lundi 29 novembre 2010

Un Fonds Climat pour ne pas toucher le fond

Avant et depuis Copenhague, la finance climat est montée de plus en plus haut dans les sujets cruciaux de la négociation. Elle sera à Cancún LE sujet important et difficile politiquement.
Alors que débute la COP16, des signes inquiétants montrent que les négociateurs se déconcentrent et passent en mode somnambule vers un résultat faible, loin d’arranger les faiblesses béantes des institutions actuelles existantes. Bien sûr, il y aussi de bonnes nouvelles. Durant l’année 2010, les discussions sur un nouveau fonds climat global ont été productives. Les propositions et options sur la table des négociations de Cancún permettraient de l’établir ici et maintenant, en se laissant le temps d’arranger les détails pour la COP17. Mais la décision sur le fonds et sur les autres points financiers liés est loin d’être acquise. Beaucoup des ‘zones de convergence’ de la discussion en cours pourraient ne pas produire ce fonds juste, légitime, dont le monde a besoin. Par exemple, beaucoup de Parties semblent prêtes à accepter une représentation égale entre Annexe I et non-Annexe I au Conseil du Fonds. Vu qu’il y a environ trois fois plus de pays en développement, cela veut dire que chacun de ces pays aura un tiers de voix dans la gouvernance du Fonds. Cette notion de « représentation égale » est donc un pas en arrière vis-à-vis du précédent créé par le Fonds d’Adaptation, qui ajoute deux sièges pour chacun des groupes régionaux de l’ONU plus un pour les PMA et les états-insulaires. On voit mal comment, au final, cela pourrait être un arrangement très différent du FEM.
Est-ce cela la garantie d’un équilibre des intérêts dont ont besoin les membres de la Convention ?     

Ensuite, aucune proposition de texte jusqu’à maintenant ne garantit un équilibre entre les financements de l’adaptation et de l’atténuation, un principe que la plupart des pays accepteraient, même s’il n’a pas été mis en œuvre jusqu’à présent. Globalement, l’adaptation reçoit actuellement à peine 10% des fonds dédiés au climat. A moins que les parties acceptent un compartiment dédié à l’adaptation dans le nouveau fonds, qui recevrait au moins 50% des sommes, on peut parier que les tendances actuelles continueront. Est-cela l’équilibre ?
Troisièmement, les propositions nous assurant que les communautés les plus vulnérables, en particulier les femmes en zones rurales, qui vont bénéficier du fonds, ne seront pas difficile à améliorer, puisqu’il n’y en a pas. Mais ce serait pourtant facile en quelques lignes dans le texte, et on imagine mal quel pays pourrait s’y opposer. Qui s’opposerait à une garantie que l’équité entre genres reçoit une attention particulière dans l’aide à l’adaptation ?
Au final, chacun ici sait que refaire un fonds presque vide ne servira à rien. Diverses options pour des financements innovants et prévisibles – comme une redevance sur les soutes maritimes et l’aviation dans le cadre d’un plan de réduction des émissions – ont été présentés par le groupe de conseillers de haut niveau sur la finance du Secrétaire Général de l’ONU il y a moins d’un mois.
En fait, on voit clairement du rapport AGF que lever 100 milliards de dollars ou plus d’argent public est possible. Mais il faut que les Parties travaillent de concert pour dessiner les options de mise en pratique de ces propositions. Sinon la décision sur le nouveau Fonds sera vaine. Est-ce cela que les Parties avaient en tête à Bali quand elles se sont mises d’accord pour « améliorer l’accès à des ressources financières adéquates, prévisibles et durables » ?
Les décisions prises ici à Cancún ne constitueront sans doute pas être « l’accord ambitieux, équitable et légalement contraignant » qui se fait attendre. Mais elles auront de profondes influences sur l’architecture institutionnelle du futur régime climatique.
Un fonds climat équitable est certainement à notre portée, et ECO appelle toutes les parties à se mobiliser pour l’obtenir.

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