mercredi 30 novembre 2011

UE : Lève-toi et engage-toi

Où en sont vraiment Connie Hedegaard et l’Union Européenne (UE) ?
ECO a appris au détour d’une salle secrète dans le parking de l’ICC que l’Europe pousse maintenant ses 27 États-membres vers une période d’engagement du second Protocole de Kyoto de 8 ans. Qu’est ce qui s’est passé ?
Pourquoi tant vouloir tant retarder l’action ?
En préférant une période d’engagement de 8 ans, l’Europe repousse la signature d’un accord ambitieux et légalement contraignant au plus tôt à 2021 !
Alors chère Europe, de quel côté es-tu ? Es-tu avec ceux qui veulent voir retarder une action globale au delà de 2020 ? Et quand fixes-tu l’année du pic des émissions ?
Les pays vulnérables encouragent, à juste titre, une seconde période d’engagement de 5 ans. Le processus des négociations doit refléter l’urgence de la réalité des changements climatiques. ECO convient que 2020 est une date facile à retenir, mais cette date repousse à bien trop tard la prise d’une décision importante dans un contexte de renforcement des changements climatiques…enfin, pour ceux qui ne sont pas déjà frappés par ces changements, ces récoltes détruites, ces tempêtes et inondations.
Europe, de quel côté es-tu ?
Pour rappel, ECO soutient fermement le vœu de l’Europe de lancer les négociations sur un accord légalement contraignant pour signature au plus tard en 2015. Cet accord devrait être opérationnel en 2018. Une période d’engagement de 5 ans rendrait la demande de l’UE plus crédible et plus convaincante. Et nous pouvons espérer que cela incite les autres parties autour de la table à réaliser à quel point leur actuel niveau d’ambition est dangereux.
Europe, tu dois soutenir les pays vulnérables pour défier ceux qui veulent geler les réductions pour la décennie. Et surtout, ne répète pas les erreurs du passé, en ralentissant les négociations à cause du manque d’action des États-Unis. Cette excuse ne tient plus. 

États-Unis : Arrêtez les bobards !

Beaucoup avaient vu en Obama un souffle d’air frais pour la politique climatique américaine. La science dit que les changements climatiques sont causés par l’activité humaine et que c’est urgent.
Hier, les EU ont confirmé leur démenti sur la deuxième proposition.
Les EU ont reçu un Fossile du Jour pour des déclarations sur la science du changement climatique émise par Jonathan Pershing, le Représentant Spécial des EU, à son premier point de presse ici à Durban.
Pershing est un scientifique lui-même et a été impliqué dans le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, mais il a affirmé de manière peu vraisemblable que les objectifs de réductions actuels étaient suffisants pour éviter de dépasser l’augmentation de température de 2 degrés.
Dans le détail, sont message indiquait que les Etats-Unis confortent leur position qui considère que éviter le changement climatique n’est pas assez urgent pour nécessiter davantage d’engagements au sein de la CNUCC.
Le désengagement des EU  vis-à-vis des efforts climatiques mondiaux s’est d’abord manifesté par la réduction beaucoup plus faible de leurs objectifs, ainsi que par le refus d’en faire une obligation. L’objectif de 17 % avant 2020 (par rapport à 2005) est si faible que l’élan pour le réaliser peut déjà avoir été respecté même sans la prise en compte d’une politique climatique complète, en raison de la récession et de l’augmentation relative du coût de l’électricité lié au charbon.
En disant que les EU s’inquiètent seulement des engagements pris après 2020, les négociateurs de l’Administration Obama disent que leur patron n’a pas besoin de traiter cette question dans la mesure où il ne sera pas en fonction après 2016 (à supposer qu’il soit élu pour 4 nouvelles années).
Or, dans sa campagne de 2008, le Président Obama a promis d’être un leader sur la question des perturbations climatiques mondiales.
Mais les attentes sont maintenant tombées si bas que tout ce que nous pouvons demander est que les EU acceptent quelques concessions très raisonnables aux négociations - par exemple, sur un mandat d’engagements lié à un accord légalement contraignant d’ici 2015. Cela donnerait au monde quatre années supplémentaires, en plus du Plan d’Action de Bali, accepté par l’administration Bush, qui en a donné deux.  Le climat ne peut pas attendre.
Le monde ne peut certainement pas être encore tiré vers le bas par une autre administration américaine dans le déni.

Brésil: Protège tes forêts!

Alors que le monde tente de trouver des moyens de réduire les émissions mondiales, le Brésil est sur le point d’armer une véritable «bombe carbone». Un projet de loi modifiant la loi forestière du pays est en passe d’être approuvée, résultant de l’augmentation de la déforestation par la réduction des zones protégées, la suppression des obligations pour la restauration des zones déboisées, et l’excuse donnée aux bûcherons.
Le projet de loi sera envoyé à la présidente Dilma Roussef pour examen final dans les prochaines semaines.
Cette modification proposée compromet la politique nationale sur le changement climatique et les actions de réduction des émissions annoncées par le Brésil en 2009 lors de la COP 15.
Par ailleurs, le Brésil a utilisé la réduction du taux de déforestation pour justifier une position de leadership sur les questions environnementales. Pourtant, la seule anticipation d’approbation du projet de loi a déjà provoqué une augmentation de la déforestation. Une des conséquences prévisibles, c’est qu’une superficie presqu’équivalent la taille de la France et la Grande-Bretagne combinées (790 000 km2), perdra toute protection juridique, selon les estimations présentées par le gouvernement brésilien lui-même. Les impacts négatifs sur le climat de la planète seront incroyablement élevés, quand on sait que la déforestation et l’utilisation des terres représentent environ 75% des émissions de CO2 des brésiliens.
Vu que le Brésil sera l’hôte de la Conférence Rio +20 l’année prochaine, la situation devient encore plus délicate et embarrassante. Dans les couloirs ici à Durban, ces développements sont à l’origine d’une consternation considérable. La loi forestière a été un sujet chaud lors de la première conférence de presse du Brésil à la COP 17, et la discussion s’est poursuivi en dehors de la salle de réunion.
Le Brésil a une prééminence historique dans les négociations climatiques. Par conséquent, il est raisonnable d’être en attente d’un message clair envoyé par la présidente Dilma Roussef au monde montrant que le Brésil respectera les engagements annoncés à Copenhague, évitant d’entacher le prestige du pays et un retour en arrière dans sa politique environnementale. Il appartient au Président de déterminer si elle arrête la Loi sur les forêts proposée ou embrasse une tragédie imminente.

Subventions fossiles: se cacher derrière l’évidence

Vous cherchez à combler le gigatonne gap? Éliminez les subventions aux combustibles fossiles!
En route vers Durban, ECO relisait quelques articles précédents ayant eu l’honneur d’être publiés. Un article particulièrement frappant et émouvant fut écrit à Bonn en juin 2011. Son titre: «Engagements des pays développés au sujet de la finance en 2013 dans le cadre de la CCNUCC». Texte de l’article: «0 ».
Il est également frappant de voir combien d’articles ont été écrits sur la nécessité d’éliminer le gigatonne gap et de rester aussi loin que possible sous la barre des 2°C. Si seulement il y avait un moyen de faire d’une pierre deux coups  - oh, attendez, le voici - éliminer les subventions aux combustibles fossiles!
L’OCDE a récemment estimé qu’au cours des dernières années, 45 à 75 dollars milliards de dollars américains avaient été octroyés annuellement en subventions au sein de ses pays membres. Et dans son rapport World Energy Outlook 2011, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) trouve également un autre 400 milliards en subvention à la consommation.
Imaginez si une partie de ce montant avait été utilisée pour soutenir les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, l’adaptation et d’autres mesures liées au climat dont nous avons si désespérément besoin? La capitalisation du Fonds vert serait un vrai jeu d’enfant!
Quant au gigatonne gap, un rapport conjoint de l’AIE, l’OCDE, la Banque mondiale et de l’OPEP (oui, vous avez bien lu) a démontré que l’élimination des subventions à la consommation de combustibles fossiles pourrait à elle seule réduire les émissions de gaz à effet de serre de 6,9% en 2020. C’est «plus que Kyoto» et seule une partie des subventions aurait besoin d’être éliminée. (Bien sûr, pour apaiser les inquiétudes sur l’accès à l’énergie, toute élimination progressive des subventions à la consommation dans les pays en développement doit être pris en charge par la finance destinée au climat en appuyant bien sûr les formes renouvelables d’énergie - même si nous savons aussi que les subventions à la consommation sont socialement régressives avec seulement 8% des 400 milliards de dollars atteignant les 20% plus pauvres, selon l’AIE).

Il est donc passionnant de voir que «la suppression des subventions aux combustibles fossiles et/ou des rapports de celle-ci» est répertoriée comme un moyen d’augmenter le niveau d’ambition des Parties dans les «enjeux liés aux par. 36-38» du texte. Comme ECO l’a souligné à maintes reprises, les cibles actuelles et les actions engagées par les Parties sont insuffisantes pour maintenir le réchauffement au-dessous de 2°C, et encore moins 1,5°C.
Malheureusement, il semble que le gigatonne gap ne sera pas complètement rempli à Durban. Il est donc essentiel que les cibles et les actions visant à combler le fossé envisagent l’élimination progressive des subventions aux combustibles fossiles.
L’élimination des subventions aux combustibles fossiles peut aussi contribuer aux efforts déployés par les pays en développement pour voir apparaître un changement important à leur niveau d’émissions d’ici 2020, de nouveau à la condition d’un financement qui assurerait l’accès à l’énergie pour tous. ECO s’attend à voir ce lien inscrit de manière évidente dans le texte de décision adopté à la CdP ici à Durban. Les négociateurs MRV (un indice!) pourraient également souhaiter s’inspirer de l’inventaire de l’OCDE sur les subventions aux combustibles fossiles et voir comment cette méthode pourrait être intégrée et améliorée dans les rapports de la CCNUCC.

Et PAN ! On se réveille !

Alors que les Parties commencent à ressentir le manque de sommeil à la COP, elles auraient peut-être besoin de se faire réveiller par un “PAN” ! Mais ECO sait qu’elles ne s’endormiront quant il s’agira de prendre une décision sur les Plans d’Adaptation Nationaux (PANs). Durban doit accoucher d’une décision qui formalise ce processus et qui donne les principes et modalités pour que les PMA et pays en développement puissent bénéficier de ce processus, en identifiant clairement le rôle, la responsabilité et les fonctions que l’UNFCCC soutiendra et facilitera.
Le format spécifique des Plans et Stratégies d’Adaptation Nationales doit être décidé par chaque pays, y compris en ce qui concerne le choix de créer un plan d’action à part ou d’incorporer les besoins et actions en matière d’adaptation dans les plans existants de lutte contre le changement climatique ou de développement. Le processus global ne doit pas être prescriptif. Il doit autoriser une planification et une mise en œuvre nationales, flexibles, itératives et guidées par les besoins du pays. Il est toutefois important de prendre en compte un certain nombre d’éléments dans le développement des principes pour que les PANs répondent aux besoins essentiels.
La décision sur les PANs doit comprendre une élaboration des principes inclus dans le paragraphe 12 de 1/CP.16 afin de soutenir une approche genre, répondant aux besoins du pays, participative et transparente, qui prenne en compte les groupes, communautés et écosystèmes vulnérables. Ces principes permettent d’assurer que l’élaboration et la mise en œuvre des PANs permettre d’aider les plus vulnérables, par exemples au travers d’une étude de vulnérabilité qui identifie et priorise les groupes, communautés et écosystèmes les plus vulnérables.
Le processus doit aussi inclure des consultations robustes et des approches participatives, afin d’identifier les besoins et préoccupations réels des communautés les plus vulnérables. Les PANs doit prendre en compte le genre, les écosystèmes et leurs services rendus et faciliter les synergies avec d’autres cadres multilatéraux.
En ce qui concerne les modalités, ECO estime que la décision sur les PANs doit souligner les liens entre les différents corps impliqués, en particulier le groupe d’experts des PMA, le Comité sur l’Adaptation et le Programme de travail de Nairobi, afin de permettre l’échange d’informations et de bonnes pratiques.
Les modalités doivent comprendre des opportunités pour renforcer les capacités à niveaux national, local, et de la société civile.
Il est important que ces modalités soient bien faites. Toutefois, ECO souhaiterait rappeler aux pays développés que les pays et communautés vulnérables ne peuvent pas s’adapter aux impacts des changements climatiques (qu’ils n’ont pas causés) sans soutien. Ils doivent pouvoir avoir confiance dans la volonté des pays développés de dégager des financements pour les PANs, via le Fonds pour les PMA (pour la planification et les projets dans les PMA), le Fonds pour l’Adaptation (pour les projets) et potentiellement le Fonds Vert.

MRV: Transparence opaque ou participation réelle ?

ECO est heureux que la plupart des Parties voient Durban comme le moment d’adopter les principes et modalités essentiels sur la question clé du MRV (Measurable, Reportable, Verifiable). Mais nous sommes surpris que ne soit faite à peu près aucune mention de la participation des parties prenantes  dans le texte du 18 Novembre. Rappelez-vous que la participation des parties prenantes n’est pas nouvelle pour l’UNFCCC et qu’elle doit faire partie des provisions pour IAR et ICA. Le texte doit comporter trois éléments clés.  Les réunions sous le SBI doivent être ouverts aux parties prenantes et autoriser leurs questions à la fin du meeting, ou, tout au moins, à l’écrit par avance.

Les parties prenantes doivent pouvoir envoyer des soumissions avant l’analyse technique et la discussion entre les Parties, doivent être compilées dans un rapport comme input additionnel.  Les ONGs, les entreprises, les universités et les collectivités locales, entre autres, disposent d’informations utiles, qui permettraient notamment de prendre en compte plus d’efforts réalisés par le pays, de partager les expériences et d’identifier les opportunités complémentaires d’atténuation. Après la revue, les parties prenantes pourraient également aider le pays à se préparer au prochain rapport et à identifier le soutien nécessaire en matière de finances et de renforcement des capacités.

Enfin, tous les inputs et outputs du processus IAR et ICA devraient être rendus public : rapports des experts techniques, transcription des discussions entre les Parties et outputs du SBI. L’UNFCCC rend déjà publics les documents et soumissions des Parties et parties prenantes sur son site Internet. Alors suivons ce précédent ! Rappelez-vous : la transparence est l’un des objectifs des processus IAR et ICA sous la décision 1/CP.16 Par ailleurs, la Convention comme les Accords de Cancun comprennent un engagement à associer les parties prenantes. Enfin, 6 mois avant Rio +20, faut-il rappeler que la Déclaration de Rio sur l’Environnement et le Développement établit que la participation publique et l’accès à l’information sont essentiels en matière d’environnement ?

L’Afrique doit faire sa part

On sait tous que le monsieur que je n’ai pas envie de nommer ici n’a jamais ratifié le protocole de Kyoto, on sait tous que c’est compliqué de lui faire entendre raison, car il refuse de se remettre en question. On sait que, pour l’Afrique, Kyoto est le seul instrument juridiquement contraignant au niveau international qui permettrait de lutter efficacement contre les changements climatiques, on sait qu’il pourrait encore être mis à mal par les récentes déclarations du Canada. ECO suppose donc que tout le monde sait que tout dans la vie est une question de causalité. Tout est lié pour ainsi dire.
 Sans protocole de Kyoto, pas d’accord mondial légalement contraignant et sans accord légalement contraignant, il sera impossible de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
Cela aurait, chers négociateurs, une incidence inacceptable sur la vie de nos peuples africains.
Durban doit permettre de sauver le protocole de Kyoto et les Africains ne doivent pas accompagner ceux qui veulent sceller sa mort. Une deuxième période d’engagement de 5 ans peut et doit être adoptée ici à Durban. Les décideurs Africains font déjà des efforts pour obtenir de bonnes avancées sur les questions en débat, mais les populations ne sont pas satisfaites. Alors Messieurs les négociateurs, il est de votre devoir de faire preuve d’ambition et  de leadership pour nous éviter les pires impacts du dérèglement climatiques et les souffrances qui l’accompagnent.

Ange-David Baimey
Réseau Climat & Développement

mardi 29 novembre 2011

*?)%!#* de Canada !

On pensait que la Canada avait touché le fond.
Mais voilà que des sources fiables nous indiquent qu’avant la fin de l’année, le Canada va formellement se retirer du Protocole de Kyoto. Cela ne pourra être considéré comme une défiance vis à vis des négociations sur le climat, dont la plupart des parties reconnaissent qu’il est urgent d’agir sur le changement climatique notamment via l’engagement dans une seconde période du protocole de Kyoto.
Avec l’intention d’abandonner Kyoto le mois prochain, le Canada fait figure de piètre négociateur ici à Durban. Les pays doivent demander au Canada pourquoi il s’assoit à la table des négociations sur Kyoto alors qu’il fomente un plan pour s’échapper du Protocole. Ils doivent demander à connaitre la position du Canada, et s’ils prévoient vraiment de laisser le monde tomber, ils doivent quitter la table sur le champ.
Le Canada est fidèle à son rôle de “boulet des négociations” ces dernières années. Cette nouvelle traîtrise n’est donc pas une surprise. Alors que les signaux d’alerte sur les risques liés au climat se multiplient (et viennent même de l’Agence Internationale de l’Energie), la position du Canada est à la fois dangereuse et immorale.
Canada agit au nom de pollueurs, et non de personnes. Il n’est un secret pour personne que la stratégie énergétique du Canada est centrée sur l’extension rapide de la production de sables bitumineux, en essayant de tuer les énergies propres au passage.
Hier, des militants du monde entier ont protesté contre les efforts du Canada pour ouvrir les marchés aux énergies sales, aux dépens du climat. Au Canada, les activistes de Greenpeace ont utilisé des feux de détresses en LED pour écrire CLIMATE FAIL («échec climatique») en grandes lettres devant le Parlement – un message d’autant plus fort compte tenu des révélations d’hier.
D’autres manifestations se sont déroulées dans des grandes capitales comme Paris, Berlin, Oslo ou Stockholm ou devant le Département du Transport anglais qui soutient l’autorisation d’exploiter les sables bitumineux en Europe.
Le plan du Canada est une insulte lancée à la face de la communauté internationale. Le Canada s’empêtre de plus en plus dans son rôle  de pays qui, non seulement refuse de prendre des actions concrètes sur son sol, mais aussi a perdu la confiance et le respect de la communauté internationale ici à Durban et partout dans le monde.

PNUE : Combler le fossé

De nombreux délégués, l’an dernier, à Cancún, n’ont pas noté l’éléphant qui se venait se glisser dans les salles de réunion et les couloirs. Aujourd’hui, cet éléphant est arrivé à la COP17 – et il est encore plus gros.
La semaine dernière, le PNUE a publié une version mise à jour du rapport sur le fossé entre les niveaux d’engagements actuels et les objectifs nécessaires de réduction des émissions - “The Emission Gap report”. Encore une fois, le PNUE conclut que d’ici 2020, les émissions mondiales doivent être réduites de 44 Gt si l’on veut rester sur une trajectoire crédible pour ne pas dépasser les 1,5°C, ou même les 2°C.
Premièrement, la mauvaise nouvelle :  le PNUE estime que le fossé entre ce qui est nécessaire et ce qui est mis sur la table est encore plus grand que l’an passé. Même si tous les pays atteignent le plus haut de leurs engagements, et que tous les échappatoires sont éliminés, le fossé sera de 6 Gt en 2020 – soit autant que les émissions des Etats-Unis.
Dans le monde réel, il est plus probable que ce fossé soit de 11 Gt environ. Les pays développés restent bloqués sur des engagements faibles, conditionnels, et affaiblis par de nombreux échappatoires. De fait, selon le PNUE, les engagements actuels combinés aux règles laxistes de comptabilisation les émissions des pays développés seront à peine moindres que celles du scénario «laissez-faire».
Mais le rapport donne aussi une bonne nouvelle. Le PNUE indique qu’avec une action forte dès aujourd’hui, il est possible de faire encore plus que combler le fossé, sans innovation technologique majeure ni coût prohibitif. Comment ?
En développant largement l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. En mettant un coup d’arrêt à la déforestation. En améliorant les politiques de gestion et de traitement des déchets et les pratiques agricoles. 
Et en agissant sur les secteurs actuellement non régulés du transport international maritime et aérien.
Afin de rendre possibles ces solutions pratiques, il est nécessaire de rehausser les niveaux d’ambition. Tous les pays peuvent et doivent faire plus. Mais, ce sont en premier lieu les pays développés qui doivent le faire.
Les Accords de Cancun reconnaissent que les objectifs des pays développés doivent se situer entre entre -25% et -40% par rapport à 1990. Pour ECO, l’ambition doit aller au-delà de -40% si l’on veut vraiment respecter le 2°C – sans même parler du 1,5°C, indispensable pour la survie des petits états insulaires.

Dans un monde rationnel, à Durban, les pays écouteraient les barrissement de l’éléphant et rehausseraient, ici et maintenant, leurs objectifs de réduction. ECO garde donc espoir.
Utilisation des terres, changement d’affectation des sols et foresterie. Le PNUE indique que les règles de LULUCF actuelles pourraient contribuer à hauteur de 0,6 Gt au gigatonnes gap. Ces règles permettraient aux pays développés d’augmenter leurs émissions liées à la foresterie tout en réclamant des crédits. Les parties doivent changer ces règles et se concentrer sur des options de comptabilité intègres environnementalement.
Surplus de quotas. L’utilisation des surplus de quotas issus de la première période d’engagement pourrait se traduire par une augmentation de 2,9 Gt du niveau global des émissions d’ici 2020, selon le PNUE. Il est essentiel d’élaborer des règles robustes pour prévenir ou minimiser le report de ces surplus.
Le double comptage des émissions évitées.   aux côtés des objectifs des pays développés et des engagements des pays en développement pourrait, combiné aux émissions faussement évitées, augmenter le fossé de 2 Gt. Les gouvernements peuvent et doivent exclure cette possibilité une fois pour toutes.

Ici, à Durban, les gouvernements doivent s’accorder sur un processus robuste pour reconnaître formellement, quantifier et combler le gigatonne gap.
Ils doivent également s’accorder pour inclure dans la Vision Partagée l’année 2015 comme année de pic des émissions. Enfin, ils doivent se mettre d’accord sur une deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto, en parallèle d’un mandat pour conclure un accord global et légalement contraignant au plus tard en 2015, pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2018. Ce pas de temps permettrait de ne pas exclure la possibilité d’atteindre le pic des émissions dans les temps.

Les délégués devraient prêter oreille aux sages proverbes africains. “Un homme qui se fait piétiner à mort par éléphant est un homme aveugle et sourd.” Ou bien, de manière plus positive : “ Quand un éléphant devient aussi petit qu’un singe, il cesse d’être un éléphant.”
Pour en savoir plus sur le rapport du PNUE “Bridging the Emissions Gap”, rendez-vous au side-event du PNUE jeudi 1er Décembre au Pavillon Africain.

lundi 28 novembre 2011

Au menu du Comité d’adaptation...

ECO a quelques bonnes suggestions pour terminer  la COP17 avec un paquet «adaptation» complet. A commencer par le Comité d’Adaptation (CA) négocié sous l’AWG-LCA.  Le projet de texte de décision rédigé à Panama en est la base.

Le CA doit être rendu opérationnel et commencer ses travaux dès que possible, et il serait utile que les Parties proposent des candidats à Durban.  Les Parties devraient s’entendre sur un rôle fort du CA, sous la direction et l’autorité de la COP, et lui permettre de rapporter directement à la COP, plutôt qu’à travers le seul SBI (Organe subsidiaire de mise en œuvre).

Alors que la prise en compte du SBI pourrait être productive, par exemple pendant les sessions de Bonn, lorsque la COP ne se réunit pas, le SBI ne doit pas devenir l’organe de surveillance du CA.  La section traitant de sa composition propose deux membres consultatifs issus de la société civile du Sud et du Nord. Il importe peu de savoir quelles sont les Parties qui ont fait cette proposition, nous encourageons plutôt les délégués à considérer la valeur d’une implication significative de la société civile. De nombreux exemples viennent soutenir cette proposition. Dans le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, des représentants de la société civile sont membres à part entière du CA et ont un droit de vote.

Le Comité sur la Sécurité Alimentaire de la FAO est doté d’un mécanisme qui permet de sélectionner des organisations de la société civile (OSC) issues de différentes parties prenantes (pêcheurs, agriculteurs, éleveurs, paysans sans terre, etc.), leur donnant un accès complet et le droit de s’exprimer (sans droit de vote pour autant) dans les procédures du Comité. Actuellement, il existe 4 membres issus des OSC, ainsi que certains autres issus du secteur privé.
Par ailleurs, il serait profitable d’assurer que les PED aient la majorité au CA, avec des sièges spécifiques pour les PMA (Pays les Moins Avancés) et les PEID (Petits Etats Insulaires en Développement), ainsi que l’équilibre des sexes. Enfin, les Parties devraient s’assurer que le CA puisse fournir des recommandations à d’autres institutions, y compris celles mettant en oeuvre les mécanismes financiers, contribuant ainsi à une approche plus cohérente de la question de l’adaptation et à une application élargie des conclusions et de l’expérience recueillie par le CA.

LULUCF: Avec ceci ? Ce sera tout ?

L’un des principes les plus importants de la négociation climat est celui de “responsabilité commune mais différenciée” (CBDR en Anglais) : dans un effort commun pour réduire les émissions mondiales, les Parties de l’Annexe I ont une responsabilité historique et doivent faire preuve de leadership dans la réduction de leurs émissions.
Plus précisément, pour avoir une chance de limiter le réchauffement climatique bien en deçà de 2°C, ils doivent réduire d’au moins 40% leurs émissions d’ici 2020 par rapport à 1990. Les pays en développement doivent quant à eux s’engager sur la voie d’un développement sobre en carbone qui leur permette de dévier rapidement leurs émissions par rapport à leur scenario tendanciel. Pouvez-vous alors m’expliquer comment les Pays de l’Annexe I justifient l’utilisation d’une approche de déviation par rapport à un soit disant scénario tendanciel (BAU) pour comptabiliser leurs efforts dans le secteur de la foresterie?
La plupart des scénarios tendanciels sur lesquels se basent leurs estimations de réduction sont faux et largement surestimés : encore pire qu’une approche laissez-faire «réelle » pour ainsi dire. Bref, un scandale!
Comment m’expliquez-vous que les Ministres et les chefs de délégation des pays de l’Annexe I aient permis à un secteur entier de passer au travers des mailles du filet et ainsi d’éviter qu’il contribue à sa juste valeur aux efforts de réduction ? Il s’agit tout simplement de savoir si le secteur forestier contribue ou non à régler le problème ou s’il en fait partie.
Comment m’expliquez-vous cette hypocrisie des Parties de l’Annexe I qui, d’un côté, ne se fixent aucune ambition pour leurs propres forêts et, de l’autre, passent leur temps à appeler à des actions ambitieuses au travers de leurs récentes soumissions sur le mécanismes REDD+ pour les forêts au Sud?
La bonne nouvelle c’est qu’il est encore temps, à Durban, de rectifier le tir car de bien meilleures options existent pour le texte LULUCF. Ces dernières ne peuvent en tout cas pas être pire que l’approche inacceptable prônée par les pays de l’Annexe I.
Allez les gars, la question n’est pas uniquement de se mettre d’accord sur des règles qui satisfassent tout le monde. Non, elles doivent aussi préserver l’intégrité environnementale du PK et surtout pas servir de précédent désastreux pour d’autres questions de la négociation ! On va y arriver ! Pour l’intégrité environnementale, pour la crédibilité des négociations, pour le climat !

dimanche 27 novembre 2011

2020 : Trop tard pour attendre

Durban représente un tournant crucial dans la réponse au changement climatique. Les gouvernements choisiront soit de retarder tout progrès, soit de reconnaître qu’il y a maintenant un sérieux besoin d’agir. Le monde est dangereusement proche de passer le seuil d’un changement climatique incontrôlable. Retarder la négociation d’un accord global contraignant pour l’année 2020 condamnera les peuples du monde entier à souffrir des effets accélérés et ingérables du changement climatique, pour les générations à venir.

La COP 17 a le potentiel pour catalyser les changements positifs à une échelle globale. Les parties doivent être extrêmement concentrées sur leur réponse à la crise climatique, et sur la création d’un futur énergétique soutenable dont nous bénéficierons tous. Le monde a, plus urgemment que jamais, besoin d’un accord climatique réussi. Si Durban débouche sur une issue moins positive, nous risquons de voir disparaître le processus multilatéral qui fait vivre notre espoir d’un avenir durable. La science est incontestable, l’économie fait sens, alors pourquoi certains pays freinent-ils les progrès dont le monde a tellement besoin ?

Une réussite à Durban nécessitera d’agir de façon constructive concernant le changement climatique, en se basant sur la science et sur l’idée que le temps presse. L’issue la plus positive sera un accord pour une seconde période d’engagement dans le cadre du Protocole de Kyoto, l’obtention d’un mandat pour négocier un instrument légal contraignant dans le cadre du LCA pas plus tard que 2015, et l’application des accords de Cancun.
Le leadership de l’UE, qui détient la clé de Durban, est absolument crucial. Si l’UE ne vient pas à Durban avec le but clair d’adopter une seconde période d’engagement, et non des « engagements politiques » confus, le Protocole de Kyoto va flétrir et mourir.

Les Etats-Unis ont échoué à assumer leur responsabilité envers le reste du monde en ce qui concerne le changement climatique. Il est vaguement attendu qu’ils en prennent leur juste part dans un futur proche. Mais les objectifs que les Etats-Unis ont annoncé sont beaucoup plus faibles que ceux des autres parties, y compris l’UE, et ils n’ont pas posé sur la table d’offre financière qui soit cohérente avec leurs responsabilités. ECO attend des Etats-Unis qu’ils fassent preuve de leadership ; mais si ces derniers n’en sont pas capables, ils doivent dégager la voie pour que les autres pays puissent avancer. Les Etats-Unis doivent laisser le reste du monde progresser vers la mise en place d’un régime climatique qui facilitera la transition vers une croissance verte, et s’y joindre lorsque leur propre situation politique leur permet de se projeter davantage vers l’avenir. Bloquer les avancées ne conduira pas les Etats-Unis à voir leurs pré-conditions remplies, mais conduira au contraire à de l’acrimonie envers eux et à les voir pointés du doigt.

ECO apprécie que la Chine se fasse l’avocate d’une deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto et d’une ambition plus élevée de la part des pays développés. En tant qu’actuel plus gros émetteur mondial, les agissements domestiques de la Chine démontrent qu’elle est aussi consciente de sa responsabilité et est décidée à agir. La Chine devrait reproduire ce succès au niveau des négociations internationales en partageant l’objectif de travailler sur un accord ambitieux, complet et ayant force de loi, à conclure en 2015 pour une mise en pratique en 2018 au plus tard.
Félicitations à l’Australie pour avoir fait approuver par le Parlement la législation sur le prix du carbone, c’est un réel accomplissement. Mais l’Australie ne doit pas se reposer sur ses lauriers, puisqu’elle a un rôle crucial à jouer pour préserver le Protocole de Kyoto et mettre en place un régime plus englobant. Sa vocation est de rapprocher les parties pour assurer que ce régime soit mis en place aussi tôt que possible. Le mandat actuel devrait prendre en fin en 2015 et préparer la route pour une mise en pratique d’ici à 2018 au plus tard. En tant que pays développé le plus vulnérable, l’Australie à le plus à gagner d’un succès à Durban.


L’Ukraine devrait se rapprocher des pays progressistes de l’UE non seulement en approuvant une deuxième période d’engagement du PK mais aussi en faisant passer son objectif propre à un niveau ambitieux par rapport à ses émissions « business as usual » (soit 54% plus basses que 1990 en 2020), démontrant sa flexibilité sur son « air chaud» et en assurant que ses surplus de quotas d’émissions sont minimisés.

L’Inde ambitionne d’être un champion global des pays pauvres et vulnérables en s’engageant constructivement dans le processus multilatéral. ECO partage l’approche de l’Inde basée sur l’équité et son objectif d’opérationnalisation, en commençant pas sa demande appuyée pour une deuxième période d’engagement. Mais l’Inde aura besoin d’être plus pragmatique concernant la force de loi de l’accord sous le régime du LCA, pour un régime climatique protégeant les pays vulnérables et pauvres.

Japon, Russie et Canada. ECO partage l’inquiétude de beaucoup d’autres au sujet de la direction prise par ces pays. Etant lourdement affectés par le changement climatique, ils devraient approuver une deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto puisqu’ils n’ont pas fourni d’alternatives concrètes.

Afrique du Sud / Présidence de la COP. L’approche ouverte et transparente de l’Afrique du Sud précédant Durban est largement appréciée. Il est maintenant temps de faire plus qu’écouter. Pendant sa présidence, l’Afrique du Sud devra assurer des échanges ouverts et transparents pour mener les négociations vers une conclusion positive, pendant que sa délégation nationale portera fièrement les positions du groupe Afrique, en particulier celles des pays les plus pauvres. ECO évalue bien l’étendue du travail restant à fournir et fait confiance à l’Afrique du Sud pour atteindre ces objectifs ambitieux à Durban.

La mission de Durban

Alors que nous nous préparons tous à entamer cette 17ème COP et que nous profitons de la ville de Durban, ECO vient interrompre notre programme : les efforts mondiaux pour limiter les changements climatiques ne peuvent plus attendre. Durban doit accoucher d’un ensemble d’accords qui consolide l’existant et qui trace clairement la voie pour la suite, en tenant compte de l’urgence et de l’ambition nécessaires. Les éléments clés des accords de Durban doivent inclure :

Forme légale. Pour les parties qui n’ont pas encore saisi le besoin urgent de sécuriser le futur du Protocole de Kyoto via un accord sur une 2ème période d’engagement de 5 ans – mais dans quel endroit reculé étiez-vous donc caché ces dernières années pour ne pas intégrer cette nécessité ?
Deuxièmement, Durban doit déboucher sur un mandat fort pour permettre l’adoption, au plus tard en 2015, d’un accord global, juste, ambitieux et juridiquement contraignant, afin qu’il puisse entrer en vigueur au 1er janvier 2018. Le troisième pilier consiste en construire l’architecture pour assurer la comparabilité pour les pays hors Protocole de Kyoto de l’Annexe I (oui, oui, les États-Unis, c’est bien vous), en tenant compte de la comptabilité commune et des stratégies de développement bas carbone.

Finance. Les parties doivent approuver les recommandations du Comité transitoire et adopter l’instrument de gouvernance du Fonds Vert. Mais un fonds vide est à peu près aussi utile qu’une enveloppe vide. Les parties doivent donc s’assurer que le Fonds est suffisamment abondé, et ce aussi tôt que possible. Ceci comprend une graduation des financements vers l’objectif de 100 Milliards de Dollars par an d’ici 2020 pour financer les pays en développement, ainsi que l’adoption d’un programme de travail pour étudier les financements publics innovants. Les “fruits prêts-à-ceuillir” sont les soutes maritimes et aériennes. Les parties doivent donner une direction claire à l’Organisation Maritime Internationale et à l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale pour que ces dernières puissent créer une taxe sur le transport maritime et aérien international afin de lever des fonds et de réduire les émissions générées par le transport, et ce sans incidence économique sur les pays en développement.

Atténuation. Il n’a pas échappé à l’attention de ECO que, malgré les promesses de Cancún, les gouvernements ont réussi avec succès à éviter de relever leur niveau d’ambition. ECO veut croire que c’est parce que les délégués ont préparé un programme de travail d’un an pour combler le fossé entre les niveaux d’engagements actuels et les objectifs nécessaires de réduction pour ne pas dépasser 2°C d’augmentation de température (sans même parler du 1,5°C). Nous attendons avec impatience que ce programme de travail soit adopté à Durban. ECO pense également que, pour combler ce fossé grandissant, les pays doivent rehausser leurs niveaux d’ambition, beaucoup trop bas actuellement, et éliminer tous les échappatoires, en particulier en ce qui concerne les règles d’utilisation des terres, changement d’affection des terres et foresterie, l’air chaud et le double comptage.

Utilisation, changement d’utilisation des terres et foresterie (LULUCF en anglais). Coté LULUCF, les pays de l’Annexe 1 ont joué cartes sur table, proposant de cacher les émissions liées à l’exploitation des forêts et de ne pas prendre en compte une large part des émissions liées a l’affectation des sols. Cela vient saper les objectifs et l’intégrité du Protocole de Kyoto. Pour les pays, y compris les pays en développement, qui souhaitent sérieusement sécuriser des règles d’intégrité environnementale, Durban est la dernière chance pour rejeter les pires options et exige des règles solides.

Adaptation. L’adaptation aux impacts désastreux du réchauffement global est une question de survie pour les pays les plus vulnérable. 
Pour cette COP africaine, les négociateurs doivent avoir à l’esprit les conséquences dramatiques de l’absence de lutte contre le changement climatique sur le futur du continent africain.  L’Afrique du Sud en particulier doit faire face à sécheresses et des modifications de ses précipitations. Les impacts du changement climatique se manifestent d’ores et déjà aujourd’hui et s’accentueront au gré du manque d’ambition pour réduire les émissions. Renforcer l’adaptation est indispensable pour protéger la vie des populations notamment des plus pauvres et améliorer la résilience de leurs moyens d’existence. Sur ce sujet, les négociateurs ont un agenda chargé : rendre opérationnel le Comité pour l’adaptation, consolider le programme de travail sur les pertes et dommages, préparer les lignes directrices et les modalités pour les plans nationaux d’adaptation, et la prochaine phase du programme de travail de Nairobi, parmi d’autres choses. ECO reste vigilant quant à la tentation de certaines Parties de prendre en otage les progrès obtenus en matière d’adaptation. Il n’existe aucune raison pour entraver les avancées sur des enjeux cruciaux pour les pays les plus vulnérables, qui sont déjà dos au mur et les pieds dans l’eau.

MRV. Sur MRV, ECO attend des principes directeurs sur les rapports biannuels, IAR, ICA, la comptabilisation (MRV) des engagements des pays de l’Annexe 1, suivi et communication sur les sauvegardes de REDD+ et un format de reporting commun pour les financements climat. Etant donné que la clé du MRV est la transparence, ECO ne comprend pas que le draft ne garantisse pas un accès à l’information et à la participation publique dans les processus de l’IAR et ICA, et rappelle que l’implication des parties prenantes est un élément du succès pour un accord à Durban.

Mécanismes de marché : Voilà un point que les parties doivent régler : réformer rigoureusement les MDP en créant un cadre pour de nouveaux mécanisme qui permette de réduire radicalement les émissions et qui soit basé sur des principes qui garantissent un développement soutenable et la protection des droits humains. Ce cadre doit aussi éviter les échappatoires qui affaiblissent les objectifs tels que les surplus d’air chaud et les crédits carbone non additionnels. Ceci doit s’accompagner de garanties que tout mécanisme de marché va de pair avec des engagements de réductions d’émissions ambitieux et contraignants.

Technologie. Un accord sur la technologie est essentiel à Durban. Cette COP doit s’assurer que les critères de sélection du pays accueill du Climate Technology Centre and Network (CTCN) sont résolus et que les appels à projets sont lancés. Par ailleurs, la question du reporting du Comité Exécutif des technologies et du CTCN doit être abordée. Il faut un mécanisme redevable et transparent. Les engagements sur les technologies de doivent pas être victimes du manque de volonté politique.

Vision partagée. Atteindre le pic des émissions globales d’ici 2015 et adopter un objectif de réduction à long terme (-80% d’ici 2050) sont des enjeux de survie. ECO propose deux principes clés : le droit à la survie (qui devra déterminer le niveau d’ambition); et le droit au développement durable. Durban doit entériner ces objectifs en gardant à l’esprit que chaque pays doit faire sa part. D’ailleurs, nous avons besoin d’un plan pour une véritable discussion sur le  partage équitable de ces efforts après Durban.

Révision des engagements. ECO sera franchement déçu si Durban ne produit pas de solides termes de référence pour la révision des objectifs globaux de long terme et un processus pour y parvenir. Un groupe d’experts doit être constitué pour conduire cette révision et recommander une action appropriée à adopter en COP 21.