jeudi 8 décembre 2011

Cela parait toujours impossible jusqu’à ce que ce soit fait

Ministres et Délégués,
Les jeunes qui arpentaient les couloirs de l’ICC hier étaient à la recherche de leur avenir. L’avenir d’un système basé sur des règles, juste et multilatéral. Cet avenir peut commencer aujourd’hui.
Il semble que l’on soit en train de basculer du côté de la coalition de l’ambition. Les voix des pays progressifs se sont élevées. Les appels de l’AOSIS et des PMA sur le fait que 2020 serait beaucoup trop tard sont maintenant entendus.
La feuille de route de Bali devait nous mener à un accord équitable, ambitieux et contraignant, mais nous nous sommes perdus en route. Une « nouvelle feuille de route » risquerait de répéter cette histoire. Avec la science dont nous disposons aujourd’hui, ce serait désastreux. Parties, vous devez quitter Durban avec un mandat pour des négociations sur un instrument légalement contraignant qui s’achève en 2015.
Les positions progressives du Groupe Afrique ont eu un impact. L’alignement croissant de l’UE avec les pays vulnérables s’est fait évident dans l’appel commun à l’action d’hier. Des signaux montrent que les BASIC engagent des discussions sur la forme et la durée. Et les US sont de plus en plus isolés avec leur feuille de route vers nulle part.
Nous filons actuellement vers 3,5°C – ce qui veut dire 5°C ou plus pour l’Afrique. Ministres et délégués, vous devez nous sortir de cette trajectoire qui condamne nos frères et sœurs Africains à plus de sécheresses, plus de famines, plus de problèmes de santé et une instabilité croissance.
Alors que les événements climatiques extrêmes des derniers mois, partout dans le monde, l’ont bien montré, l’Afrique ne sera pas la seule à souffrir. Les coûts d’une action immédiate sont bien moindres que les coûts pour l’économie, l’intégrité environnementale et la souffrance humaine si vous refuser d’agir.
Ministres, il vous revient de répondre à la demande de la société civile mondiale pour une action efficace maintenant dans vos délibérations finales à huit clos. Et ne permettez ni aux US ni à d’autres de faire blocage.
Durban ne peut pas accoucher d’un nouveau compromis qui échoue sur l’ambition, les financements et le cadre légal ambitieux et équitable dont nous avons besoin pour rester le plus loin possible des 2°C.
La coalition de l’ambition peut gagner et garantir que Durban produise non seulement une feuille de route mais aussi une deuxième période d’engagement au Protocole de Kyoto intégre environnementalement – sans réduction des objectifs par les échappatoires.
Il est également essentiel de lancer un programme de travail d’un an sur l’atténuation, qui comprenne une « intersession de l’ambition » et un segment ministériel dédié pour s’accorder sur des objectifs de plus de 40% d’ici 2020 et des NAMAs ambitieux l’année prochaine.
Il est évident que la COP Africaine doit déboucher sur un résultat positif sur les financements : adoption d’un instrument de gouvernance du Fonds Vert, promesse de contributions initiales pour le Fonds, identification des soutes comme source de financement prometteuse, et un programme de travail sur les financements de long terme spécifiant qu’il faut continuer à travailler sur les soutes et la taxe sur les transactions financières dans les pays développés.
Aujourd’hui, les mots du grand Nelson Mandela résonnent : « Cela parait toujours impossible jusqu’à ce que ce soit fait Ministres et Délégués ». La bonne nouvelle, c’est que cela ne semble plus impossible, mais qu’il reste encore beaucoup de travail à faire ici à Durban. Et maintenant, c’est à vous de décider.

Merci à toi Afrique du Sud

ECO souhaiterait féliciter l’Afrique du Sud pour son organisation de haut niveau pour cette COP 17. 
Ici à Durban nous avons eu droit à une centre de conférence ben situé, à des coûts de transport et une empreinte carbone réduits et des transports efficaces et sans embouteillages.
Les personnes qui travaillaient sur place et le secretariat ont été efficients et aimables durant cette rencontre.
De nombreuses salles étaient disponibles pour les réunions, de nombreux ordinateurs également et assez d’espaces extérieurs pour se ressourcer après les sessions de travail qui duraient trop longtemps. La musique africaine à la réception d’ouverture a élevé nos esprits.
Il y avait quelques lourdes pressions lorsque la politique locale interférait avec la conférence, mais ceci n’a pas annihilé les efforts communs pour obtenir les résultats que nous espérons ces dernières heures.
C’est un grand effort à consentir par un pays pour la réussite d’une COP. L’Afrique du Sud a énormément fait pour donner sa propre marque positive à cette COP 17.

Le tremplin africain

Une «COP africaine», qu’est-ce que cela signifie au juste ? Doit-on penser à une «COP plage», où nous décidons de presque autant de choses qu’à Bali ? Pourrait-il y avoir ici à Durban un résultat qui mette le Plan d’action de Bali réellement en œuvre, au lieu de simplement le recycler ?
La résolution du Groupe Afrique  - «Kyoto ne mourra pas sur le sol africain» - pourrait bien porter ses fruits, mais à quel prix - et cela sera-t-il suffisant ? Aurons-nous une perspective forte de mobilisation de fonds publics, avec des sources décidées à la COP 18 ? L’ambition globale des mesures d’atténuation nous donnera-t-elle une petite chance de maintenir le réchauffement bien en dessous de 2°C?
Si la forme est importante, elle doit néanmoins s’accompagner d’un minimum de substance. Tout comme un nouveau Fonds sans financements prévisibles à long terme ne serait qu’une coquille vide, la suite du Protocole de Kyoto doit également contenir des objectifs compatibles avec un accès équitable au budget carbone limité qu’il nous reste pour ce siècle, considérant la manière dont notre atmosphère commune a été utilisée.
Cet impératif de justice signifie aussi un accès équitable de tous à un développement durable. Et cela ne viendra pas d’une simple prolifération d’institutions. Se doter de récipients vides n’est pas une stratégie de développement bas-carbone. Finies les promesses creuses, s’il vous plaît.
S’il semble que nous obtenions un paquet raisonnable d’institutions, notamment le Fonds vert, le Comité d’adaptation, le Centre de technologies, etc., mais cependant avec peu de contenu, le Groupe Afrique tiendra-t-il bon ?
Si nous obtenons l’engagement d’avoir des décisions sur des sources prévisibles de financements publics à la COP 18, l’Afrique insistera-t-elle aussi pour obtenir des engagements d’atténuation plus ambitieux dans ces mêmes délais ?
Un casse-tête annuel, pas seulement pour les Africains, quand il s’agit de la façon de fournir une évaluation franche des résultats de la COP sans passer pour un marchand de malheur ou alimenter le récit des défaitistes. La position défaitiste, soutenant que le monde - pendant de nombreuses années - ne parviendra pas à un développement sobre en carbone, est une hypothèse qui sous-tend les arguments récents de nombreux lobbyistes d’affaires sud-africains s’opposant une taxe carbone nationale.
Nous préférons envisager un succès plutôt qu’un compromis, et faire progresser un ensemble complet de processus suffisamment définis et limités dans le temps pour réduire les émissions mondiales à temps et mobiliser les financements publics nécessaires pour soutenir une transition globale, juste et sobre en carbone.
La crédibilité en jeu ici n’est pas seulement celle de la CCNUCC, mais de tout gouvernement qui dépeint le recul de Bali en tant que tremplin pour un accord fondé sur des règles multilatérales. Comme les chefs religieux ne cessent de dire à la Conférence, il s’agit d’une question morale. Le développement sobre en carbone et respectueux du climat est un impératif éthique testant la moralité de nos dirigeants et nos institutions. Si les Nations et Etats ne peuvent pas agir collectivement dans l’intérêt commun, quel est leur but ou légitimité?
Nous avons besoin d’un élan africain dans les systèmes économiques et sociaux, et nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre le Qatar. L’équité est-elle un idéal trop élevé ? Même si cela nous prend toute la journée du samedi, nous devons assurer le contenu ainsi que la forme et non nous contenter de simplement éviter la disparition de Kyoto.
Offrons donc un tremplin africain pour une action multilatérale efficace.

Les financements ont le vent en poupe

Alors que nous écrivons, les medias citent les ministres excités rapportant des avancées, même des avancées majeures. Un air des possibles transpire de la conférence de presse jusque dans les salles de négociations. Les nuages sombres du Fonds Vert se sont évaporés, et jeudi, les premières annonces sont arrivées.

Les Ministres ont besoin de démontrer que le Fonds Vert n’est pas simplement une coquille vide, et que l’engagement des 100 milliards pris à Copenhague était sérieux.
Dans cet esprit, des progrès doivent maintenant être fait sur cet enjeu central des financements: mobiliser et augmenter les volumes des financements innovants.

Comme proposé par le Groupe Afrique et les AOSIS, un programme de travail est requis sur les sources de financement pour mener à une décision en COP 18. Cela facilitera la convergence des options qui pourraient permettre de générer les fonds attendus pour l’adaptation et l’atténuation.  

Un programme de travail crédible doit livrer au minimum : des dispositions pour des revenus issus des réductions des émissions des secteurs des transports maritime et aérien. (bunkers); une sélection d’autres sources potentielles pouvant être envisagées pour la suite; la procédure pour une évaluation des besoins; des principes pour le partage des efforts entre pays développés en prenant en compte les engagements financiers existants; et enfin les paramètres pour augmenter les volumes de financements, en partant des niveaux actuels des financements, pour parvenir au moins aux 100 milliards par an en 2020.

Un deuxième élément qui est mûr pour une avancée décisive est la fixation d’un prix pour les émissions induites par les transports maritime et aérien globaux, afin de combiner réduction des émissions et  financements, tout en s’assurant que les pays en développement en soient des bénéficiaires nets. Syndicats, industrie, organisations environnementales, ministères des finances et un nombre croissant de pays convergent autour de solutions qui peuvent permettre de compenser les impacts pour les économies en développement et, par exemple abonder le Fonds Vert.

Après une décennie d’hésitations et de ronds de jambes, les enjeux du transport international ont été renvoyés  aux ministres sous l’item Approches Sectorielles Coopératives. En se montrant à la hauteur de ce challenge, Durban peut faire une contribution historique à a protection du climat.  Des progrès doivent être réalisés sur le secteur maritime, pour laquelle des propositions ambitieuses sont d’ores et déjà considérées. Un accord à la COP 17 doit contribuer à un accord global sur les émissions maritimes à l’Assemblée de l’OMI en 2013.
Un report supplémentaire ne ferait que retarder l’action alors que ce secteur connaît des courbes d’émission croissantes depuis au moins trois ans.
Messieurs les Ministres, S’il vous plaît, ne laissez pas, ne laissez pas échouer cette opportunité sur la plage de Durban. Vous avez le vent en poupe, nous mener à bon port aujourd’hui devrait vous être une tâche facile.

Mettez les émissions au régime !

Bravo, les Parties ! Vous êtes arrivés à un texte décent sur l’atténuation dans le LCA. Il contient une proposition pour reconnaître le gap de 6 à 11 GteqCO2 décrit si clairement par le PNUE. Encore mieux, le texte sur la table propose même un processus clair avec des soumissions, des rapports techniques et des négociations dédiées pour traiter de cet enjeu considérable. 

La proposition dans le texte définit clairement que ce processus doit déboucher, à la COP18, sur des décisions pour placer les engagement des pays développés dans la fourchette de 25 à 40% et garantir que le registre des NAMAs est en place, suffisamment soutenu, et rempli de NAMAs. Ce point est essentiel – l’alternative étant une infinie succession de réunions et d’ateliers sans garantie de résultat.

Nous savons que les Parties disent que le texte LCA est trop gros et qu’elles veulent le mettre au régime. Mais elles ne doivent pas rejeter les bons morceaux qui combleraient le fossé d’émissions ou qui amélioreraient la qualité des informations qui sous-tendent les engagements des pays. Perdre du poids en s’enlevant des organes vitaux n’est pas une brillante idée.

De fait, ECO demande aux Parties d’aller plus loin – en reconnaissant clairement dans la Vision Partagée le besoin urgent d’un processus pour combler le gap comme précondition à l’atteinte du pic des émissions en 2015, pour ne pas s’écarter de la trajectoire des 2°C ou des 1,5°C.

Sur l’atténuation, ECO pense que le gros, c’est beau. Un texte sur l’atténuation bien en chair nous aiderait à chanter comme une castafiore et atteindre à la COP18 la note parfaite pour des objectifs ambitieux et clairement définis pour les pays développés et des NAMAs pour les pays en développement. Oui, il faut faire un régime – un régime bas carbone.

La revue

Hier soir, ECO a vu un collègue qui, n’ayant pas de tire-bouchon, a ouvert une bouteille de vin avec un couteau. Choisir le mauvais outil pour atteindre un objectif tout à fait raisonnable peut être aussi bien inefficace que dangereux.
Hier matin, alors que nous échangions sur la Revue périodique, le parallèle nous a semblé évident. Ici, nous constatons qu’un certain nombre de Parties ont des inquiétudes légitimes au sujet de l’efficacité et de l’adéquation des financements, de la technologie, de l’adaptation et du renforcement de capacités. Nous voyons aussi qu’elles n’utilisent pas le bon outil pour évaluer les progrès réalisés. Le seul résultat à ce jour est que nous nous trouvons dans l’impasse.
Il serait plus judicieux d’utiliser l’outil de la Revue tel qu’il a été conçu à Cancun – afin d’évaluer les progrès réalisés vers l’atteinte de l’objectif de long terme, éventuellement de renforcer cet objectif, et d’agréger et évaluer les étapes permettant de l’atteindre. C’est la meilleure façon de s’assurer qu’on atteindra un résultat efficace et enfin significatif d’ici à 2015.
Quid des autres inquiétudes légitimes ? Pourquoi ne pas rouvrir la boîte à outil de la CCNUCC et utiliser un autre instrument, plus adapté? Pour ceux qui cherchent à passer en revue les progrès de chaque Partie vers l’atteinte de ses objectifs de réduction d’émissions, pourquoi ne pas utiliser le processus de Revue et évaluation internationale (IAR) ? Pour ceux qui souhaitent évaluer les flux financiers, pourquoi ne pas utiliser le ‘Standing Committee’? Si vous êtes inquiets au sujet des impacts économiques et sociaux du changement climatique, basez-vous autant que faire se peut sur le 5e rapport du Giec, mais il semble inutile d’intégrer ces questionnements à la Revue.
Comme le dit le proverbe, « A méchant ouvrier, point de bon outil ». Ce proverbe reconnaît toutefois qu’un ouvrier malin choisit toujours le meilleur outil pour accomplir sa tâche. Il est temps de redresser ce processus et de choisir les meilleurs outils à votre disposition.

Un peu d’argent dans le Fonds Vert !

ECO insiste depuis un certain sur le fait que si la création du Fonds Vert est essentielle, elle serait inutile si ce Fonds restait une coquille vide. Et nous avons dit, ces deux dernières semaines, que les bailleurs doivent annoncer leurs engagements financiers initiaux ici à Durban pour que le Fonds puisse fonctionner le plus rapidement possible.
Bravo donc à l’Allemagne et au Danemark qui sont les deux premiers pays à relever le défi. L’Allemagne a annoncé qu’elle mettait 40 millions d’euros dans le Fonds, et le Danemark 15 millions.
De plus, ces deux pays semblent avoir pris ces engagements sans conditions déraisonnables, comme c’est  habituellement le cas dans ces négociations. Maintenant que les Allemands et les Danois ont montré la voie, cela ne ferait-il pas du bien si les 21 autres pays de l’Annexe 1 suivaient ?

Rien n’est impossible lorsqu’on a un plan

Les plus belles merveilles érigées par l’homme ne seraient pas là si leur architecte n’avait pas eu de plan. A Cancun, les pays ont décidé qu’ils devaient élaborer des plans de long terme – des Stratégies de Développement Bas Carbone (LCDS) pour les pays industrialisés, que les pays en développement sont également encouragés à élaborer.
A Durban, les Parties doivent s’accorder sur les éléments que contiendront ces plans, en se basant sur les points du Plan d’Action de Bali sur l’atténuation, l’adaptation, les actions et le MRV. Il s’agira des éléments suivants :
− Des réductions d’émissions réalistes et atteignables pour les pays développés et une trajectoire bas carbone pour en 2050, avec des jalons tous les 10 ans. Pour les pays en développement, des actions appropriées nationalement.
− Une définition des politiques et mesures sectorielles.
− Une identification claire des politiques qui permettront de mettre en œuvre ce plan.
− Des mesures pour atteindre les objectifs et faciliter la comptabilité.
− L’inclusion de la R&D et des plans sur les technologies
− Des mesures pour éviter la double comptabilisation.
Les LCDS peuvent constituer un moyen efficace pour renforcer l’ambition sur l’adaptation. Dans les pays développés, ces stratégies peuvent permettre d’éviter de choisir des actions lock-in aux coûts prohibitifs. Elle permettront d’identifier les infrastructures et technologies bas carbone et efficientes ainsi que les potentiels cachés.
Dans les pays en développement, les LCDS permettent d’identifier ce qu’ils pourraient proposer dans leur NAMAs et le soutien financier, technologique et de renforcement de capacités nécessaire– ces plans devant être un pré-requis pour accéder à un tel soutien.
Les LCDS sont essentiels pour évaluer le potentiel des NAMAs et des secteurs dans lesquels ils peuvent être mis en œuvre. Cela permettra de débloquer du potentiel d’atténuation dans les pays développés et en développement et d’encourager la communication et la coopération entre ministères. Ainsi, les LCDS conduisent à une diversification de l’économie, et à une manne d’opportunités de développement – bonne nouvelle pour les pays producteurs de pétrole.
Nous ne sommes par encore sur la trajectoire pour le pic des émissions en 2015. La pays ne se sont pas encore accordés sur un objectif global de réduction des émissions en 2050, mais certains ont déjà commencé à agir en développant et en mettant en oeuvre leurs stratégies de long terme.
Un récent rapport du WWF montre 8 études de cas de pays développés et en développement qui ont activé leur LCDS, ainsi que les bénéfices qu’ils en retirent. Avec sa Stratégie Nationale de Réponse au Changement Climatique, l’Afrique du Sud a identifié les mesures nécessaires à une croissance bas-carbone : outils fiscaux, énergies renouvelables, efficacité énergique, standards, mécanismes de marché... Cette stratégie, aussi prometteuse qu’elle soit, compte encore beaucoup de défauts, notamment l’inclusion du CCS (capture et stockage du carbone), qui permettrait aux émissions de croître encore trop, et trop longtemps.
En 2009, le Royaume-Uni a élaboré son Plan de Transition Bas Carbone (LCTP), qui identifie les priorités en matière de politique d’efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables pour la chaleur et le transport. Les points noirs identifiés par ce plan sont notamment les émissions du transport maritime et aérien – qui ne sont pas encore régulées.
Les LCDS ont démontré leur potentiel très positif pour aller vers une croissance bas carbone et rehausser l’ambition. Ils identifient les potentiels et les points noirs restant à traiter. Cette COP peut prendre des décisions qui conduiront à adopter des principes communs et à permettre un soutien pour l’élaboration de ces plans. L’inclusion des éléments clés dans ces plans permettra à tous les pays de construire leur monument climat collectif.

Eau – de l’adaptation à l’atténuation

Selon le Giec, l’eau est un des premiers moyens par lequel les impacts du changement climatiques seront ressentis par les hommes et l’environnement. Ces deux dernières années, les questions d’eau ont fait l’objet d’une attention croissante dans les négociations de la CCNUCC.

L’eau est au cœur de l’article 4.1 (e) de la Convention et du paragraphe 14 des accords de Cancun. Récemment, le SBSTA a décidé d’organiser un atelier technique sur l’eau. Jusqu’ici, on traitait ce sujet essentiellement sous l’angle de l’adaptation. Mais il ne faut pas oublier les enjeux d’atténuation qui se cachent derrière !
Une meilleure gestion des ressources en eau pourrait contribuer de façon significative à la réduction des émissions de GES. L’industrie de l’eau au Royaume-Uni consomme 3% de l’énergie produite ; et en Inde, 6% des émissions nationales viennent du pompage de l’eau pour des besoins d’irrigation. Attention aussi aux autres GES tels que le CH4 et le NO2 émis durant le traitement des eaux usées : il y a là aussi un potentiel de réduction des émissions important !

En même temps, certaines stratégies d’atténuation peuvent avoir des impacts non négligeables sur la qualité des ressources en eau et sur leur répartition. A titre d’exemple, le pompage du CO2 via le captage et la séquestration du carbone pourrait dégrader les la qualité des eaux souterraines. L’accroissement de la production d’agrocarburants nécessite une gestion prudente des ressources en eau. La reforestation, si elle est utile en termes d’atténuation, peut perturber les cycles hydrologiques régionaux et accentuer les sécheresses si elle est réalisée de façon inappropriée. Les océans constituent aussi un vrai puits de carbone (ils absorbent près d’un quart des émissions) ; mais la forte concentration de CO2 dans l’atmosphère entraîne leur acidification.
Davantage d’attention devrait être ainsi accordée à cette question du potentiel d’atténuation lié aux ressources en eau dans les négociations Climat. Elle devrait être traitée dans le cadre de la revue 2013-2015. Faire un focus thématique sur l’eau dans le cadre du programme de travail de Nairobi permettrait de creuser la question un peu plus et d’améliorer les politiques climatiques liés à l’eau, à la fois sous l’angle atténuation et sous l’angle adaptation.

Agissez sur les subventions aux énergies fossiles

Tandis qu’ECO a applaudi les hauts niveaux d’engagement du G20 et de l’APEC pour mettre fin aux subventions aux énergies fossiles, les progrès réels ont été lents. A Durban, les parties ont un certain nombre d’opportunités politiquement réalistes d’avancer concernant les subventions aux énergies fossiles. Eliminer ces dernières peut contribuer à combler le gigatonne gap et à atteindre les réductions d’émissions  nécessaires pour rester sous la barre des 2°C, voire des 1,5°C. Cela peut également fournir aux parties de l’annexe II des sources de revenus innovantes qui pourraient être utilisées pour la finance climatique. Les parties peuvent et doivent avancer dans les prochains jours selon un plan d’action en trois points.

1. Renforcer le reporting. Les subventions fossiles seraient enregistrées dans la communication nationale d’un pays, dans le simple but d’améliorer la transparence. La tâche à Durban est d’arriver à accepter la révision des lignes directrices nationales en termes de communication à la fois et respectivement pour les pays développés et les pays en développement, et de reconnaître le besoin d’améliorer le suivi des subventions aux énergies fossiles comme faisant partie  de ces révisions. Bien entendu, cela est sans dire qu’il y aurait également beaucoup d’autres bénéfices à réviser ces lignes directrices.

2. Combler le gigatonne gap. Les subventions aux énergies fossiles augmentent les émissions de gaz à effet de serre. Dans le cadre d’une décision concernant les paragraphes 36-38 des accords de Cancun, les parties devraient lancer un processus pour combler le gap. Mettre fin aux subventions aux énergies fossiles devrait faire partie des moyens, et être inscrit dans le texte.

3. Multiplier les sources de financements climat. L’OCDE a estimé que ses pays membre ont dépensé entre 45 et 75 milliards de dollars par an dans les dernières années en subventions aux énergies fossiles, tandis que l’AIE a identifié, dans la dernière édition 2011 de son Word Energy Outlook, 400 autres milliards de dollars de subventions à la consommation. En période crise financière, ces ressources pourraient être bien mieux utilisées à des initiatives climatiques douces et pour l’accès à l’énergie pour tous.

A Durban, les parties doivent se mettre d’accord sur un programme de travail pour des sources innovantes de financement à long-terme. Programme qui devrait étudier ’opportunité de mettre fin aux subventions aux énergies fossiles comme source possible de financement.

Ce plan en trois points constituerait une excellent avancée à Durban, et, plus important encore, pour le climat. Parties, il est grand temps d’être cohérent et de mettre fin aux subventions aux énergies fossiles !

Fonds Vert ET Fonds d’adaptation

La récente baisse de prix des Certificats de réduction d’émissions (CER) n’est pas sans conséquences. Par exemple les revenus du Fonds d’adaptation jusqu’à la fin 2012 vont baisser de 20%. Lors de la première année des financements précoces, les contributions ont été de 80 millions de dollars. Ceci en plus des revenus provenant de CER par l’Espagne, la Suède et l’Allemagne. Mais aucune nouvelle promesse n’est arrivée en 2011.
Et qu’en est-il des autres pays siégeant au Fonds d’adaptation (FA) -- Japon, Royaume Uni, Norvège, France, Suisse, Finlande ? Ils se sont donnés beaucoup de mal pourinstaurer des standards fiduciaires importants, sans pour autant contribuer de sommes significatives au FA.
En même temps, de plus en plus de pays en développement expriment leur intérêt dans la mise en œuvre de projets à travers l’accès direct.
Pour les années à venir, l’émergence du Fonds vert ne mine d’aucune façon l’importance de l’AF pour le financement de l’adaptation. Au lieu de cela, les premiers engagements pris envers le Fond vert hier signalent leur importance à l’avenir.
Cela prendra du temps pour que le Fonds Vert aie des règles et qu’il devienne fonctionnel. Et pendant cette phase intérimaire, le FA peut et doit certainement coexister avec le Fonds vert.
L’accent mis par le FA sur des programmes et projets concrets d’adaptation urgente et son attention particulière envers les besoins des communautés les plus vulnérables restent toujours aussi importantes, surtout depuis que le Fonds vert adopte une approche sectorielle plus programmatique. Personne ne devrait se détourner du FA et les pays développés devraient s’assurer que le FA ne s’assèche pas en s’engageant à des contributions supplémentaires et en prenant des mesures permettant d’augmenter les prix des CER.

LULUCF et les tourbières

 Une fois de plus, LULUCF est menacé et pourrait devenir la pomme empoisonnée dans le panier de Kyoto. Malgré l’importance de LULUCF pour réaliser des réductions d’émissions ambitieuses, les pays ont la possibilité de choisir seulement les activités qui leur rapportent des crédits.
Toutes les sources d’émissions et les puits de carbone significatifs devraient être comptabilisés dans le secteur de l’usage des sols. Cela signifie que la comptabilisation du « drainage » et de la « réhumidification des zones humides » devrait être obligatoire sous le protocole de Kyoto.
Saviez-vous que les tourbières (sols organiques) sont, à l’échelle de la planète,  les réserves les plus importantes et les plus concentrées de carbone terrestre contenu dans les sols ? Ce sont aussi des sources d’émissions en croissance rapide. En fait, alors que les sols organiques, qui sont drainés à cause de l’agriculture et de la foresterie, ne représentent que 0,3% de la surface terrestre dans les pays développés, ils sont la cause d’un demi-million de tonnes de CO2 chaque année, soit l’équivalent des émissions de la gestion des forêts.
La comptabilisation obligatoire du drainage et de la réhumidification des tourbières fournira des incitations fortes à la conservation des tourbières intactes, ainsi qu’à la promotion de la réhumidification des zones drainées. La réhumidification de ces zones réduira aussi les risques de feux de tourbières rencontrés sur des sols drainés, qui augmentent les émissions.
Les sols organiques sont un « point chaud » des émissions. Il existe des données disponibles concernant le reporting pour les sols organiques des pays de l’Annexe I, et le GIEC va fournir des orientations supplémentaires pour comptabiliser la réhumidification. A travers cette information, les pays développés devraient veiller à la comptabilisation du drainage et de la réhumidification des tourbières, afin de renforcer l’intégrité environnementale de LULUCF et contribuer de manière équitable à la protection du climat.
ECO félicite les AOSIS et le Groupe Afrique qui ont été très clairs sur la nécessité d’accroître l’intégrité environnementale de LULUCF lors du groupe de contact KP prévu aujourd’hui. Mesdames et Messieurs les ministres, vous avez entendu cet appel : c’est le moment d’agir !

Les mains libres

ECO se tient prêt pour le dénouement. Alors que nous sommes encore loin du mandat à même de nous laisser une chance de rester sous les 2° de réchauffement (ou moins), ECO veut s’assurer que nous avons bien toutes les cartes en main coté Protocole de Kyoto. Et par cartes, nous parlons bien sur responsabilités.
En recherchant une mise en œuvre provisoire (ce qui est toujours possible) comme ECO l’écrivait la semaine dernière, il est important que délégations aient les mains libres, c’est à dire les pleins-pouvoirs pour signer n’importe quelle sorte d’instrument légal (comme le PK2 ou l’amendement de Chypre). Les pleins pouvoirs sont assignés par le Chef de l’Etat ou le Ministre des Affaires Etrangère. Le Secrétariat a préparé le terrain en ajoutant cette question à l’agenda de la COP et de la CMP, mais ECO a entendu que certains pays européens ont été un peu tardif sur ce coup. Alors il est grand temps de régler cela. Donc, passez un coup de fil à vos capitales et adoptons tout de suite l’amendement au Protocole de Kyoto. Les pays qui n’ont pas les mains libres entrave la mise sur pied d’un régime global et juridiquement contraignant.

mardi 6 décembre 2011

Lulucf expliqué a mon ministre

Ministres, votre attention est sur le point d’être récompensée. Cet article vise à préserver votre santé mentale.
Dans le passé, les ministres se mettaient à courir hors des rencontres lorsqu’on leur demandait de prendre des décisions au sujet de LULUCF. Quand on a demandé à un ministre comment les règles de LULUCF progressaient à Marrakech, il a répondu: «Je n’ai aucune idée. C’est comme se battre dans un brouillard où les fonctionnaires ont toutes les armes ».
Les bases de LULUCF ne sont pas difficiles, juste bizarres, et travaillent en opposition au reste du processus de la CCNUCC. Par exemple, il est généralement admis que les pays développés devraient réduire leurs émissions, ou au moins essayer de le faire. Ce n’est pas le cas dans le monde «Alice au pays des merveilles» de LULUCF; en fait, bien au contraire.
Pour commencer, les «règles» sont facultatives, donc si un pays pense qu’une activité de LULUCF telle que la gestion forestière générera par des émissions, alors il peut choisir de ne pas en tenir compte. Si ce même pays prévoit que l’activité se traduira par une diminution des émissions, il pourra donc en tenir compte et prendre le crédit.
Vous nous suivez jusqu’à présent? Pouvez-vous imaginer le tapage si les pays développés décidaient arbitrairement de ne pas tenir compte des émissions industrielles? C’est ce qui est communément appelé de la triche légalisée.
Nous nous proposons donc d’y remédier. Les ministres devraient s’assurer que les pays développés tiennent compte de toutes les émissions en lien avec LULUCF, et non pas seulement celles qui leur conviennent. C’est ce qu’on appelle de la comptabilité obligatoire et elle devrait être un principe de base, ou au moins s’appliquer à la gestion des forêts et des zones humides.
Il y a pire. Les nouvelles règles en matière de gestion des forêts sont susceptibles de permettre aux pays de comptabiliser les émissions quand ils le souhaitent, donnant ainsi un tout nouveau sens au mot «règle».
L’option la plus populaire (option 1) concerne le niveau de référence (de base) d’une projection qui suppose que les émissions vont augmenter, ce qui garantit qu’aucune émission ne doit être comptabilisée.
Imaginez si on appliquait cette «règle» à la production d’électricité. Un pays pourrait construire autant de centrales au charbon qu’il le souhaite, et du moment qu’il annonce son intention de le faire, il n’aurait à comptabiliser aucune de ces émissions. En tenant compte de cette réalité, les ministres devraient rejeter l’option 1 et plutôt opter pour l’option 2 (proposé par le Groupe Afrique) ou encore l’option 3 (par Tuvalu)  Elles ne sont pas idéales, mais elles sont beaucoup mieux que l’option 1; en fait, n’importe quelle option le serait.
Un autre aspect nous pousse à réfléchir. Comprendre pleinement les produits ligneux récoltés (PLR) requiert une entorse dans la logique que les ministres ne devraient pas accepter de sanctionner. Voici donc conseil très simple: il suffit de choisir l’option 3.

Il existe une autre proposition appelée “FLU”, qui est en fait une tentative de réécrire l’article 3.3 du Protocole de Kyoto. Mais c’est la proposition qui fait déborder le vase. Refusons l’idée de “l’utilisation des terres flexibles”.

De quelle couleur sera la Fonds vert ?

Chers Ministres, le Réseau Climat & Développement vous souhaite la bienvenue avec une petite devinette. Quelle  sera la couleur du Fonds Vert ?
Attention au piège ! Ce dernier aime jouer au caméléon. En effet, pour certains pays, il a la couleur du charbon « propre » ;  pour d’autres, la couleur d’un secteur privé. Pour d’autres encore, il a la couleur de la Banque Mondiale… Un an après Cancun, le Fonds risque d’être dénaturé par des pays qui souhaiteraient en faire une banque d’investissement pour le privé. Secteur privé qui n’a pas dans ses habitudes de financer à perte l’adaptation des PED. Secteur privé qui ne peut ni ne doit endosser les responsabilités des pays historiquement pollueurs.

Les négociateurs oublient peut-être qu’à Cancun, le Fonds créé avait la couleur du développement sobre en carbone et résilient pour les pays les plus vulnérables. Pour répondre aux besoins urgents des communautés les plus affectées, il nous faut un Fonds abondé d’abord en financements publics, additionnels à l’APD et prévisibles. C’est aussi pour cela que négocier l’architecture du Fonds Vert ne suffit pas si on ne négocie pas simultanément les sources de financement pour l’abonder. Quand allons-nous enfin appeler à la création de financements publics et innovants ? Quand allons-nous enfin discuter sérieusement d’argent?  Messieurs les négociateurs et Messieurs les Ministres, le Fonds en a vu de toutes les couleurs cette semaine. Et il est temps qu’il retrouve ses vraies couleurs.  Et si vous donnez votre langue au chat, sachez que le Fonds Vert doit être vert !
Ange David Baimey
Réseau Climat & Développement

Inde et Chine : soyez leaders !

Les discussions sur la légalité ont abouti à au moins une décision que ECO approuve. L’option décide de développer  un protocole ou autre instrument légalement contraignant sous la Convention et basée sur le Plan d’Action de Bali ainsi que l’agrément de Cancun, avec des négociations qui commenceraient en 2012 pour être en place en 2015. Excellent !
Toutefois, tous les pays ne soutiennent pas cette option. La rumeur colporte que les US, l’Inde et la Chine s’y sont opposés. ECO partage avec l’Inde et la Chine son amour pour le Protocole de Kyoto et leur attirance pour une seconde période, mais est consterné par le rejet potentiel de l’option 1,  la plus préférable.
ECO s’est longtemps considéré  comme une âme sœur de l’Inde et de la Chine – fondé  sur le profond respect mutuel d’un système basé sur des règles avec une responsabilité commune mais différenciée et des capacités respectives.
Plutôt que d’adopter une position rigide dans le groupe Légal, l’Inde comme la Chine devraient bouger, dans la lignée de leurs déclarations à la presse laissant entendre qu’ils sont réceptifs à la nouvelle idée et considèrent la recherche de solutions avec l’esprit ouvert. Bien entendu les responsabilités devraient être basées sur l’équité et les responsabilités communes mais différenciées ainsi que des capacités respectives, comme cela est inscrit dans la Convention. Plutôt que de constituer un fondement pour entraver les progrès, cela pourrait constituer une base de travail pour un résultat fondé sur la légalité. Il est impératif que toutes les Parties étendent leur considérations au-delà du court terme par égard pour la planète. 

Air chaud : l’emprunt toxique

Juste à temps pour les Ministres, voici le graphe des échappatoires. En l’état, les échappatoires peuvent dépasser tous les engagements de l’Annexe1.
Prenons d’abord le surplus de quotas (air chaud). Selon le PNUD, le surplus de la 1ère période Kyoto va de 9 à 13 Gt CO2. Par rapport aux 18 Gt de promesses mises sur la table par l’Annexe 1, le fossé est gigantesque. Les deux pays les plus “riches” en air chaud sont la Russie et l’Ukraine. Contre leur ratification, ils ont été autorisés à conserver les émissions au niveau de 1990, alors même que celles-ci étaient déjà très inférieures à l’époque où les objectifs de Kyoto étaient négociés. Nous savions déjà à l’époque que ce maquignonnage allait créer un énorme paquet d’air chaud. Mais au lieu de vider l’abcès en mettant un prix (par exemple des échanges de technologie ou des financements de projets), tout le monde dans l’Annexe a continué comme si de rien n’était. Il était moins cher à l’époque de creuser des découverts sur l’atmosphère. L’air chaud revient maintenant nous hanter comme l’échéance d’un énorme emprunt toxique.  Résultat :  l’Ukraine et la Russie ont fait des propositions pour 2020 qui sont au dessus des projections de laisser-faire pour ces pays. Une étude suggère que ces objectifs faibles pourraient ajouter une nouvelle bulle gigantesque de 4 Gt d’air chaud d’ici à 2020.
Le principal argument contre des règles strictes sur l’air chaud, c’est que cela inhiberait le « zèle » des pays. Dit autrement, les pays n’iront pas au-delà de leurs engagements s’ils ne peuvent conserver leurs surplus ou si ceux-ci font l’objet d’un fort rabais. Ce principe d’épargne en banque peut en effet peut inciter à des actions précoces, mais cet argument ne vaut que pour des pays qui s’engagent très en dessous de leurs émissions tendancielles. Côté Nouvelle-Zélande, supprimer l’échappatoire sur les quantités attribuées l’empêcherait de dépasser ses objectifs. Pourtant, l’index Climate Tracker estime que l’engagement de 2020 est ‘inadéquat’, soit la note la pire qu’un pays puisse recevoir. Vendredi dernier, la Nouvelle-Zélande a reçu un Fossile pour ses efforts pour diluer l’intégrité des mécanismes de marché. Tout ceci ne fait pas très « zélé » selon nous.
Quant aux autres pays de l’Annexe 1, ne nous réjouissez pas trop vite. Seuls cinq pays n’ont pas reçu le douteux qualificatif de « inadéquat » par Climate Tracker. Rappelons le aux délégués : votre pays peut user de truquages politiques et juridiques. Mais la nature ne se laisse pas faire par les artifices comptables :
c’est avec l’avenir de vos propres enfants que vous jouez ici.

MRV - source de clarté ?

Alors que nous observons attentivement les négociations en cours, la sortie du texte LCA ce week end est bien en dessous des progrès attendus en matière de vérification et de comptabilité. Sans des avancées supplémentaires cette semaine, l’intégrité environnementale du régime risque de pourrir si ce n’est de disparaître.
Dans un contexte marqué par le manque d’ambition, on pourrait être tenté de croire aux promesses… Mais nous ne savons pas vraiment ce qui relève de la promesse et ce sur quoi cela repose – un solide cadre de comptabilité. 
C’est pourquoi nous tenons tant à clarifier les promesses. Les récents ateliers ont montré que les pays n’étaient pas vraiment disposés à parler de leurs engagements, y compris des méthodes sous-jacentes et des hypothèses. C’est un obstacle sérieux  à  la progression des objectifs de réduction des émissions domestiques ainsi qu’aux objectifs globaux –et c’est bien cela le cœur du problème entre nous, non??
C’est un réel défi pour nous de comprendre comment s’agrègent les réductions d’émissions, un défi pour la révision en 2013-2015. Et ce n’est pas tout. Sans d’avantage de transparence, il sera également difficile d’éviter les double décomptes. Regardons donc élément par élément où le texte achoppe.
Concernant les objectifs de l’Annexe 1, le texte propose des ateliers, un papier technique et un formulaire à remplir par les Parties. (Chapitre IIA, Paragraphe 9). C’est un bon début, à ceci près que le formulaire devrait aussi demander aux Parties de prévoir des méthodologies de comptabilité des mécanismes de marché et des procédures pour éviter les doubles comptages et le recours aux secteurs non couverts. Et le formulaire devrait être inclu dans une décision de Durban…
Concernant les actions des Non Annexe 1, le texte invite les Parties à soumettre les informations (Chapitre IIB, Paragraphe 23). Pourtant, une simple invitation ne génèrera pas l’information nécessaire pour effectuer un suivi des résultats. La COP devrait créer un mandat pour les Parties Non Annexe 1 pour fournir l’information sous fome de formulaire ou  de questionnaire, tout en apportant le soutien nécessaire. Il faut prévoir différents formulaires selon le type de promesses, étant donné la diversité des actions.
Et surtout, le SBSTA devrait établir un processus sur la façon dont ces informations pourront être rapportés dans les rapports biennaux, et définir les procédures d’ajustement afin que les Parties ne se contentent pas de modifier leurs hypothèses et méthodes sans justification.
Voici pourquoi nous nous intéressons à la comptabilisation. La comptabilité des réductions d’émissions est au cœur de l’intégrité environnemenale du régime climatique. Si elle est faite de manière transparente, cohérente, comparable et correctement, elle assure la comparabilité, la possibilité d’additionner et d’évaluer la réduction des émissions globales et la qualité du marché carbone.
Et c’est là que le texte est insuffisant. Dans l’annexe 1, alors que le texte reconnaît la nécessité d’un système commun pour mesurer les progrès (Chapitre IIA, Paragraphe 14), le texte actuel ne   fait pas référence à la « comptabilité » laissant le texte flou et ouvert à différentes options. De plus, le texte appelle à un programme de travail pour établir un tel système mais omet de mentionner « commun » et « comptable ». Et de même un programme n’est pas nécessaire pour les objectifs de l’Annexe 1, considérant l’expérience que nous avons acquise à travers le Protocole de Kyoto. L’absence de date pour finaliser le programme nous laisse suspecter une simple tactique de délai.

lundi 5 décembre 2011

La décennie perdue pour les financements d’adaptation

Cette année marque les 10 ans de la création, à la COP7 de Marrakech, du Fonds pour les Pays les Moins Avancés (LDCF) destiné à financer les besoins les plus urgents des pays les moins avancés en matière d’adaptation.
Malheureusement, on parle peu du LDCF et il n’y a pas grand chose à fêter. 10 ans, et seulement 415 millions de dollars ont été promis, sur les 2 milliards identifiés pour l’élaboration et la mise en oeuvre les PANAs (Plan d’Action Nationaux pour l’Adaptation).

Les négociateurs ne peuvent pas faire marche arrière sur ce qui a été décidé il y a 10 ans pour financer l’adaptation. Mais ils peuvent et doivent sécuriser un résultat à Durban qui conduise à des flux financiers fiables, suffisants et prévisibles pour l’adaptation des pays en développement pour les 10 ans à venir.

A part quelques exceptions, nous n’avons aucunes certitudes sur les financements climat qui prendront le relai des financements précoces en 2013. L’argent de l’adaptation, en particulier, est une priorité essentielle pour les PMA, les petits Etats insulaire et les pays les plus vulnérables. Mais il reste un orphelin des financements passés, présents et futurs.

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Suite de l’article « La décennie perdue..»
L’actuelle plongée du prix du carbone signifie également que le Fonds pour l’Adaptation, qui reçoit 2% des projets de MDP, risque de ne presque plus rien recevoir l’an prochain.                
Avec des niveaux d’émissions qui dépassent le pire scénario du GIEC, il est claire que des sommes d’argent énormes seront nécessaires pour financer à la fois l’adaptation à l’augmentation de la fréquence des évènements extrêmes et diffus.
Et pourtant, seuls 18% des financements précoces des US et 30% de ceux de l’UE ont été destinés à l’adaptation en 2011. L’Australie est meilleure élève, avec plus de la moitié de ses financements climat destinés à l’adaptation cette année.
Le texte LCA amalgamé a le potentiel pour s’attaquer à ces enjeux. Il y du texte concret qui assure aux pays en développement qu’il n’y aura pas de gap après 2012, et que les financements augmenteront entre 2013 et 2020.
Un autre point important est l’équilibre entre l’atténuation et l’adaptation, en particulier dans l’option qui garantit qu’au moins 50% de tous les financements climat sont destinés à l’adaptation.
Enfin, il est nécessaire de disposer d’un programme de travail pour identifier des sources prévisibles et fiables de financement de long terme. Comme indiqué actuellement dans le texte, ceci doit déboucher sur une décision concrète de la COP18 et fournir la meilleure chance pour un accord sur les sources les plus prometteuses de financement, notamment innovantes, telles que la taxe sur les transactions financières et une taxe sur les soutes maritimes et aériennes sans incidence nette sur les pays en développement.
Les négociateurs doivent donner des garanties claires aux pays du Sud sur le fait qu’ils ne seront pas abandonnés sans argent pour d’adapter à un changement climatique qu’ils n’ont pas causé. Comme toutes les Parties ont promis d’opérationnaliser le Fonds Vert à Durban, assurons-nous qu’il ne soit pas une coquille vide.

L’équité climatique selon les BASICs

Si Durban doit aboutir à quelque chose, c’est pour décider d’adopter une deuxième période d’engagement sous le Protocole de Kyoto et pour mettre à l’agenda la définition d’un mandat suffisamment juste pour soutenir une vraie ambition. La publication samedi d’un texte des experts des BASICs sur le partage équitable de l’effort mondial entre les pays constitue un grand pas en avant.

Ce texte ne cache pas le fait que le budget carbone mondial a déjà été épuisé, pour l’essentiel. Il n’affirme pas non plus que poursuivre le développement sur une base « business as usual » est une option durable et qu’on peut s’en sortir avec une comptabilisation bottom-up et un soupçon d’optimisme technologique. On ne peut pas s’en satisfaire pour stabiliser le système climatique. La prise en compte des besoins liés au développement est une condition essentielle pour un niveau d’ambition élevé. Et ce rapport montre que nous serons bientôt prêts à affronter cette réalité de fait.

 On peut saluer les auteurs de ce texte pour cette importante contribution au débat sur l’équité climatique. Ce résultat n’est pas sans compromis. Il a un coût. Par exemple, le texte parle d’un budget de 1 440 Gt CO2 cumulées pour la période 2000-2050, ce que beaucoup d’entre nous considèrent comme dangereusement élevé.

Mais au-delà de ce coût, le compromis a aussi des avantages. Les auteurs ont permis de délimiter les contours d’un consensus qui,                                         - suite page 2
Suite de l’article « L’équité selon les BASIC»
bien que vague indique une direction à suivre. Si l’équité est définie comme le droit humain au développement durable, deux approches sur le cadre mondial de référence sur le partage équitable de l’effort semblent prometteuses : le partage du budget cumulé per capita et le partage de l’effort basé sur la responsabilité et la capacité. Le texte n’est pas parfait et comporte certainement des lacunes. Par exemple, il n’aborde pas la question de la stratification économique à l’intérieur des pays. Même en Afrique du Sud ! Alors qu’il est question de capacités économiques et de responsabilités historiques, il effleure à peine le sujet. Mais ce qui compte, c’est la contribution de ce rapport ici, à Durban. La publication des experts des BASICs lance un débat dont nous avons vraiment besoin.

MAMA KONATE

Chers amis et collègues,
Pendant cette COP Africaine nous  rendons hommage à Mama Konate  et partageons notre grande tristesse quant à son décès.

Il fut Directeur Général du Service de Météorologie du Mali, représentant permanent du Mali à l’OMM, ancien Chair du Groupe PMA et du Groupe d’Experts sur les Transferts de Technogologies, Chairdu SBSTA et point focal du Mali pour l’UNFCCC.
Il était connu pour son approche constructive et engagée pour les problèmes de son pays et du monde.
Un proverbe sud-africain dit que quand un activiste meurt, nous devons ramasser les lances qui sont tombées.

La lance de Mama était l’arme la plus puissante – sa voix, sa sagesse  et sa grande humanité. La lance de  Mama sera grandement regrettée car il sera difficile pour nous de la ramasser et de la porter. Nous devons réussir à Durban.

Captage du Carbone : Fini la charade !

Faire de l’énergie fossile la plus polluante du monde une compensation carbone peut avoir l’air d’une blague, mais il n’y a en réalité rien de drôle.
Même nous à ECO étions choqués d’apprendre qu’il y a 45 - comptez les ! - projets de charbon dans le pipeline du Mécanisme de Développement Propre (MDP). Si tous ces projets étaient approuvés, ils émettraient 400 millions de tonnes par an pendant de nombreuses décennies - soit plus que la France ou l’Afrique du Sud. Divertir des milliards d’euros de sources de financement prévus pour le climat vers une industrie déjà grassement subventionnée qui crée des dégâts sévères pour la santé humaine et les écosystèmes mène notre mission dans le fossé. Comment en sommes nous arrivés là ? C’est un scandale que le MDP et l’UNFCCC ne peuvent pas se permettre. Le charbon doit être exclu du MDP. Cette demande d’exclusion permanente arrive alors que le Bureau exécutif du MDP a suspendu la semaine passée les règles sur l’attribution de crédits pour des projets utilisant ce combustible. La suspension a été décidée après qu’une enquête ait établi que les règles en vigueur pouvaient mener à la sur-attribution de millions de crédits carbone pour des projets n’apportant pas de réductions d’émissions additionnelles. La suspension était une bonne décision, mais l’affaire n’est pas close. Ce n’est pas une solution de simplement ajuster les règles existantes. Une étude indépendante a confirmé les failles dans la méthodologie et a établi qu’elles sont inhérentes à ce type de projet. On ne peut pas réviser la méthodologie pour compter assurer des réductions d’émissions.            - suite page 2
Suite de l’article « Captage du carbone...»
Etant donné l’urgence de la crise climatique, seule l’exclusion du charbon du MDP lors de la COP 17 peut assurer que ces projets ne minent pas les engagements de réduction (régime du protocole de Kyoto) des pays développés et ne détournent pas des fonds attribués à la protection climat vers des projets sales. La COP17 représente une opportunité évidente de restaurer l’intégrité environnementale du mécanisme de développement propre.

Norvège, sois cohérente !

Comme vous pouvez le remarquer, ECO est prêt à avoir quelques discussions bilatérales dans son édition. Aujourd’hui ce sera avec la Norvège. A plusieurs reprises nous avions rappelé aux Parties l’urgente nécessité de clarifier leurs engagements mis sur la table.

Sur cette question, la Norvège a continuellement été un bon élève et sa crédibilité a été renforcée par la clarification et la transparence de son engagement de réduire de 30 à 40% ses émissions d’ici 2020 et que les 2/3 de cette réduction seraient faites domestiquement. Mais certaines rumeurs inquiètent ici à Durban, disant que certaines figures politiques souhaitent que la Norvège se rétracte de cette promesse vis-à-vis de la communauté internationale en abandonnant cette réduction domestique pour les 2/3.

Alors la Norvège, c’est à cause de cela que ECO se permet cette petite causerie. Vous, plus que tous les autres pays, savez bien que les promesses sont faites pour être tenues et que le niveau des ambitions devrait augmenter plutôt que de diminuer. Rien ne serait aussi dommageable à la crédibilité d’un pays dans ces négociations que la perception qu’il ne fait pas le nécessaire chez lui.
Le monde attend de la Norvège qu’elle tienne sa promesse et que ses plans et politiques lui permette de remplir sa promesse de réaliser au moins les 2/3 de ses réductions d’émissions pour 2020 domestiquement. Nous n’avons pas besoin qu’un autre pays de l’Annexe fuie ses responsabilités. Comme la Norvège aime demander à certains pays de clarifier leurs positions, elle devrait aussi clarifier si elle est un leader ou non quand il s’agit de réduire ses émissions.

LULUCF : bourré de défauts !

ECO reconnaît qu’une part importante de temps et d’efforts a été consacrée à l’amélioration de la transparence et à la solidité des niveaux de référence sur la gestion des forêts des pays de l’Annexe I.

Cependant, si le processus de revue a atteint ces objectifs, cela ne suffit pas à assurer l’intégrité environnementale de l’approche par les niveaux de référence pour la comptabilisation de la gestion des forêts. Soyons clairs : les fondements politiques de l’approche par les niveaux de référence sont profondément, irrévocablement défectueux.
Bien que le processus de revue ait été capable d’identifier et de corriger les problèmes techniques et les incohérences liés aux niveaux de référence des pays, jamais il n’a eu pour but d’évaluer, plus largement, les implications politiques de l’approche par les niveaux de référence. Ces implications sont les suivantes :

- L’intégrité environnementale. L’approche par les niveaux de référence permettrait à des pays de l’Annexe I d’accroître leurs émissions nettes de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux actuels pendant la prochaine période d’engagement sans pénalités.

- L’atténuation des émissions dans tous les secteurs de l’économie. Les niveaux de référence sur la gestion des forêts de certains pays de l’Annexe I ont été établis de sorte que ces pays puissent accroître leurs émissions liées à la gestion de leurs forêts. Ainsi, ces pays n’ont pas besoin de mettre en place des actions d’atténuation de leurs émissions dans d’autres secteurs.

- Comparabilité. Une des forces potentielles de l’approche par les niveaux de référence est qu’elle est suffisamment flexible pour permettre aux pays de l’Annexe I de mettre en place une comptabilisation obligatoire de la gestion des forêts. Cependant, les niveaux de référence vont bien au-delà de la flexibilité dont les pays ont vraiment besoin. Il en résulte un cadre dans lequel une tonne de réduction d’émissions dans un pays n’est pas équivalente à une tonne de réduction d’émissions dans un autre pays.

La revue a été conçue afin d’évaluer la solidité technique et la transparence des niveaux de référence des pays. Elle a atteint son objectif car le constat est sans appel : elle montre à quel point l’approche par les niveaux de référence peut avoir des effets néfastes.

Alors qu’à Durban, nous entrons dans une deuxième semaine cruciale de négociations, ECO implore les Parties de prendre un peu de recul, de réfléchir aux implications de l’approche par les niveaux de référence, et de la rejeter pour choisir l’une des autres options sur la table, plus solides.

Le Japon sous surveillance

L’an dernier, à Cancun, le Japon a été vertement critiqué et a souvent fait la une des médias suite à son annonce qu’il n’accepterait jamais de seconde période d’engagement du Protocole de Kyoto.
Une année plus tard, ici à Durban, la délégation japonaise a l’air un peu plus décontractée. Personne n’écrit sur eux et ils n’ont même pas encore reçu de Fossile.
Est-ce que cela veut dire que le Japon a revu ses trajectoires et adopté une position acceptable ? Bien sûr que non ! La position du Japon est toujours autant destructrice qu’elle l’était avant et après Cancun. En réalité, leur position a l’air de se dégrader avec la récente remise en cause de leur objectif de réduction domestique de 25%.
Alors récapitulons. Le Japon est venu à Durban avec un refus de s’engager dans une seconde période d’engagement du Protocole de Kyoto, alors même qu’il n’a aucune stratégie alternative ou politique nationale à la place. Cela est très regrettable de la part d’un pays - qui souhaite par ailleurs  devenir membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU - de ne pas sembler jouer un rôle positif dans ces négociations cruciales sur le climat.

samedi 3 décembre 2011

Sagesse

Lors de son briefing de jeudi destiné aux ONG et actualisant les quelques 50 questions en cours de négociation, la Secrétaire Exécutive a évoqué l’évolution, le « mûrissement », de différents textes depuis le Panama.
Quel intéressant choix rhétorique !
Comme nous nous préparons à entrer dans la deuxième semaine, ECO espère que les attitudes mûrissent avec les textes. La maturité induit une certaine sagesse et pourtant de temps en temps cette semaine on en a clairement manqué dans les pourparlers.
Par exemple, il est imprudent de continuer à esquiver les décisions importantes alors que les preuves liées à la dangerosité du changement climatique s’accumulent, que la vulnérabilité des communautés autour du globe augmente et que le temps nous manque pour protéger les écosystèmes et les gens qui en dépendent.
Il est imprudent d’atermoyer sur une deuxième période d’engagement pour Kyoto, mettant cet outil en danger et fragilisant les volontés politiques partout dans les négociations.
Il est imprudent de bloquer un mandat vers un accord détaillé légalement contraignant, envoyant ainsi des signaux au-delà de la Cour Pénale Internationale que la communauté internationale n’est pas vraiment complètement engagée dans la résolution de la crise climatique.
Et finalement il est imprudent de faire marche arrière sur la mise en œuvre de Cancun quand les bénéfices durement gagnés sur la question des financement, le MRV et la « revue » sont si essentiels au devenir de la gouvernance de la question climatique.

Manque l’ambition, encore et toujours

Nous avons entendu que oui, les délégués passent encore des nuits blanches à cause de l’énorme fossé qui existe entre les promesses d’atténuation actuelles et celles qui seraient nécessaires pour une voie crédible vers les 2°C. Peut-être que tous ne sont pas fondamentalement inquiets des conséquences pour l’humanité. Certains sont peut-être juste mal à l’aise de se voir rappeler qu’ils n’ont pas fait le travail qu’ils s’étaient fixé à Cancun. Les pays développés ont promis d’examiner les options et les moyens d’augmenter les niveaux d’ambition, pour ensuite les augmenter effectivement. Cela ne semble pourtant pas si compliqué que cela à comprendre.

Il y a peut-être un espoir dans les paragraphes 36-38 et 48-51 des textes de la nuit dernière. Ces deux textes comprennent un point essentiel : la reconnaissance du manque d’ambition. Les Parties qui tenteraient d’empêcher cette reconnaissance dans une décision de la COP peuvent s’attendre à être pointés du doigt sur cette affaire.

La prochaine étape du processus est détaillée dans le nouveau texte sur l’ambition des pays développés : commencer à travailler à réduire et annuler cet écart. Le nouveau rapport du PNUE identifie clairement cette possibilité. Mais au lieu de cela, nous observons plutôt une tendance vers le décrochage que vers l’atteinte de l’objectif des 2°C. Le travail doit commencer dès maintenant, car toute année supplémentaire passée à tergiverser et à mener des manœuvres dilatoires ne fera que rendre l’objectif beaucoup plus difficile à atteindre.

Combler le déficit d’ambition exigera un effort de chaque côté - aussi bien des pays développés que des pays en développement. Les pays en développement ont promis plus d’atténuation pour 2020 que les pays développés, mais devrait encore relever leur objectif (et assurément, recevoir un plus grand soutien). Tous les pays en développement n’ont pas encore fourni leurs NAMAs, et certains pourraient bien être en mesure d’augmenter l’ambition des NAMAs qu’ils ont déjà soumis.

Il serait vraiment bon pour le programme de travail qu’une date limite soit fixée pour la COP 18 au Qatar, ainsi qu’un ensemble d’objectifs clairement énoncés. Sinon on pourrait se retrouver dans cette situation pour l’éternité (ou plutôt jusqu’à ce que que le monde qui nous entoure finisse de fondre).

A la COP18, les Parties devraient avoir étudié toutes les options possibles pour réduire le déficit d’ambition, et les pays développés devraient avoir relevé leurs engagements pour être en conformité avec la science, c’est à dire réduire en 2020 leurs émissions de plus de 40% par rapport aux niveaux de 1990. En ce qui concerne les soumissions, pourquoi ne pas leur demander de proposer une manière de se répartir les 25 à 40% de réductions, laisser le Secrétariat rédiger un document technique, et ensuite négocier les objectifs et la manière de les faire correspondre avec les engagements existants.

En retour, les pays en développement pourraient enregistrer des NAMAs qui se traduiront par des réductions d’émissions bien en dessous du scénario de laisser-faire (avec un soutien suffisant).

Beaucoup de travail reste encore à faire pour rendre le registre des NAMAs opérationnel, établir des lignes directrices pour les NAMAs, et pour enregistrer à la fois les NAMAs et le soutien.
Une fois ces objectifs non négligeables atteints (avec des progrès substantiels lorsque nous nous rencontrerons à Bonn en mai 2012), le Secrétariat devra évaluer s’il y a un déficit de soutien, et à combien celui-ci s’élève.

Un élément du programme de travail ambitieux que les Parties devraient lancer ici à Durban comprend les stratégies bas carbone que les pays développés devraient lancer et mettre en œuvre pour être quasiment décarbonés d’ici 2050. Et les pays en développement doivent être encouragés (tout en recevant le soutien dont ils ont besoin) pour élaborer leurs propres stratégies. La SBSTA devrait se tourner vers l’élaboration de lignes directrices pour ces stratégies. Toutes ces mesures constitueraient un sérieux pas en avant dans la bonne direction.

Migrants climatiques le peuple oublié à Durban?

Bien que les parties méditent sur le futur du Protocole de Kyoto, d’autres questions toutes aussi importantes restent marginalisés.
Les migrations forcées dues au changement climatique est le gros éléphant dans la pièce, mais il n’a même pas à l’agenda ici à Durban.
Même avec l’objectif de stabilisation du réchauffement en dessous de 2° C de la CCNUCC, c’est un problème.

Mais les engagements actuels d’émissions conduisent le monde vers un risque d’une hausse de 3° à 5°. Un tel degré élevé de réchauffement aurait un impact profond et forcera des millions de personnes à déménager. Alors que la CdP 14 a évoqué la question des migrations climatiques pour la première fois dans le processus de la CCNUCC, il semble maintenant presque oublié.

Selon le rapport Stern, plus de 200 millions de personnes seront forcées de quitter leur maison en 2050 en raison des effets du changement climatique. Des estimations plus pessimistes, comme celle de Christian Aid, affirment qu’il y aurait près d’un milliard de migrants climatiques d’ici 2050.

De nombreuses collectivités payent déjà très cher le manque d’action par la communauté internationale. Les populations dans les pays à basse altitude comme le Bangladesh et les pays sujets à la sécheresse dans la Corne de l’Afrique sont obligés de quitter leur foyer et rejoindre le lot déjà grand des sans-abri tentant de gagner leur vie dans les logements surpeuplés et des bidonvilles insalubres.

Un récent rapport de l’ONU a conclu que plus de 300.000 personnes meurent chaque année du fait du changement climatique. Les pays de l’AOSIS, en première ligne des impacts climatiques dévastateurs, appellent à une plus grande attention vis-à-vis de ces questions, affirmant qu’ils ne sauront accepter un retard au-delà de Durban pour un nouvel accord contraignant. Tout retard menace leur avenir et leur survie en tant que Nations et Etats.

D’autres PMA touchés par la sécheresse, les inondations et les catastrophes naturelles ont demandé aux pays développés d’inscrire la question des migrations climatiques dans les négociations.
 Alors pourquoi ce sujet n’est-il par à l’ordre du jour ici à Durban? Parce qu’il soulève la question de la responsabilité historique et de la réparation, deux sujets qui font frissonner les pays développés, et qu’ils refusent d’aborder. Ils savent que leur inaction ne fait qu’aggraver la situation de ces migrants. La question juridique de la définition d’un migrant climatique est presque trop importante pour la CCNUCC, et peut-être être reprise par l’Assemblée Générale des Nations Unies. A l’heure actuelle, elle est seulement abordée, en partie, dans le texte sur les pertes et dommages.

Le sort des migrants climatiques démontre une fois encore l’iniquité du changement climatique. Comme toujours, les pays les plus pauvres sont les plus touchés par les migrations climatiques. Ces migrants, qui sont essentiellement des pays en développement pauvres n’ont toujours pas de reconnaissance légale.
Quand es-ce que l’ONU voudra bien se pencher sérieusement sur un véritable statut juridique pour ces populations vulnérables et menacés?
Il est temps pour les décideurs politiques de se mobiliser et répondre à cette question cruciale. ECO demande aux pays développés de faire face à leurs responsabilités, en convenant d’un programme de travail solide sur la perte et les dommages et convenir à tout le moins d’une seconde période d’engagement pour le Protole de Kyoto, pendant qu’un accord globale à long terme sur la réduction des émissions et un soutien financier pour l’adaptation, la perte et dommages sera négocié.

2020 et le climat : jalon pour un succès ou épitaphe d’un échec ?

Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre pour commencer de sérieux efforts de mitigation. Les objectifs actuels de réduction des émissions entraîneraient une augmentation de température de 4,3°C d’ici 2100. Selon le dernier rapport du PNUE, un effort supplémentaire de réduction de 6 à 11 GtCO2 est indispensable pour ne pas dépasser 2° d’augmentation de température. Une bonne nouvelle : ce rapport montre que cet objectif est atteignable avec des mesures économiques et technologiques à notre portée - si on les engage dès maintenant. Si l’action est repoussée après 2020, cet objectif sera hors de portée.

Sans incitation politique pour investir dans les énergies alternatives, les gouvernements continueront à compter sur des combustibles fossiles pour répondre à la demande croissante en énergie, en s’enfermant dans des technologies intensives en carbone pour les huit prochaines années. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, pour chaque dollar non investi dans le secteur de l’énergie avant 2020, 4.30 $ supplémentaires devront être dépensés après 2020 pour compenser la croissance des émissions. Bien évidemment, tout retard dans la réduction des émissions augmentera d’autant les coûts d’adaptation et les impacts.

Selon la revue de littérature sur les modèles effectuée par le PNUE, la moyenne la plus élevée de réduction des émissions nécessaires dans les quatre à cinq décennies à venir est d’environ 3.5 % par an. Mais, si l’on se base sur le modèle C-ROADS, les émissions doivent décroitre encore plus – autour de 4% par en an entre 2020 et 2050 pour espérer limiter le réchauffement à 2°.

Le temps joue contre nous. Clifford Mahlung, un délégué de la Jamaïque, a déclaré : «Nous avons déjà attendu trop longtemps. Je sais que beaucoup de pays demandent un peu plus de temps pour surmonter leurs malheurs économiques - mais huit ans ?».

Nous avons besoin, ici à Durban, d’un résultat ambition pour engager cet effort MAINTENANT.

Captage du carbone : l’OPEP veut sa vache à lait

A Cancun, il fut décidé que le Captage et Séquestration de Carbone (CSC) serait éligible au titre des MDP (Mécanismes de Développement Propres) – à la condition que certaines questions comme les fuites carbone et la fiabilité étaient réglées.
Alors que les délégués négocient les modalités et procédures de ce genre de projet pour le moins douteux, il semble que les sacro-saintes énergies fossiles triomphent une fois de plus. Ceci, malgré le fait que la viabilité même du – en tant que technologie de réduction – reste à prouver.
Ici à Durban, seuls quelques pays en développement ont formulés des inquiétudes quant aux potentiels  impacts à long terme du CSC. Tous les autres sont restés étrangement silencieux (hey, les états insulaires, où êtes vous passé ?) ou ont accepté les paragraphes les uns après les autres. Apparemment, ils ne tiennent pas vraiment à négocier jour et nuit pour s’assurer que l’industrie fossile remporte encore une nouvelle vache à lait.
Le texte actuel n’exclue pas les «récupérations pétrolières améliorées» - RPA. C’est une méthode utilisée pour augmenter la quantité de pétrole qui peut être récupérée d’un réservoir sous-terrain. En pompant le CO2 du sous-sol, du pétrole irrécupérable jusqu’alors, peut être pompé. Chers délégués, prenez vos responsabilités. LE CSC dans les MDP n’est pas éprouvé commercialement, et est pétri d’incertitudes scientifiques. Du travail reste à fournir pour régler cette question persistante. Nous n’avons pas besoin d’un nouvel échappatoire servant à générer des crédits carbone. Avant de vous précipiter sur une nouvelle sources de millions de crédits carbones, vous devriez vous occuper de vos ORLEQ (objectifs de réduction et de limitations d’émissions quantifiées).

Renforcement de capacités – disparu sans laisser trace.

ECO se raccrochait à l’espoir que le LCA peut améliorer et revitaliser radicalement  le renforcement des capacités dans les pays en développement. Mais à mi-parcours de la COP-17, ces espoirs sont sur le point de disparaître complètement.

ECO est abasourdi. Abasourdi de voir où en est la négociation aujourd’hui. Seule explication plausible: la COP a perdu la mémoire. Il y a presque 10 ans, à la COP7, l’UNFCCC avait adopté le Cadre de Renforcement de Capacités de Marrakech dans la décision 2/CP-7. Ceux qui étaient là se souviendront que c’est la 2/CP-7 qui a fourni la clé pour reconstruire la confiance entre les pays en développement et les pays de l’Annexe 1 sur le soutien financier à la lutte des pays en développement contre les changements climatiques.

Ça vous rappelle quelque chose ? ECO pense que la situation actuelle dans la LCA est tout à fait similaire. La COP7 avait essayé de voir comment utiliser au mieux les Accords de Bonn qui avaient sécurisé quelques engagements financiers assemblés à la hâte, ainsi qu’une nouvelle architecture financière à peine définie (Fonds pour l’Adaptation, Fonds pour les Pays les Moins Avancés, Fonds Spécial pour le Changement Climatique). Etant donné l’incertitude entourant à la fois cette nouvelle architecture financière et l’échelle et la fiabilité de ses sources, la COP7 avait décidé de se concentrer sur le renforcement de capacités.

Etant donné la similarité évidente entre ces deux situations, ECO est sidéré de voir le résultat du texte de la LCA sur le renforcement de capacité. Il y a exactement un an, au milieu du sommet de Cancun, le G77 et la Chine portaient, avec vigueur, les mêmes demandes que le CAN concernant une nouvelle structure de l’UNFCCC pour le renforcement de capacités, chargée de la coordination et de l’optimisation du renforcement des capacités via un nouvel organe capable d’interagir avec les nouvelles architectures pour l’atténuation, l’adaptation, les technologies, la finance et le MRV.

Cancun a repoussé les considérations de ce type à Durban. Le mystère pour ECO est la rapidité et la facilité avec lesquelles le G77 et la Chine ont laissé tomber leur demande pour une nouvelle structure de renforcement de capacité (paragraphe 137 des Accords de Cancun). Ils sont allés jusqu’à se mettre d’accord avec l’UE et le Groupe Ombrelle concernant le fait que la vie serait tout de même tellement plus simple si Durban ne créait finalement qu’une espèce de salon de thé (« forum ») pour la revue du renforcement de capacités (paragraphe 136 des accords de Cancun), faisant ainsi d’une pierre deux coups.

ECO, de son côté, soutient toujours l’Organe de Coordination du Renforcement de Capacité (CBCB) dessiné ces deux dernières années. Mais la coalition entre PMA, SIDS, AOSIS et les pays africains, qui avaient coopéré activement avec ECO sur ce point, a disparu sans laisser trace. ECO n’a certainement pas laissé tomber. Mais il suggère avec respect au G77 et à la Chine de déterrer le texte qu’ils s’acharnaient tant à pousser l’an dernier, et de se souvenir du succès de Marrakech.

Note : Les Fonds de Bonn = promesses de 450 million d’euros chaque année de la part de l’UE, du Canada, l’Islande, la Nouvelle-Zélande, la Norvège et la Suisse, et une promesse plutôt floue du côté des USA, du Japon et de l’Australie.

vendredi 2 décembre 2011

En route pour le Mandat

ECO a longuement insisté sur la nécessité de s’accorder sur une deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto. Tous les pays développés sous le Protocole de Kyoto devraient ratifier leurs nouvelles QEROs (obligations de réduction quantifiée des émissions), avec 1990 comme année de référence et un niveau d’ambition cohérent avec une répartition équitable de l’effort pour atteindre l’objectif des 2°C maximum.
Et pourtant il est clair que le système multilateral devra évoluer dans le temps pour devenir un accord global, véritablement équitable, légalement contraignant.
Il est essentiel qu’à Durban, le mandat du AWG-LCA (ad-hoc working group on long-term cooperative action) soit clarifié et étendu pour qu’il puisse déboucher sur un accord global légalement contraignant. Ce mandat doit souligner la mise en œuvre de la Convention, en se basant explicitement sur ses principes, pour que les Parties remplissent, dans un cadre équitable, l’objectif ultime de la Convention : “stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique”.
Ce mandat doit inclure, a minima
(1)    Le résultat des négociations, qui spécifie que les Parties se basent sur et vont au-delà du Plan d’Action de Bali et qui montre que le monde se prépare à agir pour atteindre l’objectif ultime de la Convention en travaillant à un instrument et des objectifs légalement contraignants.
(2)    La réaffirmation et le respect total des principes de la Convention pour guider les négociations, qui doivent inclure l’équité, les responsabilités communes mais différenciées et les capacités relatives, ainsi que l’intégrité et la cohérence environnementales.
(3)    Date finale : ECO rejette les appels de certaines Parties pour commencer les négociations en 2015. Il reste encore beaucoup à faire pour développer des éléments essentiels sur la finance, l’adaptation, les technologies et bien entendu, l’atténuation dans l’accord légal. Il manque encore un calendrier et un objectif commun clair pour guider les négociations. La signature de l’accord en 2015 permettrait de donner du temps non seulement pour la construction d’un cadre analogue au Protocole de Kyoto, mais également pour aller plus loin dans le développement d’un contenu plus proche de celui atteint dans les 4 ans de négociations entre le Protocole de Kyoto et les Accords de Marrakech. Et l’entrée en vigueur en 2018 permettrait une réponse plus rapide face aux nouvelles données scientifiques.
(4)    Le périmètre, basé sur les acquis du Plan d’Action de Bali, l’Accord de Cancun et le Protocole de Kyoto.
(5)    Le processus pour remplir ce mandat.

ECO attend du Chair qu’il inclue ces principes dans le draft texte décisionnel qui devra sortir de la réunion “informelle informelle” de vendredi.
L’ambition peut et doit être rehaussée massivement, en particulier par les pays développés, pour qu’ils atteignent -40% d’ici 2020. Un instrument légalement contraignant sous le AWG-LCA est nécessaire pour sécuriser la participation des Etats-Unis, qui a rejeté le Protocole de Kyoto – seul instrument existant légalement contraignant pour réduire les émissions et assurer un soutien technologique et financier aux pays en développement
Le mandat devra également montrer que l’ensemble des Parties agissent selon les mêmes règles et principes. Le monde devra répondre de manière claire à l’urgence qui ressortira du 5ème rapport du GIEC. Durban doit déboucher sur un mandat pour donner un cadre commun à ces principes et réponses échelonnées à notre crise climatique.

Les jeunes et leur avenir

Hier avait lieu le Jour des Jeunes et des Générations Futures, et parmi les évènements organisés, un message est clairement ressorti :
le temps de l’inaction s’achève.
Les jeunes ont un rôle décisif à jouer dans les négociations, rôle qui a longtemps été négligé.
En tant que parties prenantes de premier ordre dans les engagements de cette conférence, les jeunes ont le droit d’exiger davantage aux négociateurs, sur le niveau d’objectifs qu’ils décident et sur le processus.
Les jeunes poussent pour des politiques qui non seulement impliquent des nécessaires réductions d’émissions, mais aussi font apparaitre les inégalités qui existent dans le système actuel.
Lors d’une rencontre intitulée “Une question intergénérationnelle”, la secrétaire de la CNUCCC Christiana Figueres  a encouragé les organisations jeunes à ne pas prendre les mauvaises habitudes des négociateurs et à rester ambitieux.
En réponse, Mokgadi Seemola, 16 ans, a littéralement abasourdi la salle en déclarant : “A cause de certaines mauvaises décisions que certains négociateurs ont prises, mon rêve s’est effondré”. La sécheresse a dévasté sa communauté sud africaine et maintenant, elle se retrouve face à la réalité des changements climatiques. Elle nourrissait les espoirs de partager le monde qui l’a vu naître avec ses enfants, mais ce n’est désormais plus possible. Ce témoignage parmi d’autres contributions poignantes de ces organisations jeunes met en lumière le besoin d’établir un lien plus étroit entre le caractère impersonnel des pourparlers et ce contexte bien réel où des hommes et des femmes font chaque jour face à ce changement climatique.
Les délégués de cette conférence ont reçu le message : il n’y a plus de temps à perdre.
Une question reste : que vont-ils faire ?

Le MRV pour les nuls (et tous les autres qui n’y comprennent rien)

La question du MRV (Mesure, Rapport et Vérification) est un point crucial de l’accord de Durban. Mais à 24h de la sortie du nouveau texte, alors que les parties travaillent dur, ECO s’inquiète de voir les éléments clés du MRV passer à la trappe.
Premièrement, retour au fondamentaux : si nous nous infligeons l’effroyable vocabulaire du MRV, c’est pour soutenir la mise en œuvre des engagements et actions, pour rassurer et s’assurer de l’intégrité environnementale du régime. C’est bien clair, non ? Mais quelques propositions pourraient mettre à mal ces objectifs.
De plus, le MRV doit respecter le principe clé de « responsabilités communes mais différenciées », refléter les différences entre pays développés et pays en développement et assurer un bon reporting pour les deux. ECO s’inquiète de voir ces principes remis en cause par certains pays en développement.
Au final, aussi décisif que soit le MRV, il fait simplement partie des mesures du Plan d’action de Bali. Le MRV doit toujours être vu comme partie intégrante des question de réduction, financement, transfert de technologies et des engagements sur les capacités de développement.
L’accord de Durban sur les MRV doit intégrer les points suivants :
- Transparence de procédure et participation des parties prenantes, incluant la possibilité de faire des contributions écrites aux experts techniques et au SBI (organe subsidiaire de mise en œuvre), de poser des question dans les sessions du SBI ouvertes aux parties et observateurs, et l’accès total à toutes les informations.
−  Des règles de comptabilisation communes sur la réduction des émissions et l’augmentation des puits de carbone pour les pays de l’Annexe 1.
− Un processus pour clarifier les hypothèses derrière les engagements des pays (GES, secteurs, année de référence, hypothèses du scénario de référence) afin d’être en mesure de calculer clairement le « fossé des émissions » et de comparer les pays de l’Annexe 1.
− Les résultats du MRV doivent arriver dans les temps et inclure assez de détails pour permettre une bonne première revue entre 2013 et 2015. Les rapports biennaux, les rapports d’actualisation biennaux ainsi que les premiers IAR (revue et suivi internationaux) et ICA (analyse et consultation internationales) doivent être effectués au plus tôt de l’année 2014.
− Les rapports biennaux et rapports d’actualisation biennaux doivent fournir assez de détails pour assurer un bon suivi global, notamment la clarification des hypothèses et les engagements et projections pour 2050, avec des étapes intermédiaires de 10 ans.
− Les équipes de la revue technique, le SBI et la COP doivent pouvoir commenter le statut de la mise en œuvre et les recommandations pour appuyer les Parties dans la mise en œuvre de leurs engagements et améliorer le reporting.
− Un processus d’obligation pour les pays de l’Annexe 1, comprenant les conséquences pour le non respect des engagements tels que la suspension de l’accès aux mécanismes de flexibilité.
− Un MRV amélioré pour la finance, via l’adoption d’un format commun de reporting dans les rapports biennaux et dans la révision future pour les principes des communications nationales.
− Un soutien renforcé aux pays en développement pour produire leurs rapports d’actualisation biennaux et leurs communications nationales, et pour participer à l’ICA.
− Les apports d’actualisation biennuaux et les communications nationales doivent inclure un résumé des activités REDD+, comprenant les actions, méthodologies, comptabilisations, garde-fous et systèmes d’information.

Qui a peur d'une entrée en vigueur provisoire?

Si seulement nous ne pouvions ressentir les changements climatiques que provisoirement !
Ces deux derniers jours, nous avons entendu un certain nombre de pays développés faire allusion à des préoccupations d’ordre constitutionnel sur l’entrée en vigueur provisoire de l’amendement de la seconde période d’engagement sous le protocole de Kyoto.
Bien que nous demandions à ces parties de soutenir un régime multilatéral, légalement contraignant et basé sur des règles de comptabilisation, nous sommes malgré tout perplexes.
ECO garde une copie de la Convention de Vienne sur le Droit des Traités au pied de son lit (pour ces nuits épuisantes après les sessions informelles) et a l’impression que l’entrée en vigueur provisoire est un outil très largement utilisé du droit international.
Une rapide recherche Google confirme cela et il existe plein de cas dans lesquels l’entrée en vigueur provisoire a été utilisée, comme par exemple :
*L’Accord International des Nations Unies sur les Bois Tropicaux de 1994, qui est entre en vigueur provisoirement dans un certain nombre de pays incluant la Belgique, l’UE, la Finlande, la France, l’Allemagne, le Japon, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Espagne et le Royaume-Uni.
*Le Traité sur la Charte de l’Energie de 1994, que l’Australie, l’Islande et la Norvège appliquent actuellement à titre provisoire (évidemment, la Russie l’a appliqué provisoirement jusqu’en 2009 - ce qui ne fait que renforcer le fait que l’entrée en vigueur provisoire est nécessaire en tant que mécanisme pour éviter un fossé mais que la ratification reste nécessaire à la fin).
*L’accord relatif à l’application de la section XI de la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer
*L’Accord International sur le Café (particulièrement important pour ces sessions de fin de soirée!)
*Un certain nombre d’accords bilatéraux, comme l’Accord de 1996 entre la Communauté Européenne et la Nouvelle-Zélande sur les mesures sanitaires applicables pour le commerce d’animaux vivants et de produits animaux (qui est entré en vigueur à titre provisoire jusqu’a son entrée en vigueur définitive en 2003) et l’Accord de 2006 entre la Communauté Européenne et la Nouvelle-Zélande sur certains aspects des services aériens.
*Et qui peut oublier la mère de toutes les entrées en vigueur provisoires -- l’Accord Général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1947 (GATT) est entre en vigueur à titre provisoire à travers le Protocole d’Application Provisoire de 1948 jusqu’à ce que l’accord de l’OMC entre en vigueur en 1995!
ECO ne comprend juste pas quelle différence existe pour le régime du changement climatique. Pourquoi ne pourrions-nous pas appliquer l’amendement de la seconde période d’engagement à titre provisoire ?
Durban doit déboucher sur un mandat pour un instrument légalement contraignant pour la LCA (l’Action Coopérative à Long-Terme). Pour un résultat équilibré, nous devons combiner du légal avec du légal - c’est pourquoi l’entrée en vigueur provisoire d’un amendement légalement contraignant sous le Protocole de Kyoto est cruciale.

jeudi 1 décembre 2011

Ouverture du Texte de Pandore

Hier le Comité Transitoire a présenté ses recommandations à la COP sur l’architecture du Fonds Vert pour le Climat. Personne n’a dit  que ce texte esquissant l’instrument financier était parfait.  Mais dans un esprit de compromis, la majorité des parties (y compris l’UE, AOSIS et le groupe PMA) ont soutenu la création du Fonds Vert. Sans surprise, les Etats-Unis refusent d’adopter le texte qui n’intègre pas ses préoccupations. Préoccupations qui ont déjà bloqué l’adoption du texte lors de la dernière réunion du Comité Transitoire. De nombreux autres pays se sont engouffré dans la brèche pour demander eux aussi la prise en compte de leurs critiques vis-à-vis de l’instrument : personnalité juridique, autorités nationales désignées, relations entre le Fonds Vert et la COP, et le rôle du secteur privé. Mais la majorité juge qu’il est dangereux de rouvrir la négociation, et malgré les imperfections du texte.
Les préoccupations soulevées par les pays sont très importantes, et il faudra effectivement y répondre. Mais renégocier le texte maintenant reviendrait à détricoter le délicat compromis obtenu à la force du poignet dans le Comité Transitoire. De nombreux parties l’ont rappelé, pour créer le Fonds, il faut une décision « chapeau » adoptant l’instrument juridique et financier, et actant les dispositions de transition. Selon ces parties, la décision chapeau pourrait permettre de résoudre certaines préoccupations majeures, et les autres seraient renvoyées au futur Conseil d’Administration du Fonds vert. Mais Singapour a alerté la COP sur le risque de cette proposition : la décision chapeau amendée pourrait endommager sérieusement les compromis issus du travail du Comité Transitoire.
Tout le monde s’accorde sur l’importance de mettre en œuvre le Fonds Vert ici à Durban. ECO soutient un processus ouvert, inclusif et transparent qui doit permettre de résoudre des préoccupations majeures. ECO rappelle que nous sommes réunis pour créer un Fonds qui répondra vraiment aux besoins des communautés pauvres et vulnérables aux changements climatiques. Enfin, ECO espère que les pays n’oublieront pas pour autant d’identifier les financements qui devront abonder le Fonds  dès maintenant et pour longtemps.

L’Afrique milite pour l’intégrité environnementale

Durant cette COP Africaine, il est admirable de voir que l’Afrique fait des propositions en vue de rétablir l’intégrité environnementale au sein du Protocole de Kyoto. Ceci fait suite à l’appel de bon nombre de Parties lors du contact groupe de Mardi sur le KP à mettre un terme aux échappatoires et à répondre aux questions d’intégrité environnementale.
Concernant la question de l’air chaud (surplus de quotas d’émissions), le Groupe Afrique propose deux choses. Premièrement, que les pays ne puissent pas reporter, dans la 2ème période d’engagement, plus d’1%  du montant de quotas d’émissions (UQA) attribué à chaque partie pour la 1ère période d’engagement. Deuxièmement, que sur cette quantité excédentaire reportée, 50% des revenus issus de la vente aillent abonder le Fond d’Adaptation. Dans les négociations LULUCF sur la comptabilisation des émissions liées à la gestion des forêts et des sols des pays développés, le groupe Afrique propose de réduire le nombre de crédits gratuits obtenus par les pays pour gérer leurs forêts. A la recherche d’un compromis, la proposition n’élimine peut être pas tous les échappatoires LULUCF mais représente néanmoins une avancée dans la bonne direction.

Bien que ces propositions ne soient pas parfaites, ECO reconnait ces efforts importants faits par le Groupe Afrique pour développer un compromis qui nous conduit vers l’intégrité environnementale durant la période d’examen et dont la modification pourrait renforcer l’ambition de mi-mandat.
Selon le dernier rapport du PNUE sur le fossé entre les émissions et l’objectif global, le report de la totalité des UQA excédentaires représente entre 8 et 11 gigatonnes. Et les règles trop faibles du représentent potentiellement une augmentation des émissions de 6 gigatonnes entre 2012 et 2020. Il est essentiel de régler ces deux questions si  le protocole de Kyoto veut  statuer pour le climat.

Revue de l’AMBITION : trop charger la barque reviendrait à la couler.

Suite à la première réunion informelle et préoccupante sur la révision périodique de l’ambition globale (« la Revue »), ECO rappelle que la planète a besoin d’une revue qui permette d’accroître l’ambition, limiter le réchauffement global sous les 2°C et de ne pas fermer la porte à l’objectif d’1,5°C.
Pour ECO, la revue doit se concentrer sur la pertinence de - et le chemin vers - l'ambition globale et long-terme. Limiter le champ de la Revue  – comme cela a été décidé à Cancun – est notre meilleure chance d’obtenir des résultats ambitieux, indépendants et objectifs qui permettront ensuite d’enclencher les actions ambitieuses d’atténuation dont le monde a si désespérément besoin.

Nous sommes de tout cœur avec les pays frustrés par le non-respect des engagements d’atténuation pris jusqu’à aujourd’hui. Mais la Revue doit avant tout permettre d’évaluer la pertinence de l’ambition globale de réduction nos émissions. Il existe d’autres enceintes de négociation pour réviser les moyens de mise en œuvre des engagements, en particulier la Revue financière sous le LCA.
Il y a mille façons de gérer la Revue, et il est important de rappeler son objectif initial : s’assurer que les gouvernements adoptent des objectifs de réduction en ligne avec la science, et s’accordent sur des engagements ambitieux à la COP21 en 2015.

Pour l’instant, pas question de se disperser, de cacher la Revue en bas de l’agenda, ou carrément de la prendre en otage. Nous devons faire mieux que ça. ECO lance l’alarme : les Parties qui veulent trop charger la barque de la Revue risquent tout simplement de la couler.

Pertes & dommages : paver la voie jusqu’au Qatar

Le “fossé des émissions” mis en lumière par le récent rapport du PNUE en laisse transparaître un autre : celui de l’ambition – et cela a de lourdes conséquences. Si les pays n’augmentent pas leurs efforts individuels et collectifs, les pertes et dommages dus aux impacts des changements climatiques seront de plus en plus importants.
Il y avait une bonne ambiance dans la salle du groupe de travail informel sur le programme Pertes & dommages quand le Chair a distribué le draft text du groupe informel de lundi. ECO espère que ces activités favoriseront une avancée constructive entre les parties sur ce point. Les Parties doivent s’assurer, lorsqu’ils prévoient les réunions d’experts et les ateliers, que les parties prenantes peuvent y participer.
Cependant, les parties ne doivent pas perdre de vue l’objectif final. La COP18 (Conférence des parties) doit absolument avancer et apporter une réponse internationale aux Pertes et dommages à un autre niveau. Ainsi, toute décision à Durban doit expliciter cet objectif. Les pertes et dommages liées aux changements climatiques vont s’aggraver en raison du manque d’ambition des pays développer.
Les Parties doivent indiquer clairement qu’elles avanceront de manière substantielle sur les pertes et dommages à la COP 18, par exemple via la création d’un mécanisme. La direction à suivre comprend  un ensemble d’activités essentielles accompagné d’un calendrier, qui permette d’identifier clairement les avancées potentielles pour la COP18.
Le public remerciera les Parties d’agir sérieusement sur les impacts du changement climatique.

Le G20 a besoin d’un serieux coup de vert

Le Mexique récupère aujourd’hui de la France la présidence du G20. Lorsqu’ECO a appris que le président Calderon voulait laisser un héritage vert et qu’il avait mis la « croissance verte » et la « finance climat » à l’agenda du sommet de Los Cabos (17-18 juin 2012), nous avons été intrigués.
Comme nous le savons tous, les dirigeants font beaucoup de promesses, mais le G20 a jusqu’ici échoué à faire ses devoirs. Il n’y a pas de solution saine et durable à la crise qui soit en vue, tandis que les leaders du G20 n’ont pas tenu leur promesse de supprimer les subventions aux énergies fossiles.
En réalité, le G20 n’a pas fait grand-chose de plus que de faire illusion en ce qui concerne la crise climatique. De façon cruciale, il n’a jamais affirmé le besoin de limiter le réchauffement en-dessous du niveau dangereux de 2°C, ni celui d’une équité climatique, ni celui d’une ambition partagée de diviser par deux les émissions globales d’ici à 2050.
Le seul programme de travail du G20 qui a fonctionné rapidement - en grande partie invisible aux yeux de la société civile et sans la nécessaire supervision parlementaire - a été le Plan d’action pour le développement, lancé au sommet du G20 de Séoul en 2010.  Dans ce plan, le G20 engage les pays en développement non-membres dans une voie de croissance économique non-soutenable, largement insensible aux objectifs de développement du millénaire et aux besoins de mitigation et d’adaptation au changement climatique.
Comment se peut-il que les mêmes gouvernements qui professent leur engagement pour une transformation climatique à Durban, demandent aux banques de développement multilatérales qu’ils contrôlent de lancer une initiative écologiquement désastreuse en matière d’infrastructures et de préparer un plan d’action pour l’alimentation et l’eau, qui les débarrassent tous les deux de leurs responsabilités sur des partenariats publics-privés ?
Le sommet de Rio 2012, en célébrant le 20ème anniversaire de la signature de la convention-cadre sur le changement climatique, poursuivra sur la lancée du sommet du G20 de Los Cabos. ECO encourage le gouvernement mexicain et les autres membres du G20 à articuler davantage leur vision pour une « croissance verte » et à spécifier de quelle façon les programmes et les plans d’action du G20 déjà existants peuvent commencer à contribuer à cet objectif, en mobilisant des sources financières innovantes pour les financements requis. Une tâche difficile ?
Allons, ce n’est rien en regard de la pagaille financière dans laquelle nous sommes en train de nous enfoncer.

Captage carbone cherche légitimité (désesperement)

La question de l’éligibilité des projets de Captage et Séquestration de Carbone (CCS) au Mécanisme de Développement Propre (MDP) a été ouverte dans le cadre du SBSTA aujourd’hui. ECO attendait avec une certaine curiosité comment ses défenseurs les plus acharnés allaient expliquer les « dernières tendances » du secteur ces derniers mois, telles que la multiplication d’abandons de projets au Royaume Uni, Allemagne, Pays-Bas, Danemark, Finlande, Australie et USA.
Entre autre, il y a eu ce conflit entre ScottishPower et Shell d’un côté, le Trésor britannique de l’autre, parce que les premiers exigeaient une augmentation des financements publics de 1.5 milliard de livres sterling, pour la construction d’une centrale thermique au charbon avec CCS. De son côté, le gouvernement australien a dû batailler sur le front juridique pour récupérer une partie de l’investissement public englouti dans un projet avorté, qui devait constituer la vitrine du CCS dans ce pays. La société norvégienne spécialisée dans le CCS, Aker Clean Carbon, a fait faillite ce mois-ci, son PDG déclarant que le marché avait disparu. Quant à l’UE, elle est à des années lumières de son objectif de réaliser 12 projets CCS innovants en 2015.
Pourtant, ici à Durban, les lobbyistes de l’industrie n’ont pas remisé leurs slogans de représentants de commerce : le CCS est une importante technologie d’atténuation, qui contribuera au développement durable des PED, fournira de l’électricité aux plus pauvres, et surtout, les pays les plus allants recevront une belle part du gâteau des MDP… Et ECO constate qu’à défaut de capter du carbone, ils parviennent à capter l’imagination de nombreux pollueurs…
Mais il se trouve qu’ECO connaît deux ou trois choses à propos du CCS que l’industrie n’a pas très envie de vous dire.
Contrairement à d’autres projets MDP, le CCS ne crée pratiquement pas de valeur ajoutée dans les pays hôtes. Le CCS est extrêmement consommateur d’énergie, nécessitant jusqu’à 40% de charbon supplémentaire pour capturer le CO2, ce qui, du coup, fait grimper le prix de l’électricité de 91% d’après le Massachusetts Institute of Technology. Le CCS entraîne la création de sites de séquestration qui vont devoir être soigneusement (et chèrement) surveillés et entretenus pendant des décennies, voire des siècles, bien au-delà de la période d’utilisation des crédits et d’encaissement des profits pour l’investisseur. D’ailleurs, les pays hôtes doivent assumer la totale responsabilité des déchets du CCS, prenant le relai de la compagnie tout juste 20 ans après la fermeture du site.
Dans le World Energy Outlook 2011, l’IEA prévoit que 1% seulement de la capacité installée en combustibles fossiles sera équipée en CCS d’ici 2035. En d’autres mots, le CCS est insignifiant en matière d’atténuation.
Le CCS dans le MDP, cela signifie l’exportation de technologies risquées et non éprouvées vers les pays en développement, en jouant sur l’illusion qu’une solution climatique existerait aujourd’hui qui justifierait la prolifération des centrales au charbon. Ce qu’ECO voit ici à Durban, c’est une industrie en faillite, qui recherche désespérément auprès des PED une légitimité qu’elle n’a pas su gagner dans les pays de l’Annexe I.