevabilité. Par ailleurs, l’Inde doit jouer une rôle constructif vis à vis des sources publiques de financements innovants  pour le future fonds mondial pour le climat.
Le Brésil pourrait se révéler le champion dans le processus de création d’un fonds équitable à Cancún, abondé par des sources publiques de financements innovants qui serviraient à financer de manière équilibrée les efforts d’adaptation et d’atténuation.
Le Brésil doit aussi s’affirmer en tant que pays moteur dans la lutte pour des règles de comptabilisation transparentes du mécanisme LULUCF afin d’aider à palier le “Gigationne Gap” qui existe aujourd’hui entre les engagements sur la table et ce qui est recommandé par la science.
Il est temps pour le Mexique d’être davantage créatif dans ses efforts, plus que bienvenus, pour créer la confiance au sein de la COP16 et envers la Présidence. Le Mexique est par ailleurs en position de force, au regard de ses propositions, pour inciter les Parties à résoudre les problèmes pouvant conduire la négociation dans l’impasse. Il s’agit notamment de la forme légale de l’accord, du plan de route concernant les challenges de l’après-Cancún, du Gigatonne Gap, de la révision des objectifs sur la base des derniers éléments scientifiques, etc.
La Russie possède un surplus d’UQA de 6 gigatonnes de CO2 ce qui crée une incertitude extrême pour la négociation, les marches carbone et l’intégrité environnementale du Protocole de Kyoto. Il est donc grand temps que la Russie se positionne clairement et renonce à vendre ces surplus d’UQA issues de la première période d’engagement. Ce type de positionnement assurerait sans aucun doute que des progrès substantiels soient réalisés ici à Cancún concernant la question de « l’air chaud » et contribuerait fortement à réduire le gigatonne gap.
ECO espère du fond du coeur que cette liste de pions à avancer, certes importante mais tout à fait réalisable, permettra de clarifier les choses pour que tout le monde soit gagnant d’ici à la fin de la Conférence.  Au travail messieurs les négociateurs!

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