dimanche 25 novembre 2012

Sur la route de l’ambition

L’équité est-elle sur le parcours de l’ambition ? ECO clame qu’elle ferait bien de l’être.  Sans cela, rien ne marchera ou ne marchera assez bien.  Sans équité, c’est toute l’histoire de la transition bas carbone et résiliente qui serait trop faible, trop tardive. Et comme les scientifiques semblent vouloir nous dire – voir le récent rapport Turn Down the Heat de la Banque Mondiale -  il semble que l’histoire finisse assez mal.

Comme dirait La Palisse : l’équité sera sur le parcours de l’ambition ou bien ce sera l’inéquité, dressée devant nous comme un mur infranchissable. Nous voyons bien comment cela se passe. Les Etats-Unis - tout en assurant qu’ils en ont fini avec les politiques stériles issues d’une opposition obsolètes Nord / Sud - ont réussi à siphonner la responsabilité commune mais différenciée (RCMD)  (et RC) de tous les textes officiels.

Mais quels sont les effets ? Pour l’écrasante majorité des Parties, l’absence de l’équité confirme l’évidence. Le texte de la Convention s’applique. Les États-Unis ont-ils noté que les actions provoquent des réactions ?
Le chef de la délégation américaine a rejeté les Annexes, les considerant “anachroniques” et a appelé à « la différenciation d’un continuum, chaque pays devrait agir vigoureusement en fonction de sa situation en constante évolution, des capacités et des responsabilités». C’est une bonne idée, mais malheureusement il souffre de son association aux agressifs efforts des Etats-Unis à détruire Protocole de Kyoto. En arrivant à Doha, ECO peut se demander si cette regrettable situation est sur le point de changer. Avec la réélection du président Obama, il y a une chance pour réinitialiser la stratégie internationale de Washington, la tactique et le personnel. Il n’y aura pas beaucoup plus de chances avant 2015. 

En même temps, la question est entendue. Le régime ambitieux, mondial et fondé sur des principes dont nous avons besoin ne peut venir que par le biais d’une application créative des principes de la Convention, la responsabilité commune mais différenciée selon les capacités respectives étant le premier d’entre eux. Alors oui, M. Stern, nous avons besoin d’une approche dynamique, une approche qui prenne pleinement en compte l’évolution des réalités de ce monde déjanté et dangereux. C’est-à-dire que nous n’allons pas réussir sans une vision du dynamisme qui puisse être considérée comme entièrement juste, tant du point de vue de la procédure que de l’équité.


Où en sommes-nous ? Dans une situation désespérée dans laquelle tous les pays riches doivent rapidement remplir leur contrat pour combler le fossé des émissions. Heureusement, cet objectif peut être accepté politiquement et juridiquement dans les limites des accords et traités existants, mais uniquement si les Parties négocient de bonne foi. En particulier, les engagements existants - pour atténuer et soutenir l’atténuation et l’adaptation des autres - doivent être remplis. A plus long terme, un nouvel accord sera nécessaire, un accord plus difficile que nous n’allons pas réaliser sans un engagement clair et politique de faire de
« l’accès équitable au développement durable »
quelque chose de réel et de concret. Ceci, à son tour, nécessitera une négociation solide sur des approches créatives et fondées sur des principes pour partager les coûts et opportunités mondiales à long terme de l’atténuation et de l’adaptation.

Il est encore temps de lancer la plateforme de Durban avec des  ambitions élevées et une vision coopérative. Mais, franchement, il ne reste plus beaucoup de temps. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est du courage et un réel sens de l’état. L’administration Obama, pour sa part, doit commencer à négocier un régime qui soit suffisamment juste pour pouvoir fonctionner dans les faits. Et les négociateurs du G77, eux aussi, doivent faire mieux. Lorsque les ministres des pays BASIC ont appelé dans leur déclaration de septembre à « un effort international accru pour une mis en œuvre à partir de 2020, sous la CCNUCC, qui respecterait les principes d’équité et de responsabilités communes mais différenciées ainsi que la différenciation entre l’annexe 1 et non-annexe 1 », ils ne montraient pas vraiment une grande ouverture à de nouvelles approches de la RCMD/CR. Compte tenu de la situation actuelle, leur réticence est compréhensible, mais il ne suggère pas le genre de leadership dont nous allons avoir besoin dans les années à venir. Peut-être qu’après Doha, un tel leadership sera enfin à l’ordre du jour.

Des négociations difficiles nous attendent. Comment les organiser au mieux ?
L’équité est un sujet est suffisamment important pour avoir sa propre voie de négociations. Mais si cela n’est pas possible, nous sommes convaincu que les voies de la vision partagée ou de l’ambition, ou les deux, lui permettront, se ferait un plaisir de lui faire une place sur le théâtre des négociations. D’une façon ou d’une autre, le débat se tiendra et personne ne serait assez stupide pour en minimiser l’importance.
Voici quelques conseils gratuits : parlons des principes d’abord et après s’être mis d’accord sur les fondamentaux (par exemple : les points indispensables sont l’ambition, la capacité, la responsabilité et les droits des pauvres au développement durable), nous serons en mesure d’aller de l’avant sur la question de l’équité: partir des principes pour aboutir à des accords cohérents et réciproques.

La situation ne sera pas simple à résoudre. Mais il n’y aura pas de vrai confiance ou de mouvement en avant tant que la problématique de l’équité n’aura pas été reconnue et respectée comme un élément fondamental de cette négociation. Et - a-t-on encore besoin de le dire - tant que des progrès conséquents ne seront pas obtenus sur le terrain du financement également car c’est là seulement que pourront se matérialiser les beaux discours et les belles propositions. La bonne nouvelle c’est que dans tous les cas, c’est une décision qu’il n’appartient qu’à nous de prendre.

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