vendredi 10 décembre 2010

Les Droits de l’Homme

Il semble approprié que ces négociations se terminent sur la Journée Internationale des Droits de l’Homme.
Au cours de l’année écoulée, le monde a dû faire face aux nombreux effets dévastateurs du changement climatique sur l’homme. Inondations, glissements de terrain, incendies et tempêtes ont sapé les droits à la vie, à la subsistance, à l’accès à l’eau, aux aliments et à la santé entre autres. Au nom des populations vulnérables partout dans le monde, ECO tient à rappeler aux différentes Parties leurs obligations internationales en matières des droits de l’homme.
* La vision commune doit inclure un objectif ambitieux qui permettra d’éviter d’infliger à l’être humain un préjudice irréversible. Cela réaffirmera les conclusions du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies comme quoi la jouissance pleine et effective des droits de l’homme est directement ou indirectement soumise au changement climatique.
 * Les mesures d’adaptation et d’atténuation doivent protéger les droits des personnes touchées, des communautés et des peuples, et sauvegarder les plus vulnérables. Les mesures prises en réponse au changement climatique ne doivent pas porter atteinte aux droits de l’homme.
* Les modes de financement doivent être nouveaux et supplémentaires, adéquats et prévisibles, pour permettre à tous les gouvernements de protéger les droits de leurs citoyens.
Les droits de l’homme internationalement reconnus, y compris les droits à l’information, à la participation et à la compensation, doivent recevoir leur juste place dans tous les aspects du texte.
ECO a été grandement déçu de voir des références spécifiques aux droits de l’homme disparaître du texte des négociations faisant suite à Copenhague. Ces références sont réapparues à Tianjin, pour disparaître à nouveau. Nous constatons avec soulagement, toutefois, que le texte de la vision commune contient actuellement une référence claire quant à l’obligation de toutes les Parties à respecter pleinement les droits de l’homme.
Mesdames, Messieurs, le temps est venu d’agir.
Si se puede!

Avancer à reculons…

Le Canada semble bien décidé à conserver son titre de « Fossile Colossal » pour la 4ème année consécutive.
Dans une entrevue avec les journalistes hier matin, le ministre John Baird a rejeté le principe de responsabilité historique, parlant de problème « annexe ».
Le principe de responsabilité historique définit la nécessité pour les pays développés de prendre en compte leurs émissions passées, et les oblige ainsi à agir les premiers et à faire plus d’efforts de réduction des émissions de GES que les autres.
ECO soupçonne le ministre de s’être égaré.
La responsabilité historique n’est pas annexe, c’est plutôt le cœur de l’enjeu pour des pays développés comme le Canada.
Prenons un instant pour regarder en arrière :
* Les émissions du Canada ont augmenté de plus de 30% par rapport au niveau de 1990.
* Le Canada est le pays qui, sitôt rentré de Copenhague, a décidé de soumettre un objectif encore plus bas que celui pris au Danemark.
* Le Canada a cessé sa politique de soutien à l’énergie éolienne.
* Le gouvernement Harper a donné encore plus de fonds pour la R&D dans le stockage du carbone (CCS) que ce que réclamait les compagnies pétrolières.
* M. Baird, le même qui parlait hier en séance plénière de nouvelles mesures pour réguler l’utilisation du charbon, trop polluant, avait précédemment annoncé en 2007 « un des plans les plus ambitieux de lutte contre le dérèglement climatique et la pollution de l’air». Il n’a rien fait pour le mettre en œuvre. Au moins, on peut le considérer comme cohérent…
Le ministre et son gouvernement croient clairement qu’il s’agit d’une course à l’accroissement des émissions et non à la réduction. Quelle autre raison pourrait nous expliquer la position du Canada dans ces négociations, le musellement de ses scientifiques, la marginalisation de la communauté des ONG et le mépris pour toutes les mesures adoptées à la chambre des communes depuis 2006, appelant le gouvernement à réduire les émissions nationales ? La liste est sans fin. ECO s’en lasse, rien que d’y penser.
La question à 100 points est : le gouvernement Harper va-t-il un jour se réveiller et agir avant qu’il ne soit trop tard pour le climat, la nature, et les hommes?

Où en est-on sur le Fonds d’adaptation ?

Quelle semaine pour le Chair du Fonds pour l’adaptation et son Secrétariat. Ils ont officialisé la capacité juridique du Conseil du Fonds, l’élément manquant pour faire avancer le modèle d’accès direct.
Au side-event, l’AFB a introduit un nouvel outil pour aider les PED dans la procédure d’accès direct. Des représentants des trois entités nationales d’exécution accréditées (NIE) au Sénégal, en Jamaïque et en Uruguay ont partagé l’expérience de leur processus d’accréditation.
Le rapport du Président du Fonds d’adaptation montre des progrès satisfaisants. Et le secrétariat de la CCNUCC a été prié d’organiser des ateliers régionaux pour faciliter les demandes d’accréditation de NIE. Ces ateliers peuvent aider à promouvoir un accès direct car ils aident à renforcer les capacités des PED à identifier les institutions appropriées et travailler selon les exigences de gestion fiduciaire.
En outre, la société civile devraient avoir un rôle à jouer, et les NIE devraient avoir une bonne expérience en matière de réponse aux besoins de la société civile et de la communauté locale.
L’Australie a rejoint le club des supporters du Fond pour l’Adaptation, promettant AUS 15 millions de dollars de son financement précoce pour le Fonds. D’autres pays développés qui ont gardé leurs poches fermés jusqu’à présent, comme le Japon, la France ou le Royaume-Uni, devrait faire de même, et bien avant la CdP 17.
Les membres de l’AFB et le Secrétariat méritent un toast pour se féliciter de leurs progrès cette année. La réunion sera probablement l’occasion d’ouvrir la voie à davantage de pays d’en bénéficier par le biais d’approbation des projets d’adaptation et potentiellement l’accréditation de NIE supplémentaires.
Et pour la première fois, les membres AFB auront une session conjointe avec les représentants de la société civile. Cela peut conduire à de nouvelles améliorations sur l’inclusion de tous les acteurs et la prise en compte des communautés les plus vulnérables dans les propositions de projet et une plus grande transparence sur les décisions relatives au projet.
Nous sommes sûrs que l’AFB sera un meilleur exemple de bon fonctionnement en 2011, une institution multilatérale démocratique et pro-pauvres.

REDD+ en vert et avant tous!

Alors que la fin des négociations approche, ECO est globalement très déçu.
Cependant, on note des avancées sur REDD+. Et, bien que les négociations ne soient pas terminées, une certaine volonté politique a permis aux Parties d’aboutir à un compromis qui va dans le bon sens. Le cadre qui en résulte pourra contribuer à la réduction des émissions mondiales.
Une décision finale à propos de REDD+ est à notre portée. Les Parties sauront-elles prendre la décision  qui vaudra de l’or dans ces derniers instants alors que de dangereux signes de dérapage sur les principes clés apparaissent. Nous devons établir un mécanisme REDD+ qui, à la fois, réduit les émissions, protège les droits des peuples et la biodiversité et pour ce faire fournit des financements suffisants sur lesquels nous pourrons compter dans la durée.
Le compromis sur REDD+ requis des efforts de chacun. Les pays en voie de développement ont démontré leur volonté de protéger leurs ressources forestières, mais ont bloqué tout accord qui établirait un solide système de contrôle. Les pays développés ont commencé par s’engager à financer le mécanisme, mais le montant des fonds et leur durée ne sont toujours pas fixés. Les ONG et les peuples indigènes ont infatigablement milité pour que le mécanisme respecte l’environnement et les droits des peuples.
L’action commence à porter ses fruits. Le Mexique, la RDC, l’Equateur, le Costa Rica, le Brésil et l’Indonésie ont fait des progrès significatifs sur leur programme REDD+ nationaux. Comme un signal, le Mexique a récemment lancé « REDD+ Vision ». Dans ce cadre, les parties prenantes seront impliquées grâce à un processus participatif et les programmes devront renforcer le soutien aux exploitations durables de la forêt par des communautés, le respect des droits des peuples indigènes, et la préservation de la biodiversité et des services générés par les écosystèmes.
Tout reste encore à jouer pour REDD+ en ce dernier jour de négociations à Cancun. Le premier des maux à adresser reste ce mot “leakage” qui permet que la déforestation se déplace seulement d’un endroit à un autre.
En second lieu, un engagement doit être pris aussi bien sur le financement à long terme du fond (en quantité suffisante et avec une bonne visibilité) que sur les règles quant à son usage.
Troisièmement, REDD+ doit respecter et protéger les droits des peuples indigènes et des communautés vivant de la forêt, tout en préservant les forêts naturelles et la biodiversité, et en établissant un système de contrôle et de reporting avec de solides garde-fous.
Ces garde-fous doivent garantir  les objectifs multiples de REDD+ et poser les bases d’une bonne gouvernance. Si ces bases fondamentales peuvent être construites, alors le processus REDD+ est mûr. Et si un accord est en vue sur REDD+, pourquoi pas sur tous les autres sujets ?
Le potentiel d’atténuation  de REDD+ dépend de la viabilité de systèmes naturels qui sont menacés à moins d’accords ambitieux de réduction des émissions dans les autres parties de la négociation. Dans ces dernières heures, il est encore possible d’obtenir un bon Cancun package.
Prenons tous exemple pour que REDD+ ne soit pas l’arbre qui cache la forêt !

Bas les masques !

Cher-e-s Ministres, lorsque ces réunions seront terminées, pourrez-vous affirmer que vous avez fait tout votre possible afin de protéger les générations présentes et futures des dangers du changement climatique?
ECO sent venir une nouvelle gueule de bois. Les informations en provenance du huis clos suggèrent que nous nous dirigeons vers un accord de Copenhague (version allégée).
Il est inconcevable de gaspiller une autre année, et peut-être même revenir en arrière par rapport à Copenhague. Mais voilà où nous en sommes.

Nous parlons beaucoup du rapport du PNUE sur le gigatonne gap, et pour une bonne raison. Les engagements de l’Accord de Copenhague laissent un fossé de 5 à 9 gigatonnes – ce qui  ne nous laisse que 66% de chances de limiter l’augmentation de la température mondiale à 2 ° C et d’en limiter les impacts. Cela semble très dangereux.
Et maintenant, pour aggraver les choses, il semblerait possible que la COP ne fasse que « prendre acte » de ces engagements mous. Ne pouvez-vous pas au moins décider de mettre en œuvre le peu actuellement sur la table?
Pire encore, Climate Action Tracker indique qu’avec les règles LULUCF proposées et l’immobilisme sur l’échappatoire de « l’air chaud », les pays développés pourraient continuer leurs petites affaires jusqu’en 2020. Alors que tout le monde sait bien au fond qu’un pic des émissions mondiales est indispensable avant 2015.
Cher-e-s Ministres, tout n’est pas perdu! Lors de ce dernier jour crucial à Cancun, vous pouvez:
* Convenir d’une vision commune forte, avec l’objectif de limiter l’augmentation des températures en dessous de 1,5 degrés;
* Officiellement reconnaître que les engagements sur la table ne pourront empêcher un dangereux changement climatique et que beaucoup reste à faire.
* Mettre en place un processus, avec comme date limite Durban, pour renforcer les objectifs et les actions.

Cher-e-s Ministres, vous pouvez encore le faire. Si vous avez besoin d’un coup de pouce, ECO vous offre le café.

jeudi 9 décembre 2010

Les Etats-Unis ont des problèmes...

ECO est de plus en plus frustré cette semaine par les positions des Etats-Unis. Difficile en effet de comprendre la rigidité de la position états-unienne sur une grande partie des sujets de négociation, et notamment l’atténuation, le transfert de technologie et l’adaptation.
Il est clair que les USA ne veulent pas laisser un sujet avancer si les autres bloquent. Cette stratégie est très risquée, et menace sérieusement le processus ici à Cancún et plus généralement dans les négociations à venir au sein de la CCNUCC.
Les USA parlent beaucoup de la transparence qu’ils attendent des autres, mais ils feraient mieux de se regarder dans la glace avant, puisqu’ils refusent d’améliorer la transparence sur les financements de long terme à travers un Format Commun de Rapport. Quand en plus ils s’opposent à la négociation sur les règles de comptabilité pour les pays de l’Annexe I, la confiance ne peut que s’effriter.
Leur intransigeance est plus que troublante puisque les USA semblent avoir pris en grippe quelques termes pourtant assez neutres : comparable, cohérent, complet, transparent et précis. Avec ce type de blocage, les autres Parties continueront à douter de la volonté de Washington sur le climat, en particulier après que la loi sur le climat ait disparu au Sénat. Il n’y a plus d’équilibre (encore un mot bien aimé des US ;-) sans comparabilité.
Dans le même temps, les USA ralentissent les progrès sur le transfert de technologie, un des points centraux de la Convention sur lequel nous avons déjà perdu assez de temps. Cela laisse ECO sans voix – une proposition est enfin sur la table, mais les USA affirment, sans engagement, que les parties devraient se contenter de « considérer » l’idée d’établir un mécanisme de transfert de technologie ici à Cancún. Cela commence à bien faire avec les considérations. L’accord est très précis sur ce point. Les chefs d’états ont décidé « de mettre en œuvre un mécanisme sur la technologie […] opérationnel immédiatement ». Les USA sont par ailleurs très actifs sur la technologie, en développant notamment un réseau et des centres pilotes régionaux. Alors pourquoi remettre en cause la proposition sur la table ?
Les inquiétudes des industries vertes états-uniennes sur une bureaucratie onusienne lourde et complexe sont nulles et non avenues. Nous avons au contraire besoin d’une entité qui coordonne et mette en œuvre de manière accéléré, face à la crise climatique, une transition rapide vers un future sobre en carbone.
Et comme si cela ne suffisait pas, les USA freinent aussi sur la création d’un comité d’adaptation. Rappelons aux USA qu’ils ont toujours rejeté dans le passé approche qui consisterait à le rattacher au SBSTA. Ce processus nécessite un arrangement institutionnel pour aller plus loin et dépasse le simple cadre du conseil technique. Cela ne peut pas être fait dans des institutions en dehors de la Convention.
Aux dernières nouvelles, les USA ne sont pas opposés à l’idée d’aider les populations vulnérables au changement climatique. Alors pourquoi tous ces blocages sur l’adaptation ? Encore une fois, leur position de vouloir juste « considérer » un processus pour les pays les moins avancés est incompréhensible.
 Assez de considérations ! Il est temps de « mettre en œuvre ». Arrêtez cette stratégie dangereuse ! C’est d’ailleurs Todd Stern, l’envoyé spécial des USA qui en parle le mieux : « Arrêtons de ne rien faire… Arrêtons de suspendre, de reporter, année après année, après année… »

Ultimes réglages du futur comité pour l’Adaptation

Les Parties sont encore en train d’essayer de se mettre d’accord sur le rôle et les fonctions du Comité pour l’Adaptation. Celui-ci devrait avoir pour mission la coordination et la supervision des (trop rares) modes de soutien existants pour l’adaptation qu’ils soient techniques, scientifiques ou financiers. ECO considère le Comité pour l’Adaptation comme un groupe d’experts plutôt qu’une structure de débat politique, même si les nominations en son sein doivent être faites par les Parties, et sur la base d’une représentation équitable.
Certaines Parties souhaitent cantonner le Comité à un rôle de conseil scientifique et technique pour faciliter les activités domestiques d’adaptation. Le rôle du Comité lui-même ne devrait pas être de fournir les conseils, mais bien de vérifier si les Parties ont accès à des conseils, à la coordination des informations disponibles, mais aussi d’identifier les besoins, de construire des synergies et de faire remonter ces informations au SBI.
La plupart des pays souhaite une extension du Programme de Travail de Nairobi (PTN), et dans ce cas, le Comité pourrait travailler dans ce cadre pour identifier les manques dans le soutien à l’adaptation. C’est d’ailleurs une des faiblesses du PTN, qui n’a pas réussi complètement à apporter l’assistance technique et scientifique aux Parties, notamment en raison d’un manque de budget pour ce faire.
Ici, il y donc un point d’amélioration.
Beaucoup d’informations et de savoirs sur l’adaptation sont « éparpillés entre différentes organisations, institutions et réseaux aux niveaux national, régional et international. Le Comité pour l’Adaptation pourrait synthétiser et renforcer l’information de chacune de ces sources y compris pour les communautés, les techniciens, les centres régionaux, les ONG, les universités et les programmes de l’ONU, afin de faciliter l’accès aux savoirs essentiels pour l’adaptation.
Le Comité pour l’Adaptation ne doit pas être directement lié au mécanisme financier. Il doit permettre d’orienter les Parties vers les fonds les plus pertinents par rapport aux besoins, et en identifiant les activités prioritaires à financer. Il est fondamental que le Comité pour l’Adaptation joue ce rôle de supervision des impacts du travail d’adaptation, d’examen du soutien fourni aux Parties, d’identification des angles morts et fasse des recommandations aux SBSTA et au SBI pour aller plus loin. Les pays de l’Annexe I devraient maintenant soutenir la création du Comité pour l’Adaptation à Cancún. Cela pourrait permettre une avancée importante dans la construction de la résilience des pays et des communautés les plus vulnérables.

Un enchevêtrement de déchets

Une fois de plus, le PNUE a fait ses devoirs à Cancún. La récente étude « Déchets et changements climatiques » présente une approche globale de la réduction des déchets et du recyclage intéressante.
Le rapport attire l’attention sur la gestion des déchets, les sites d’enfouissement étant une source importante d’émissions de méthane, ce qui est sans conteste un objectif clé de l’action climatique. Il souligne aussi que la réduction des déchets à la source est de loin la meilleure manière de gérer les déchets, le recyclage arrivant en deuxième position. Il se concentre avec raison sur un certain nombre de problèmes environnementaux liés à l’incinération des déchets et des gaz d’enfouissement, y compris la contamination des sols et les émissions toxiques.
Le rapport reconnaît également les risques et les dommages que ces technologies de bout de chaîne font peser sur le secteur du recyclage informel. A travers le monde, 15 millions de personnes gagnent leur vie grâce au recyclage, et leur santé et leur vie sont menacées lorsque des matériaux qui pourraient être recyclés sont détruits dans des incinérateurs et des décharges.

Mais il y a manifestement un double langage entre ce que dit le rapport et les mesures soutenues par le Centre Risoe du PNUE. Eco a compris lors de la conférence de presse du lancement du rapport que « les panélistes ont affirmé que les marchés-carbone peuvent développer des projets de valorisation énergétique des déchets comme  moyen de traiter les émissions de méthane. »

Attendez une minute! Ont-ils vraiment lu le rapport qu’ils ont présenté? Et le PNUE va-t-il agir en cohérence avec son propre rapport, ou bien laissera-t-il son programme de mise en œuvre dicté par des arrangements politiques et les intérêts commerciaux du secteur privé de la gestion des déchets ?
ECO aimerait que le Centre Risoe se souvienne que les méthodologies des projets de gestion des déchets solides ont été révisées par le Panel Méthodologique du MDP la semaine dernière à Cancún. Les technologies de fin de chaine sont loin d’être des solutions sûres et fondées sur les connaissances scientifiques.
Nous avions de bonnes nouvelles au début et de grosses questions à la fin. Peut-être que les écrits du rapport resteront, et que les mots prononcés seront emportés par le vent.

Alors que revoilà le HFC-23

Comme si la très travailleuse présidente de cette COP n’avait pas d’autres gaz à fouetter en ce moment, un vieux fantôme du mécanisme de développement propre (MDP), qui aurait du être achevé il y a longtemps, refait surface : ce bougre de super gaz à effet de serre HFC-23.
Il y a deux semaines, le conseil exécutif (CE) du MDP a reconnu que les projets de réduction du HFC-23 dans le cadre du MDP avaient eu très peu d’effet pour stopper le réchauffement climatique, et qu’ils avaient même, en fait, augmenté les émissions. Le CE a donc pris la louable décision de suspendre et revoir la méthodologie de certification.
Voilà maintenant la partie étrange : en dépit de la preuve que les industriels producteurs de HFC-23 avaient joyeusement trompé le MDP pendant des années, le CE a décidé d’émettre presque 20 millions de crédits HFC-23 qui avaient été gelés l’été dernier. Peut-être la chaleur caribéenne a-t-elle à voir avec cette décision ? Les investisseurs industriels, qui ont fait pression contre les propositions visant à modifier la méthodologie HFC-23 et à soutenir l’intégrité environnementale du MDP, n’en croyaient pas leurs yeux.
Pour faire bref, une coalition d’observateurs avisés du MDP a donc écrit à la présidente de la COP lui demandant de rattraper cette perte momentanée de discernement du CE. Reconnaître un scandale climatique avant de permettre à ceux qui y sont impliqués de continuer à en profiter n’est pas très positif, et nuit à la confiance dans le processus de la CCNUCC. Alors Madame la Présidente, montrez à l’industrie qui ici prend les décisions, et remettez ces 23 lobbyistes du HFC-23 à leur place !

Moi aussi, je suis aux Emetteurs Anonymes

Le premier pas vers la guérison est d’admettre que vous avez un problème. Le second est de reconnaître que vous n’êtes pas seul, et ceux qui ont le même problème peuvent se révéler d’une aide précieuse et de formidables compagnons d’échange pour vous projeter vers un avenir meilleur.
Il est temps de faire face : de nombreux pays ont un sérieux problème de Gigatonne Gap (on vous a à l’œil, chers amis de l’Ombrelle !).
Donc lors notre prochaine plénière des émetteurs anonymes, essayons de réaliser déjà le premier pas, qui nous mènera vers cette vision partagée : « profondément préoccupés par le fait que le niveau global d’ambition des objectifs et actions par les Parties (en référence aux CMP / COP) n’est
pas suffisant pour atteindre l’objectif global de long terme tel que défini au paragraphe [x] ».
Pour le second pas, assurons nous que le paragraphe 1(b)(i) reconnaisse l’insuffisance des engagements de l’Annexe 1, et établisse un plan d’action, avec une date butoir fixée à la COP17, pour améliorer ces objectifs.
Et puis il y aura un troisième pas : reconnaître dans le paragraphe 1(b)(ii) que les pays en voie de développement peuvent faire davantage, mais sous la garantie de justice et de soutien suffisant de la part des pays développés. Avouez : vous vous sentez mieux, débarrassé du poids du Gigatonne, n’est-ce pas ?

mercredi 8 décembre 2010

L’Europe des 27 peut-elle passer à -30%

Si les remarques de Christina Figueres au ‘WBCSD climate day’ sont exactes, le Protocole de Kyoto est dans l’impasse et certains pays refusent de s’engager dans une deuxième période en raison de la résistance du secteur privé. Regardons avec attention pourquoi les Etats membres de l’UE ne veulent pas aller vers la fourchette de réduction  des émissions de 25 à 40% suggérée par le GIEC pour les pays développés.
Premièrement, est ce que les citoyens européens soutiendraient un mouvement dans cette direction ? Bien entendu, et le Parlement Européen a d’ailleurs voté le passage unilatéral à un objectif de 30%. Est-ce que le système ETS de l’UE a un impact disproportionné sur les acteurs du pétrole et du charbon ? Pas vraiment, il existe trop d’échappatoires pour ne pas effectuer ses réductions. Alors que pense l’industrie fossile du 30% ? Elle y est opposée vu qu’un renforcement du système ETS aurait un impact réel sur les investissements dans les énergies fossiles, tandis que l’économie verte prospérerait. Mais surtout, est-ce que rester à 20% permettrait de débloquer la situation et de passer à une deuxième période d’engagement ?
Bien sûr que non, car le Japon et la Norvège seraient dès lors les seuls pays ambitieux de l’Annexe 1. E t vu ce que le Japon pense de cette option, nous ne sommes pas près d’avancer.
Ensuite, est ce que les échappatoires dans les décisions COP aideraient à augmenter la crédibilité de l’Europe? Pas même dans vos rêves les plus fous. Mais est ce qu’un objectif de réduction des émissions augmenterait les revenus des enchères de droits d’émissions ?
Oui. Et plus ces enchères seront proches de 100%, plus il sera aisé de financer l’adaptation, REDD et l’atténuation dans les pays en développement. Peut-on imaginer que la présence de tous les ministres européens signifiera un changement de position sur le passage à 30% ?
Que pensent vraiment les leaders européens ?
Nous avions auparavant une assez bonne idée de cela, mais leur position est plus confuse aujourd’hui. Il est temps pour l’UE de regagner le leadership sur le climat qu’elle a si longtemps fourni.

Repères pour quelques jours décisifs

Chers Ministres, c’est encore ECO.
Peut-on vous prendre un moment ? Oui, vous l’avez deviné, vous avez ici, entre vos mains, la liste des décisions simples et encore faisables cqui restent à prendre cette semaine.
Beaucoup d’entre vous trouvent que les choix sont trop multiples, et que s’en tirer par une pirouette en dépit des différences serait le plus confortable. Mais souvenez vous que cette figure là ne marche qu’une fois.
Une déclaration politique de haut niveau, cela ne le fera pas. Nous avons besoin d’un vrai accord à Cancun, pas une redite de la honte de Copenhague. Les choix ne deviendront pas simples et facile comme par magie. Mais le chemin vers des réalisations concrètes n’est pas loin.
ECO se demande ce qui se passe dans les négociations de la « Vision Commune ».
Nous avons entendu murmurer des améliorations sérieuses et nécessaire, comme la reconnaissance de la nécessité de réduire les concentration atmosphériques du CO2 à moins de 350 ppm et de limiter la hausse des températures à 1,5°C, de même que la reconnaissance de la responsabilité historique et du lien entre les droits humains et les actions liées aux changements climatiques.
Tous ces éléments doivent être inclus dans cette vision commune. Elle doit en effet être solide et claire, et montrer notre intention collective d’assurer des conditions vivables sur cette planète, pour nous et pour les générations futures.
Mais, chers Ministres, ECO va finir par s’étouffer à force de le répéter ! Les milliards de tonnes de déficit des engagements (le « Gigaton Gap » en anglais), vous semblez l’avoir oublié. Comme l’affirme le PNUE dans son rapport, la distance reste énorme entre les engagements posés par les Parties à Copenhague, et les réductions nécessaires pour que la planète ne dépasse pas 2°C de réchauffement, et à fortiori les 1,5°C nécessaires pour éviter des impacts catastrophiques.
Pourtant, la dernière version du texte sur l’atténuation ne reconnait pas cet écart entre Gigatonnes et science, ni ne propose un calendrier pour le réduire. Un des résultats de Cancun doit être de préciser explicitement le chemin vers cette ambition nécessaire.
ECO appelle aussi les Parties à sécuriser les engagements déjà acquis, pour que ces actions et promesses soient renforcées d’ici à l’année prochaine, pour les inscrire alors dans une forme juridiquement contraignante en Afrique du Sud.
ECO se félicite que le texte sur le MRV ait évolué dans les dernières semaines d’une coquille vide de 36 mots a une réelle base de négociation. Mais il reste du chemin à parcourir. Les rôles se sont inversés ici à Cancun et nous entendons finalement parlé davantage de besoin pour un MRV amélioré des pays de l’Annexe 1, incluant les règles communes de comptage, ainsi que le MRV sur les finance utilisant un format de reporting commun. C’est bien... Seulement, les États-Unis et d’autres pays développés continuent à demander une transparence renforcée aux pays en développement mais restent bien timide su la manière d’améliorer la leur.
L’établissement d’un Mécanisme de Technologie et la création d’un Comité de Direction de Technologie Opérationnelle (TEC) correspond tout à fait au mandat de cette COP.
Malheureusement,  les Etats-Unis ont bloqué les progrès dans les discussions sur TEC et CTCN et les négociateurs  prévoient de botter en touche sur de nombreuses questions, comme l’organisation des rapports et les liens avec les mécanismes financiers. Ceci serait dangereux car cela laisserait trop de questions à régler en 2011.
Le projet de texte ne contient pratiquement rien sur la création d’un cadre opérationnel pour un Développement des Compétences nouveau, radicalement renforcé, focalisé et intégré.
Les responsables doivent clarifier si les pays développés ont l’intention de prendre le développement des compétences  sérieusement (c-à-d au même titre que la finance et la technologie) ou s’ils se satisfont de le laisser de côté avec quelques miettes dans un coin.
Sur le transport international, la COP doit guider l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile (OIAC) et l’Organisation Maritime Internationale (OMI) à prendre des mesures effectives pour réduire les émissions rapidement, créer un cadre pour que ces secteurs puissent contribuer équitablement au financement de la réduction des émissions et de l’adaptation dans les PED et éviter toute incidence nette sur les PED.
En ce qui concerne l’adaptation, une décision à Cancùn doit lancer le comité qui supervisera les dispositions techniques et coordinatrices pour l’adaptation dans le cadre de la Convention.
De plus, des mesures compensatrices n’ont pas leur place dans l’agenda de l’adaptation.

Les ressources disponibles pour l’adaptation ne doivent pas être utilisées pour compenser la perte de revenus du pétrole résultant des actions pour la réduction des émissions.
Avant la fin de la semaine, des décisions sur les financements doivent être prises pour créer un Fondq pour le Climat sous l’égide et l’autorité de la COP, en même temps qu’un processus pour clarifier l’importance de ce Fond et garantir des ressources suffisantes pour l’adaptation ainsi que les mécanismes et les outils qui généreront les revenus nécessaires.
Nous avons entendu que certains pays développés ont soulevé des doutes quant à leur possibilité de contribuer à un Fonds sous la UNFCCC en raison de contraintes constitutionnelles ou légales. Ce sont de simples manœuvres tactiques pour retarder une décision,  en utilisant le Fonds comme monnaie d’échange pour obtenir des concessions des PED sur d’autres questions comme les analyses et les consultations internationales.
Les négociations sur les Mécanismes de flexibilité rencontrent, comme prévu, des difficultés, y compris sur le choix même du texte à utiliser.
Cependant deux choses au moins devraient être faites. D’abord, les failles dans les mécanismes existants doivent être supprimées maintenant. Un exemple majeur  est celui des surplus d’UQAs. Ensuite, des principes adéquats devraient être définis pour des négociations supplémentaires sur LCA. Si de nouveaux mécanismes doivent être discutés pour avancer, ils doivent aller au-delà de la compensation. Et ils doivent réduire l’écart de Gigatonnes, pas l’augmenter. D’autres principes importants devraient aussi être définis, comme la prévention des comptages doubles, l’additionalité et la contribution au développement durable.
Il est très ennuyeux que l’option de laisser le CCS en dehors des MDP ait disparu du projet de texte envoyé au CMP. Le SBSTA devrait au moins s’attaquer à la création d’incitations perverses pour augmenter la dépendance des carburants fossiles.
Sur les sols et les forêts, le message est simple mais rappelons-le : éliminer les échappatoires !
Pour ce qui est du respect des formes légales, ECO demande aux Parties d’établir des processus ouverts et transparents pour discuter de leurs propositions, à la fois pendant et après Cancùn. De même, comme le Mandat de Berlin a apporté la clarté sur la forme juridique du processus des négociations qui a abouti au Protocole de Kyoto, les Parties devraient se mettre d’accord à Cancùn sur des mandats pour confirmer la deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto ainsi qu’un accord juridiquement contraignant  pour LCA et les présenter pour adoption à la COP 17 en Afrique du Sud.

Une bonne alimentation

Dans son quatrième rapport d’évaluation, le GIEC a clairement stipulé: « La malnutrition liée aux événements climatiques extrêmes peut être l’une des conséquences les plus importantes des changements climatiques en raison du nombre très important de personnes qui pourraient être touchées. »
En outre, une publication récente de l’IFPRI a estimé que la malnutrition des enfants pourrait augmenter jusqu’à 20% d’ici 2050 sous la contrainte climatique par rapport à un scénario sans changement climatique. Mais la nutrition est encore à l’écart lors des négociations climatiques.
Il y a une reconnaissance croissante de la nécessité d’aborder les impacts du changement climatique sur la nutrition. Tous les intervenants au side event de l’OMS et du PAM qui s’est tenu le 6 Décembre ont affirmé l’urgence de cette question, jusqu’à présent négligée.
Le Jour de l’Agriculture et du Développement Rural de 2010 recommande fortement que «l’action sur la sécurité alimentaire, la nutrition et la faim doit être explicitement inclue dans les accords post-2012 en particulier au sein du texte de l’AWG-LCA. »
Les Parties devraient rappeler que le changement climatique affecte directement la sécurité alimentaire et la nutrition de milliards de personnes, que l’ampleur des efforts pour faire face à la malnutrition est sous-estimée.
Il est maintenant temps d’agir en veillant à la sécurité alimentaire et nutritionnelle liée au changement climatique, et en intégrant la sécurité nutritionnelle dans le texte de la LCA. Tel est le message clef du Comité permanent des Nations Unies sur la nutrition (UNSCN) , dont le plan d’action peut être téléchargé à www.unscn.org.

Renforcement des capacités (contre désespoir)

Puisque que les pays développés réclament des mesures d’atténuation aux pays en développement, on pourrait penser qu’ils feraient tous la queue pour appuyer le texte LCA qui prévoit un effort drastique au renforcement des capacités.
Mais bizarrement, ce n’est pas le cas.
Depuis le tout début de la CCNUCC, les pays développés traitent le renforcement des capacités (RC) comme quelque chose d’essentiellement volontaire,  privé,  bilatéral et seulement après-coup, comme quelque chose qu’ils ont déjà décidé de faire. Plus récemment, ceci était en train de changer. Les options de renforcement des capacités ont été introduite dans le texte LCA depuis près d’un an maintenant. Mais même avec une lecture attentive du texte CRP1 et CRP2, vous risquez de ne pas vous en rendre compte.
La plus forte options dans le texte LCA - lancement d’un groupe technique pour concevoir et lancer un cadre intégré pour le renforcement des capacités (RC), un lien actif vers de nouvelles ressources financières (y compris une composante de conception pour le renforcement des capacités dans tous les nouveaux mécanisme financier multi-fenêtre), et un cadre juridique de verrouillage sur les obligations des pays développés pour soutenir les RC - ont tout simplement disparu dans un nuage de fumée.
Pourquoi cela? Ca n’aurait pas de sens de construire séparément des composants pour les efforts de lutte contre le changement climatique dans les pays en développement - que ce soit dans l’adaptation (NAPA), l’atténuation (NAMA), de la technologie (TNA) ou à travers le conseil d’administration avec MRV.
Que ce soit pour un inventaire, des normes fiduciaires ou un accès direct, le renforcement des capacités est nécessaire pour les développer  les synergies entre les actions.
Et cela permet de viser l’un des éléments clés que pays développés se disent le plus souhaiter: le rapport coût-efficacité. Mais où allons-nous maintenant que le RC est systématiquement supprimé dans le texte CRP? Il en faut moins pour déprimer tout le monde. ECO estime que ce ne sont pas les pays en développement ne veulent pas adopter une approche nouvelle. Ils font ce qu’ils peuvent avec des ressources limitées et des promesses d’aide à long retard. Au lieu de cela, le défi radical semble être pour les pays développés de dépasser leur rhétorique et de relever un défi qu’ils n’aiment vraiment pas: celui de travailler en collaboration avec les pays en développement.

Quel futur pour les MDP?

Depuis des années, les marchés carbones sont dans l’anxiété quant à leur futur en l’absence de clarté sur la situation post 2012.
Ces craintes atteignent de nouveaux sommets durant cette COP, entre les pays qui proposent que le futur des mécanismes de flexibilité soit garanti quelle que soit la situation par ailleurs, et les ateliers qui discutent des propositions complexes sur comment gérer d’éventuels intervalles.
ECO a quelques conseils directs pour les gouvernements et les marchés carbones inquiets du futur des mécanismes de flexibilité. Il suffit de persuader votre gouvernement de l’Annexe 1 d’accepter une deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto ici même. Cela réglera votre problème. Et pendant que vous y êtes, vous pourrez peut être leur demander d’adopter des objectifs de réduction bien plus ambitieux et de régler la question de l’air chaud.
Cela permettra aux marchés de fonctionner bien plus efficacement, avec un meilleur signal prix et une réelle intégrité environnementale. Comme le système ETS de l’UE l’a démontré dans sa première phase, une sur-allocation peut tuer le marché tout autant que l’incertitude sur la situation à long terme.

Le Monde Merveilleux du Canada

Ce doit être fantastique de vivre dans le monde magique du dossier de l’environnement du Canada. Dans ce pays enchanté, un communiqué de presse vaut autant que la loi, et qu’interdire l’exploitation du charbon ou polluer c’est la même chose.
Vous pouvez dire au Parlement et aux médias que vous avez publié une réglementation visant à interdire le charbon, mais de retour dans le monde normal, vous n’avez rien fait de la sorte.
Lorsque le Parlement a demandé au ministre de l’Environnement quelle serait sa stratégie pour Cancun, il a répondu que le Canada est le seul pays au monde avec un vrai plan d’action pour l’interdiction de la production d’électricité par l’exploitation du charbon et qu’il a déjà rendu publique la réglementation pour atteindre cet objectif.
Mais revenons à la réalité.
Il n’y a pas de plan d’action public et il n’existe aucune réglementation visant à interdire l’exploitation du charbon. Ce que le gouvernement a effectivement fait, c’est d’annoncer que les émissions de gaz à effet de serre liées à la production d’électricité par l’exploitation du charbon seront réglementées à partir de 2015, et que les projets de réglementation seront publiés en avril 2011.
Le même jour, le commissaire à l’environnement du Canada a publié un rapport indiquant que « la santé des Canadiens et de l’environnement naturel du Canada, les collectivités et l’économie sont vulnérables aux impacts du changement climatique, et le gouvernement n’est pas prêt à y répondre ».

Le Canada devrait revenir de ses petites vacances dans la zone de distorsion de la réalité et reconstruire la confiance et la transparence attendues à ces négociations.

Le Brésil fait marche arrière

Il semblerait que le Brésil soit son propre pire ennemi : non seulement le Président Lula a déclaré publiquement la semaine dernière que les négociations de Cancún ne conduiront à rien, mais en plus, le parlement brésilien est sur le point de donner le coup de grâce à tout réel espoir de réduction des émissions de GES. Les remarquables et récentes avancées du Brésil pourraient bien être stoppées net.
Les émissions annuelles de GES du Brésil, tous secteurs économiques compris, sont d’environ 2 GteqCO2. En 2010, le Brésil a annoncé un nouveau record de réduction de ses émissions, salué par ECO et le monde entier. La déforestation y a par ailleurs largement chuté, passant, pour l’Amazonie, de plus de 27 000 km2 en 2004 à moins de 6 500 km2 en 2010.
Et pourtant, la chambre des représentants est sur le point d’approuver un nouveau code de la forêt qui constituera l’approbation la plus honteuse de l’histoire récente à une participation au changement climatique. Près de 370 sur les 513 représentants sont prêts à approuver ce retour en arrière.
Ce projet accorde l’amnistie à la dégration et la déforestation illégales, réduit les zones de protection le long des rivières et supprime l’obligation de réserves légales pour les propriétés rurales d’une certaine taille et une réduction pour les grandes propriétés.
Quand le Brésil a approuvé l’Accord de Copenhague, son engagement était de réduire ses émissions de 36,1% à 38,9%, soit, pour le dernier, de 1 GteqCO2. Cependant, une étude récente, coordonnée par un groupe d’ONG reconnues, comprenant la Fundação Boticário, le WWF-Brésil, TNC–Brazil, IMAZON, SPVS et Conservation International, démontre que ne serait-ce que deux des nombreuses modifications prévues par le projet de code de la forêt engendreront une très forte augmentation des émissions du Brésil et une baisse de ses capacités de stockage de carbone.
Ainsi, tout d’un coup, l’ensemble des forêts brésiliennes sont à nouveau en danger majeur. Et dans ce cas, la cause primaire en est une conséquence directe de l’activité humaine – un vote.
Le monde a été transporté par les grands progrès du Brésil en termes de réduction de la déforestation. Nous devons avons aujourd’hui la responsabilité de dire que le fait de tourner le dos à ces avancées majeures serait une grave erreur.

Des financements équilibrés pour l’adaptation

ECO redoute que le tout petit gâteau des financements pour l’adaptation oblige les pays en développement à se battre. Considérons que la meilleure stratégie contre la faim est d’augmenter l’apport de nourriture.
Les pays, et parmi eux ceux les plus vulnérables, devraient être clairs et fermes: les financements pour l’adaptation ne doivent pas être un petite part des fonds totaux, comparés à l’atténuation.
Au moins 50% des nouveaux financements climat devront être réservés à l’adaptation. ECO se montre optimiste ; les parties vont trouver un accord pour établir le fonds ici et clarifier les sources pour l’alimenter.

« La transition juste » vers un nouveau monde possible

Que font les négociateurs lorsqu’un accord est trouvé ? Ils le sortent du texte!
Cela pourrait sembler bizarre mais cela continue d’arriver dans la discussion sur la Vision Partagée.
L’appel à une économie faiblement émettrice qui assure une transition juste et la création d’emplois adaptés a été admise il y a longtemps comme devant faire partie du texte, tout comme la question du genre, les droits des peuples indigènes et d’autres éléments importants d’une telle initiative sur le climat. 
Pourtant cette référence essentielle a mystérieusement disparu du nouveau texte de vision partagée. Et cela malgré le soutien de l’Argentine aux États-Unis et à toutes les autres parties en présence.
Qu’est-ce qui se passe ? La référence à la transition juste est destinée à obtenir le soutien des travailleurs du monde envers ces négociations.
Ce processus international doit motiver les peuples, donner l’espoir sur notre capacité à améliorer leur vie et montrer qu’un autre monde est possible. 
Les négociations se concentrent à raison sur « jusqu’où nous devons aller » pour réduire les émissions, pour le financement, la technologie et le renforcement des capacités. 
La transition juste est le chemin équitable pour « comment en arriver là ». Le monde a besoin d’un climat et d’une économie durables et cela exige un pont vers un avenir avec des emplois adaptés à la nouvelle donne.

mardi 7 décembre 2010

Résultats clés : «Emission Gap Report» - PNUE - nov 2010

  • Les études montrent que les niveaux des émissions de 44 gigatonnes de CO2 équivalent (GteqCO2) (fourchette : 39-44 GteqCO2*) en 2020 serait conforme a une chance «vraisemblable» de limiter le réchauffement global à 2°C.
  •  Sous un scénario «business as usual», les émissions pourraient atteindre 56 GteqCO2 (fourchette : 54-60 GteqCO2) en 2010, laissant un écart de 12 GtCO2.
  • Si les engagements les moins ambitieux étaient mis en application de façon « indulgente »*, les émissions pourraient atteindre 56  GtCO2.Selon le rapport, le fossé pourrait être réduit de façon substantielle par des mesures discutées dans les négociations : 
    • augmentation des ambitions, engagements conditionnels
    • adoption de règles de fonctionnement qui évitent une hausse nette des émissions issues  
      • (a) d’une comptabilisation «indulgente» de l’usage des sols, des changement d’affectation des sols et de la foresterie, 
      • de l’utilisation d’unités de surplus d’émission. 
  • Si les mesures ci-dessus étaient mises en place, les émissions en 2020 pourraient être réduites à 49 GteqCO2 (fourchette : 47-51 GteqCO2) réduisant le fossé à 5 GteqCO2. Cela équivaut environ aux émissions annuelles globales de toutes les voitures, bus et transports du monde en 2005 - Mais c’est aussi presque 60% du chemin à parcourir pour atteindre l’objectif de 2°C.
  • Il sera aussi important d’éviter l’élargissement du fossé en évitant le « double-compte » des mécanismes de flexibilité.
  • Les études montrent qu’il est possible de  colmater le fossé restant à travers des actions domestiques plus ambitieuses, certaines pouvant être soutenues par des financements climat internationaux.
Avec ou sans fossé, les études actuelles indiquent que des réductions d’émissions drastiques sont nécessaires après 2020 afin de conserver des chances de limiter le réchauffement à 2°C ou à 1,5°C.

*Les fourchettes se réfèrent à la «majorité des résultats», c’est à dire 20ème et  80ème centile.
**«Indulgent» dans ce rapport est le terme utilisé pour qualifier les règles de comptabilisations LULUCF, et l’utilisation d’unités de surplus d’émission dans la hausse d’émissions nette.
http://www.unep.org/publications/ebooks/emissionsgapreport/

CCS et MDP: attention danger

Samedi matin lors de la session sur la capture et le stockage du carbone (CCS),  ECO a éré choqué d’apprendre que l’option de garder le CCS en dehors des Mécanismes de Développement Propres soit absente du texte transmis à la CMP en vue d’une décision.
Le CCS recèle encore de nombreux problèmes et il est loin d’être opérationnel pour des centrales d’énergie de grande taille. Et pourtant en commandant une étude préliminaire, la porte s’ouvre pour le laisser pénétrer le système des MDP. Cela pourrait-il être parce que réinjecter le CO2 dans le sol est le meilleur moyen d’améliorer le taux  de récupération du pétrole 
L’inclusion du CCS conduira probablement à une incitation perverse à augmenter les émissions, et sa participation aux MDPs tient du conte de fées. Par exemple, il est peut-être affirmé « qu’en injectant le CO2 dans le sol, les émissions seront réduites et qu’une technologie propre et de pointe pourra ainsi être transférées aux pays en développement». Pourtant, ce qu’il faut lire entre les lignes, c’est plutôt, “qu’en injectant le CO2, nous pouvons siphonner un peu plus le  pétrole du sous-sol et cela avant que la sécurité de cette technologie du CCS soit établie ; si des problèmes adviennent ce ne seront plus les nôtres.»
Depuis longtemps, ECO pense que le CCS ne doit pas être inclu dans le MDP. Il devrait être redit que, selon les accords de Marrakech, l’ajout d’un nouveau type de projet nécessite la preuve de son innocuité pour l’environnement. Le CCS est encore en phase test et son inoffensivité n’a pas encore été pleinement établie, en particulier à long terme. De plus, le CCS a de grande chance d’être financièrement inabordable. Et une petite rallonge via la vente de crédits carbone ne suffira pas pour améliorer sa viabilité financière au niveau requis pour de tels projets.
Dans beaucoup de cas, un CCS MDP pourrait être une mascarade pour prolonger l’exploitation pétrolière. Nous agissons comme un fumeur qui ne parvient pas à briser son addiction.

Combler le trou d’UQA

Ce n’est pas la première fois que ECO intervient sur les Unités de Quantités Attribuées (vulgairement dits ‘quotas d’émissions’ ou UQA). S’il sont transférés dans la 2ème période d’engagement sous le Protocole, les surplus  de quotas permettraient d’atteindre l’objectif agrégé des pays annexe B. Mais ce n’est qu’une échappatoire, puisque cet aflux d’air chaud ralentira la transition vers une économie sobre en carbone. Eco constate que peu d’avancées ont été réalisées sur ce problème majeur dans l’AWG-KP.
En revanche, la dernière proposition de texte du KP par le président contient des options intéressantes pour résoudre la question du surplus des quotas qui menace l’intégrité environnementale du Protocole de Kyoto.
L’option 2 de l’article 3, paragraphe 13 et 13bis montre qu’on peut effectivement empêcher les surplus de venir polluer les réductions d’émissions nationales des pays Annexe B. En permettant aux surplus d’UQA d’être utilisés exclusivement par les pays qui ont enregistré de tels surplus et seulement lorsque leurs émissions sont plus élevées que leurs quotas d’émissions dans la 2ème période. Cette option a aussi l’avantage d’annihiler tout risque de « blanchiment d’UQA » : vente des quotas alloués pour la 2ème période et utilisation des quotas de la 1ère période pour atteindre l’objectif.
Il existe cependant un gros risque encore que cette option encourage les pays avec des surplus d’UQA a abandonner toute action climat. ECO encore un fois suggère d’appliquer un taux d’escompte aux surplus utilisés pour atteindre l’objectif domestique afin d’en limiter le nombre. Il suffit de combiner option 1 et 2 dans le texte du chair.
ECO invite l’UE en particulier à exprimer de l’ambition. L’UE n’était-elle pas une des parties à avoir conditionné son adhésion à une 2ème période d’engagement au renforcement de l’intégrité environnementale du Protocole ? Bonjour Bruxelles, il est temps de l’assumer !
Enfin, regardons la vue d’ensemble et tirons les leçons du passé. On va continuer à générer de larges quantités de surplus au cours de la 2ème période si on ne tire pas vers le haut les objectifs actuellement très faibles des pays développés. Afin de minimiser encore un plus l’impact négatif sur l’intégrité environnementale du Protocole, tous les pays devraient s’engager à investir la vente des surplus de la 2ème période sur des projets climato-compatibles, via des programmes d’investissement vert, transparents et soumis à une veille internationale. Tout problème a sa solution, à condition de bien vouloir la trouver.

L’Arabie saoudite, Wikileaks et la diplomatie du climat

Ceux qui prennent le temps de regarder au delà des frontières du Moon Palace, et du Cancun Messe auront appris que Wikileaks rendait transparent les échanges de notes internes aux USA. Parmi les notes concernant le climat figure celle de l’ambassadeur étasunien en Arabie saoudite: «Les officiels Saoudiens sont très préoccupés qu’un traité sur le climat réduise de façon significative leurs revenus alors même qu’ils font face aux couts liés à la diversification de leur économie». «Le Roi est particulièrement attentif à éviter que l’Arabie saoudite soit pointée du doigt, particulièrement concernant l’environnement».
L’Arabie saoudite fait face au réel défi de devoir s’éloigner du pompage de liquides noirs et de diversifier son économie.  Il est plus facile d’évoluer vers de nouveaux produits semblables à ceux qui sont déjà fabriqués plutôt que d’effectuer des sauts vers des activités économiques complètement différentes. Et le pétrole est un secteur particulièrement difficile à partir duquel se diversifier. Et la nation est jeune, ce qui crée des besoins d’emplois auxquels l’addiction aux exportations de pétrole ne répond pas.
Au regard de ces difficultés, l’Arabie saoudite fait de réels efforts pour diversifier son économie. Même ceux qui sont le plus dévoués au pétrole constatent que le reste du monde avance vers un avenir à faible intensité carbone , même si c’est à une vitesse trop lente selon ECO ou n’importe quel climatologue.

Le Royaume accomplit quelques changements engageants, tel que la fondation de l’Université Roi Abdallah de la Science et de la Technologie, qui formera les rangs des ingénieurs et des scientifiques. C’est un renforcement des capacités de R&D, dont la modélisation climatique ainsi que «l’agression (sur les barrières de corail de la mer Rouge) provenant de facteurs naturels et anthropogéniques dont... le changement climatique», (l’université à parfaitement compris ce que les négociateurs ici n’ont pas compris).  Aussi, le pays investit lourdement dans la recherche solaire.
Si le Royaume d’Arabie saoudite essaie de développer une économie pauvre en carbone et économiquement diversifiée, pourquoi travaille t’il tout autant pour empêcher le monde de progresser sur le changement climatique ?
Les dépêches de Wikileaks divulguent aussi l’opinion de l’ambassadeur étasunien selon lequel « Les officiels Saoudiens ont suggéré qu’ils ont besoin de trouver une façon  de descendre gracieusement de leur position de négociation dure. Un engagement plus soutenu en coordination avec d’autres Gouvernements, surtout si c’est fait de façon à développer les partenariats pourrait les y aider».

Si l’Arabie saoudite est préoccupée par les critiques mais prête a se développer d’une autre façon, ECO fournit respectueusement quelques idées pour modifier leur position dans les négociations ici et maintenant et pour laisser leur réputation négative au passé. A cette fin, le Royaume pourrait:

  • Percevoir la transition globale vers un avenir à faible dépendance vers le carbone comme une opportunité. En investissant sagement sa richesse fossile existante, le Royaume a beaucoup à offrir
  • Développer une vision à long terme pour son avenir post-pétrole comme une économie faiblement carbonée en développant son extraordinaire ressource solaire. Ceci en partenariat avec d’autres pays.
  • Arrêter de lier les mesures de ripostes / les effets d’excédents aux mesures d’adaptation. De telles tactiques de négociation ne créent pas d’amis et peuvent mettre des vies en danger.
  • Soutenir l’inclusion des engagements de l’Accord de Copenhague dans l’UNFCCC comme base pour des discussions à venir en 2011.
  • Arrêter de bloquer la revue du 1.5°C telle que proposé par l’AOSIS ainsi que d’autres initiatives augmentant les ambitions de réduction. Ainsi, parmi d’autres choses importantes, les superbes récifs coralliens, les algues et les forêts de mangroves très productives (et séquestrant le carbone) pourront survivre à l’âge du pétrole.

Des progrès remarquables sur l’article 6

Il y a un endroit, cette semaine, où les Parties ont réellement fait montre d’ambition et de souplesse. Le brouillon d’une décision de la COP nous est parvenu. Celle-ci porte sur l’Article 6 qui s’intéresse à la sensibilisation de l’opinion et la transmission de connaissances sur le changement climatique.
ECO est ravi de constater que l’ensemble des réclamations des délégués de la jeunesse ont été incluses dans le texte, en particulier l’éducation périscolaire, la participation des jeunes dans les processus décisionnels et le financement des programmes d’éducation. 
Le mérite en revient particulièrement au G77+Chine, et plus spécialement à la République Dominicaine pour leur leadership. Après un début tranquille au sein du groupe contact, la République Dominicaine, réagissant à la présence massive de jeunes dans la pièce, est intervenu pour inciter à plus de souplesse et ainsi offrir à la jeunesse la décision finale qu’elle méritait. Comme un trophée, le brouillon de cette décision de la COP a rapidement été conclu.
Le Président de la SBI remarquait que c’était la toute première fois qu’un groupe contact parvenait à une décision en seulement 90 minutes, et ainsi récompensait le président du groupe d’une étoile d’or.
Cependant, tout ce travail pourrait n’avoir servi à rien si la COP n’approuve pas cette résolution préliminaire de la SBI. Mais ECO devine que les Parties ont eu une éducation suffisante pour voir que l’Article 6 va dans leur intérêt.
Quand il sera finalement validé, l’ambition et la volonté qui auront gouverné à l’obtention de ce compromis sur l’Article 6 resteront dans les esprits des parties prenantes comme l’évènement de cette semaine.

Adaptation : Fin du jeu

Les progrès en faveur de l’atténuation seront décisifs cette semaine. Mais n’oublions pas que pour une large part de la population mondiale, l’adaptation est une question de survie et plus les grands émetteurs tarderont à réduire leurs émissions, plus il faudra s’adapter.
Les niveaux actuels d’engagements de réduction des émissions nous laissent présager une hausse des températures de 4°C d’ici la fin du siècle par rapport aux niveaux pré-industriels. Les conséquences seront terribles: augmentation du niveau de la mer, recul des glaciers, l’acidification des océans, la perte de la biodiversité, la dégradation des sols et des forêts. Nous connaissons ces impacts, mais leurs conséquences sur les populations locales ne peuvent pas être anticipées complètement.
Ces impacts toucheront les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables, détruisant leurs habitations, portant atteinte à leurs moyens d’existence et aux ressources naturelles, tout en rendant de nombreux territoires de part le monde inhabitables.
Deux questions ont été éludées des négociations. Premièrement, cette semaine les Parties doivent s’entendre sur un mandat de travail pour mieux comprendre et prendre en compte les pertes et dommages, et décider d’un programme de travail, incluant des ateliers, afin de développer les modalités de fonctionnement du mécanisme qui sera approuvé à la COP 17.
L’autre question clé est de s’assurer que le texte fait uniquement référence aux effets du changement climatique. Nous saluons la suppression des mesures de ripostes dans le chapitre II (Adaptation) de la dernière version du texte de la Chair  (CRP.2). Les mesures de riposte se rapportent aux effets de l’atténuation, par exemple la baisse des revenus issus du pétrole consécutif à la baisse de consommation de pétrole des économies bas-carbone. Ces mesures ne doivent pas détourner les fonds nécessaires pour protéger ceux qui sont en danger face au changement climatique.
Parce que ces deux questions sont bien distinctes, il n’est pas approprié d’inclure les mesures de riposte dans l’adaptation. Cela est d’autant plus vrai qu’elles figurent déjà dans le texte sur l’atténuation (Chapitre III, Section F). Les pays développés ne contribueront pas financièrement au cadre d’action pour l’adaptation si la référence à ces mesures est maintenue.  Sur ce point, la négociation doit définir un moyen simple et direct de protéger toutes les populations, en particulier ceux qui sont le plus exposés aux dangers du changement climatique.

La Banque Mondiale au charbon: « Ne me quitte pas... »

Alors que la Banque Mondiale se positionne comme un acteur central dans le financement pour le climat, l’incohérence de ses pratiques de prêts interpelle vivement.
Malgré une augmentation des sommes prêtées dans le domaine des énergies renouvelables, l’institution a dépensé plus pour le charbon en 2010 que pour les ENR et l’efficacité énergétique réunies. L’engagement continu de la Banque en faveur du charbon, la source de combustible la plus énergivore et la plus destructrice, est une ombre à son bilan que toutes ses déclarations rassurantes ne peuvent effacer.
Si la Banque Mondiale affirme qu’elle peut financer de façon crédible les politiques climatiques, elle doit le prouver en s’engageant de façon ferme et incontestable à assainir son comportement.
Aujourd’hui se présente pour elle l’opportunité de démontrer sa bonne volonté en révisant sa stratégie énergétique : supprimer progressivement le soutien aux combustibles fossiles, assurer l’accès énergétique à tous et garantir que les prêts alloués aux projets hydrauliques de grande échelle répondront à des exigences strictes.
Une stratégie ferme et ambitieuse encadrant les investissements pour les années à venir donnerait un signal fort sur la sincérité de l’engagement de la banque vis-à-vis du Climat.
Sans ce signal, il est clair que la Banque ne pourra jouer aucun rôle dans le futur financement des politiques climatiques, pas même celui d’administrateur. Derrière ses grands discours et ses jolies brochures vertes, une grande partie de ses prêts dédiés au secteur énergétique finance des projets liés au charbon. Le monde change rapidement et la Banque est à la traine. Si elle compte réellement participer à l’économie propre du 21ème siècle, elle doit d’abord réparer ses erreurs passées.
La Banque Mondiale peut lancer le signal le plus fort de tous : Quitter le charbon pour de bon.

Le Royaume-Uni montre l’exemple

Nous manquons cruellement des pays développés pour montrer l’exemple de la transition vers une économie neutre en carbone. La position de nombreux pays Annexe I donne l’impression qu’ils traînent des pieds au lieu de foncer vers un futur plus vert.
Donc c’est avec joie et bonheur que nous avons entendu l’appel par le puissant comité climat de le Royaume-Uni pour que le pays réduise ses émissions de 60% d’ici 2030, par rapport à 1990, avec une utilisation « à la marge » des mécanismes de flexibilité.
Le comité est un organe règlementaire créé dans le cadre de la loi climat innovante du Royaume-Uni qui conseille et suit la progression vers ces objectifs. La loi applique un objectif juridiquement contraignant qui réduit les émissions de 80% d’ici 2050, et s’organise autour de budgets carbone quinquennaux.
Le comité précise qu’une réduction de 60% des émissions d’ici 2030, (et d’au moins 50% d’ici 2025), est faisable à un coût abordable : moins de 1% du PIB anglais. Mais, le Royaume-Uni s’engage avant tout vers une économie verte, pourvoyeuse d’emploi avec le développement fort des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.
Le Comité propose aussi des objectifs pour l’ambition de l’UE pour 2020 et au-delà. Le Comité veut que l’UE adopte l’objectif de 30% le plus rapidement possible. Entre temps, le Royaume-Uni agira unilatéralement, au moins dans les secteurs couverts par le marché carbone européen.
Alors que l’UE est elle aussi en train d’envisager des objectifs pour 2030, en prévision du rapport qui sortira au printemps 2011, le Comité tire l’ambition vers le haut en appelant l’UE à adopter un objectif 2030 de - 55% par rapport aux niveaux de 1990.
Ici à Cancun, les parties négocient un texte qui imposera le développement de plans d’action zéro carbone. Le Comité du Royaume-Uni essaie de démontrer que c’est faisable.
Bien sûr, le gouvernement anglais doit maintenant agir, sur les conseils du Comité. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, le premier Ministre David Cameron s’est engagé à gouverner « vert ». Il n’y a pas de meilleur moyen de l’illustrer qu’en actant les recommandations du Comité.
Avec de nouvelles politiques fortes pour atteindre ces objectifs, le Royaume-Uni pourrait véritablement lancer la transition vers une économie verte et réduire son importation d’énergie fossile. Ce serait aussi un signal fort en direction des autres pays développés : l’économie neutre en carbone n’est pas un monstre mais une opportunité.

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lundi 6 décembre 2010

Des stratégies locales pour nourrir la gouvernance internationale !

Après 20 ans d’échec des politiques internationales et nationales de développement, la communauté internationale ne tire toujours pas les leçons de ses échecs. Face aux impacts du changement climatique, les politiques de développement se révèleront inadaptées tant qu’elles n’intégreront pas la résilience et la sobriété énergétique. Pragmatique et innovante, l’approche locale s’avère plus efficace pour relever ce défi. Les ONG membres du Réseau Climat & Développement le prouvent par leur expérience du terrain.
L’approche est intégrée : elle articule la lutte pour le développement et contre le changement climatique au sein des politiques et stratégies.
L’approche est locale : la collectivité est la plus à même de comprendre et de répondre aux besoins des communautés vulnérables.
L’approche est bottom-up : les politiques locales intégrées doivent nourrir les débats internationaux, notamment pour mobiliser des financements adaptés. Là où les négociations échouent, les communautés locales s’accrochent et réussissent.

Négociateurs déconnectés des réalités du terrain, sachez que le terrain, lui, compte investir l’arène internationale et ne lâchera rien.

Un MDP plus blanc que blanc

Le manque d’intégrité environnementale du MDP entache la réputation du processus multilatéral international. En décembre 2009, le Bureau Exécutif du MDP a ainsi enregistré son tout premier projet de centrale à charbon, générant ainsi deux réactions : une immense vague de protestations d’un côté et l’émergence d’une foule d’autre projets similaires de l’autre.
Au lieu de tenir compte des critiques de la société civile à son égard, le Bureau Exécutif du MDP s’est empressé de donner son accord à une deuxième super centrale à charbon d’une puissance de 1 100 MW grâce à une méthodologie défectueuse. Ce nouvel écart sur la voie de l’intégrité environnementale du MDP a envoyé un message très négatif.
Aujourd’hui, il y a de quoi s’émerveiller en observant la course au charbon dans le MDP.  Ainsi 20 projets de centrale à charbon sont dans les tuyaux et notamment le projet Sasan en Inde pour une centrale « Ultra Mega Power » d’une puissance de 4 000 MW. Sasan pourrait recevoir jusqu’à 4 millions de crédits carbone par ans tout en rejetant près de 20 millions de tonnes de CO2…
La tentative de relabéliser la technologie des centrales à charbon « supercritiques » comme une option propre et additionnelle est presque d’une dimension Orwellienne. Elle n’est en aucun cas additionnelle pour les pays émergents et ne devrait jamais éligible au titre du MDP. C’est un scandale environnemental : ces crédits carbone pour des centrales à charbon non additionnelles nous privent des réductions d’émissions dont nous avons désespérément besoin, ne contribuent pas au développement durable et nous entrainent sur la pente des énergies fossiles pour des décennies.
Le Bureau Exécutif du MDP doit urgemment gommer cette tache de charbon qui salit tous nos efforts ici à Cancun.

Le juste Fonds Climat

Plus de 200 organisations de la société civile lancent aujourd’hui un appel pour la mise en place d’un fonds équitable sur le climat ici à Cancun. Il est nécessaire que les ministres consacrent assez de temps et d’énergie à ces questions essentielles pour ceux qui souffrent déjà des impacts du changement climatique.
Soyons clairs. Aujourd’hui, les pauvres sont perdants sur les deux tableaux. Ce sont les premières victimes de la crise climatique mais aussi et surtout de la crise économique, et donc de l’absence de volonté sur les financements pour le climat. Et puis tout le monde sait que les financements déjà existants n’ont pas aidé les populations les plus vulnérables, mais uniquement un petit groupe de pays, laissant de surcroît de côté l’adaptation et  la participation des populations locales concernées, notamment les femmes.

Il est plus qu’urgent de repartir sur de nouvelles bases, pour aider les pays en développement à renforcer leur résilience face au changement climatique, protéger leurs forêts, et adopter des modes de développement sobre en carbone. Le marché du carbone est vraiment inadapté à ces besoins, aussi bien sur la forme que sur le fond. Il faut donc de l’argent public.

Afin d’être vraiment équitable et efficace, le nouveau fonds devra marquer un véritable tournant dans la gestion des financements sur le climat à destination des plus pauvres. Il ne s’agit pas juste de lancer un nouveau processus. Il faut un engagment et des décisions politiques sur la nature du fonds.

Cela implique à minima un fonds :

- établi et conçu sous l’égide de la CCNUCC
- qui donnera aux pays en voie de développement une juste représentativité
- qui assurera que soit pris en considération à la fois l’équité entre les genres dans son devenir et que les organisations et les communautés les plus touchées aient une voix qui porte.
- qui garantira qu’au moins 50% des fonds soient dédiés à l’adaptation.
- qui donnera un accès direct à ces fonds aux pays en voie de développement
- qui s’assurera que les communautés vulnérables, particulièrement les femmes et les communautés indigènes, soient intégrées dans les processus nationaux de gestion des fonds.

Ces principes sont clairs, maintenant, c’est aux ministres de jouer.

Gratter des financements

C’est parti ! Entre deux piqûres de moustique, les ministres ont été briefés, et les nouveaux textes de négociations ont été soigneusement analysés par les délégués... Mais les démangeaisons et le nombre important de sujets sur la table ne doivent pas faire oublier aux Ministres qu’il ne reste plus que deux ans pour mettre en place une nouvelle architecture financière, avant l’expiration des financements précoces en 2013.
ECO voudrait faire ici une piqûre de rappel aux délégués : oubliez les moustiques, vous avez une multitudes de nouvelles sources de financements à portée de main !
Il faut maintenant créer un processus pour discuter concrètement des sources du financement de long terme, avec un vrai plan de travail et l’objectif de trouver un accord d’ici l’an prochain à la COP 17. Il est impératif d’avancer sur les sources de financements, en reconnaissant que les besoins d’adaptation et d’atténuation rend inévitable une augmentation des volumes financiers, au-delà des 100 milliards de dollars prévus à Copenhague.
Pourtant, le nouveau texte du LCA demande qu’une attention particulière soit portée aux nouvelles sources de financement, mais ne prévoit aucun processus de discussion sur ce thème. Est-ce que les pays veulent vraiment revivre une année d’hésitation et de tergiversations sur ce thème ? Pour ECO, ce sujet est un sujet politique, pas technique, et doit donc être discuté au sein du LCA, et non pas relégué au SBI ou à un groupe de travail supposé se concentrer sur l’architecture d’un nouveau fonds.
En 2010, la question des sources de financement a été laissée de côté, en attendant les résultats du groupe de travail de haut niveau sur les financements du climat (AGF). Celui-ci a rendu sa copie. Et si ECO est déçu que ce rapport laisse trop de place à la finance carbone et que les banques de développement soient considérées comme des sources au lieu de n’être que des canaux, ce rapport a quand même le mérite de poser sur la table la plupart des options. C’est un point de départ incontournable des négociations.
L’une des premières sources de financement provient directement des budgets des pays industrialisés. Cela continuera, dans les années à venir à être une des premières contributions, et la mise en place d’une grille d’évaluation de ce financement est une composante essentielle du processus.
Mais il faudra surtout, pour changer d’échelle en matière de finance, trouver de nouvelles sources, rapidement disponibles. La mise à contribution du secteur aérien et maritime répond à ce cahier des charges.
L’AGF a mis sur la table un mécanisme qui résout les problèmes d’équité. Il propose la mise en place d’un reversement aux pays en développement afin d’assurer qu’ils ne souffriront pas d’effet néfastes de la mise en oeuvre de cette proposition. Dans le secteur maritime, celui-ci serait basé sur la part des importations totales de chaque pays. Pour l’aviation, plusieurs options sont sur la table. Alors que les pays en développement recevraient le reversement, le pays industrialisés attribueraient leurs revenus à un fonds pour l’adaptation et l’atténuation administré par la CCNUCC. Cette proposition, faite par le Chili, doit ainsi compléter le texte du président du LCA sur le transport aérien et maritime. Mais il faut aller au delà, et définir un calendrier et un programme de travail précis pour préparer des décisions en Afrique du Sud sur les sources de financement. Et si les négociateurs n’avancent pas sur ce point, ECO encourage tous les moustiques de la mangrove à venir piquer les fesses des négociateurs.

ECO cherche ministre pour faire sa Une

Cher-e-s Ministres,
Vous avez toujours rêvé de faire la Une de ECO et de montrer à votre famille comment vous avez bien travaillé à Cancun ?
Nous avons la solution !
Alors que nous nous embourbons dans des questions sensibles sur le Protocole de Kyoto, il ne vous a pas échappé que les propositions en cours sur LULUCF ne permettront pas d’arriver à un accord sérieux et ambitieux sur la question de la comptabilité des émissions des forêts dans les pays industrialisés. N’essayez pas de vous casser la tête sur un texte complexe, contentez vous de boucher les trous et de supprimer les échappatoires. Chiche ?! ECO s’engage à mettre votre décision en première page, et vous pourrez rentrer à la maison avec les félicitations du jury, parce que votre pays aura fait quelque chose de vraiment concret pour réduire les émissions.
Pour bien comprendre le problème, dites vous simplement que le texte proposé, permet aujourd’hui une augmentation des émissions annuelles de 451 MTCO2. Ce n’est pas rien ! Au cas où vous l’auriez oublié, Copenhague prévoyait une réduction des émissions, pas une augmentation.
Et quelle crédibilité comptez vous avoir en demandant aux pays en développement de réduire la déforestation si à la maison vos émissions liées à la forêt augmentent ?
ECO vous suggère aussi de profiter des idées déjà sur la table pour vous faire bien voir : prise en compte d’une référence historique (Tuvalu) ; approche combinant référence historique et projections (Groupe Africain) ;
définition des règles et des dates pour les niveau de référence ; retour aux règles en place pour la première période d’engagement… La plupart de ces options doivent être analysées sur leur capacité à permettre de boucher le trou des émissions.
ECO vous rappelle aussi que les règles de comptabilité du LULUCF doivent être obligatoires, et ne pas s’appliquer uniquement à la gestion des forêts. C’est notamment le cas des tourbières et zones humides. Mais il ne faut pas que cela se fasse au détriment de la qualité des règles. L’objectif de ce processus, c’est bien d’améliorer les règles, pas juste d’en produire de nouvelles.
Et ECO n’est pas dupe sur une autre échappatoire que certains tentent d’utiliser. Le texte prévoit en effet d’exclure de la comptabilisation des émissions les feux de forêt et autres évènements climatiques extrêmes. Or, certaines Parties tentent de détourner ces cas de force majeure pour faire exclure de leur comptabilité carbone toutes les perturbations environnementales, afin de réduire leurs engagements.
ECO rappelle que la plupart des perturbations environnementales, et même celles liées au changement climatique peuvent être anticipées, ce qui veut dire que les cas de force majeure doivent être strictement encadrés, pour empêcher les mauvais joueurs de tricher.
Alors, si vous avez toujours envie d’être en Une de ECO, vous savez ce qu’il vous reste à faire : prenez votre journal avec vous pendant les groupes de travail, et commencez à boucher les trous.

Santé & climat

Les marchés sont tendus, les taux d’intérêt élevés. Ici, à la COP16, ce sont les négociateurs qui sont tendus et leur pression sanguine qui est élevée, alors qu’ils tentent de refermer la plaie béante du « gigatonne gap ».
Heureusement, il y a bien des docteurs
« dans l’avion » et leur rapport climatico-médical souligne les avantages d’une cure de désintoxication de nos émissions de GES.
Nous sommes tous d’accord : le sport, c’est la santé. Les changements en matière de politique de transports ainsi que la réduction du sédentarisme, nécessaires à la réduction de nos émissions de GES, peuvent sauver des vies, indique la revue médicale « The Lancet ».
Ainsi, les maladies coronariennes peuvent baisser de 20%, le cancer du sein de 12% et la démence de 8%. Les taux de maladies respiratoires (tel l’asthme) chutent quant à eux lorsque la pollution diminue – phénomène également observé lorsque l’on remplace les fours traditionnels par des technologies plus
« propres » dans les pays du Sud. De même, les taux de maladies cardiaques, d’ostéoporose, de diabète, d’obésité et de dépression diminuent. Une réduction appropriée de la consommation de viande et de graisse permet  en outre de diminuer les taux de maladies cardiaques de 15%, et pourrait réduire les taux de cancer de l’intestin. « The Lancet » montre que ces résultats s’observent partout dans le monde, y compris au Royaume-Uni, en Inde et en Chine.
Une main d’oeuvre en meilleure santé permettra d’accroître la productivité et de réduire les coûts de santé publique. Ces résultats devraient encourager l’UE à revoir ses ambitions à la hausse pour passer à un objectif d’au moins -30% d’émissions de GES d’ici 2020. Passer de -20% à -30% permettrait d’économiser 30 milliards d’euros chaque année en soins médicaux – soit presque les 2/3 des 46 milliards d’euros annuels que coûterait ce changement selon la Commission Européenne. Autrement dit, les 2/3 des coûts d’atténuation peuvent être financés par des économies de santé.
Un autre exemple, plus proche de Cancún :
une baisse de 10% de la pollution liée aux émissions de particules dans la ville de Mexico permettrait d’économiser 760 millions de dollars par an.
Mardi, une réunion dans le pavillon des Etats-Unis soulignait les terribles impacts des changements climatiques sur la santé humaine. Le changement climatique pourrait se payer cher en souffrance humaine. Des objectifs ambitieux d’atténuation peuvent éviter ceci, et permettre en même temps de sauver des vies et de générer des économies financières. Prenons le médicament, montrons de l’ambition, et soignons ce gigatonne gap. Et tant que nous y sommes, rendons les états en meilleure santé, plus heureux et plus riches.
Aujourd’hui, lundi 6 décembre est le « Jour de la Santé » à Cancún.
Verrons-nous une déclaration des délégués, soutenue par les secteurs de la santé ?

Engagez-vous !

Les mots « forme légale » et « intégration des engagements » sont sur toutes les lèvres dans les couloirs du Moon Palace. Ce sont en effet des sujet cruciaux, et, comme de nombreuses Parties l’ont fait remarquer samedi lors de la plénière de mi-session, ECO aimerait vraiment que de sérieuses avancées sur le contenu des discussions voient le jour cette semaine.
Sous la voie du PK tout d’abord. Concernant les objectifs individuels et agrégés des pays de l’Annexe 1 pour la deuxième période d’engagement, il y a eu beaucoup de discussions sur la manière de les enregistrer. Mais qu’en est-il du niveau d’ambition de ces même objectifs et de leur lien avec l’exigence scientifique ? En effet, le nouveau texte sur la table a tristement mis entre crochets la nécessité de rehausser ces objectifs de réduction au seul niveau acceptable scientifiquement, c’est-à-dire entre -25% et -40% d’ici 2020 par rapport à 1990. Il est donc indispensable que le mandat de négociation concernant la deuxième période d’engagement qui sera décidé à Cancun, inclût la révision de ces objectifs de réduction individuels et agrégés pour qu’ils rentrent dans la fourchette -25% -40%. ECO attend également des progrès sur les sujets épineux comme  les règles de LULUCF et l’utilisation des surplus d’UQAs.
N’oublions pas non plus l’autre voie de négociation. En effet, les Partie de l’Annexe 1 qui ne sont pas dans Kyoto doivent prendre des engagements comparables à ceux négociés sous la voie du Protocole. Sur ce point, le texte de la Présidente contient des éléments de discussions intéressants mais doit être amélioré au plus vite. De nombreuses options sont ainsi sur la table quant à leur inclusion dans la décision finale, mais le gros souci d’ECO est ailleurs. Quel que soit l’endroit où les objectifs finissent leur course, il est indispensable que soit reconnu le « gigatonne gap » mis en lumière de manière très claire par le PNUE dans son rapport sur le sujet.
Comme pour le PK, le texte du LCA n’inclut pour le moment aucune référence quantitative quant aux émissions nécessaires pour limiter l’augmentation des températures mondiales bien en dessous de 2°C, sans même parler de 1,5°C. Cela doit être la priorité numéro 1.
La reconnaissance de cette inadéquation entre science et politique devra s’accompagner de la création du processus permettant de réconcilier ces deux voies.
Par contre, ECO est très content de voir que l’élaboration de Stratégies de Développement Sobres en Carbone (LCAP en Anglais) fait consensus et transparait dans le texte. Il s’agit en effet d’un outil indispensable pour atteindre l’objectif final de limitation des températures et leur création permettrait d’envoyer un message très positif concernant le sérieux des engagements pris par les pays industrialisés.
Le changement climatique exige que l’on garde constamment un œil sur ce que préconise la science. La revue intégrée au chapitre V du texte de la Présidente offre le cadre approprié pour cela.
La référence au 1,5°c dans le texte actuel est la bienvenue mais ECO est inquiet de voir que la révision des objectifs de réduction sur cette base de température ne se ferait qu’en 2015.  On sait déjà que c’est la date fatidique à laquelle les émissions mondiales devront atteindre leur maximum… Et encore une fois, le processus de mise à jour des objectifs de réduction d’émissions reste flou et doit être fixé avant que nous ne quittions le Mexique.
Consolider ce lien entre science et politique afin d’ouvrir la voie à un accord mondial sur le climat d’ici l’Afrique du Sud est donc l’un des points central de cette semaine qui s’ouvre ici à Cancun. Sans cette pierre angulaire, tout consensus obtenus d’ici samedi aura l’air bien fragile.

Faites vérifier votre Vision Partagée !

Chers délégués, il est peut-être le temps de prendre rendez-vous avec l’ophtalmologue.
Votre vision commune s’est assombrie de façon alarmante. La science nous dit maintenant qu’une augmentation de la température au-dessus de 1,5°C se traduira par d’importantes conséquences environnementales et socio-économiques.
Pourtant, fermant les yeux sur des recherches récentes, le nouveau texte LCA est vidé de toute référence à l’objectif de 1,5°C, omet d’intégrer les concentrations atmosphériques spécifiques, et ne fait aucune mention de l’année 2015 comme année de pic pour atteindre ces objectifs.

En surface, les négociations sont ici entre les nations. Mais la véritable négociation se déroule entre la société humaine d’un côté et la physique et la chimie de l’autre. Physique et chimie ont posé les cartes sur la table. Une atmosphère de plus de 350 parties par million de CO2 et une élévation de température au-dessus 1,5°C sont incompatibles avec la survie de nombreuses nations présentes à ces pourparlers. En effet, plus de 100 pays ont reconnu cette ligne de fond scientifique et ont adopté ces objectifs. ECO rappelle aux délégués que le compromis doit être scellé avec le climat lui-même, et le climat est peu enclin à marchander. Il appartient aux Parties de déterminer comment épouser la ligne de fond.

Reconnaitre 1,5°C, 350 ppm, et 2015 comme année de pic dans la vision commune est une première étape essentielle vers la réalisation de cet objectif. La fenêtre de tir pour limiter la hausse de température à long terme à 1,5 °C se referme rapidement. Retarder la révision de cet objectif d’ici 2015, tel que proposé dans le cadre de l’actuel texte LCA, nous condamne aux regrets de ne pas avoir agi tant qu’il était possible d’éviter la catastrophe climatique.  Ainsi, chers délégués, faite vérifier votre vision. Énoncez une vision partagée de limiter l’élévation de la température à 1,5 ° C et les concentrations atmosphériques de CO2 à 350 ppm.
Avec une vue dégagée, vous pouvez jeter les bases pour les mesures supplémentaires nécessaires pour atteindre ces objectifs essentiels.

Le chemin du succès

Chers Ministres, c’est encore ECO ! Nous vous souhaitons la bienvenue à Cancun, et saluons votre engagement pour un accord global sur le réchauffement climatique !
Vos délégations ont travaillé dur. Vous faites maintenant face aux choix qui ont été clairement définis par les négociateurs, avec le soutien efficace des présidents et des facilitateurs. C’est à vous de jouer.
Mais à quoi ressemblerait un succès à Cancun ?
Le point essentiel de la COP 16 est de poser les bases d’un accord équitable, ambitieux et contraignant à Durban en 2011. La confiance et l’engagement dans le processus de la CCNUCC seront renforcées si les parties agissent de concert et permettent de répondre aux attentes des citoyens un peu partout sur la planète. Il faut maintenant viser la mise en place d’un cadre permettant de trouver un accord en Afrique du Sud.Les conclusions de Cancun doivent clairement affirmer qu’une seconde période d’engagement du Processus de Kyoto sera finalisée et approuvée à Durban, allant de paire avec un accord légalement contraignant du processus LCA.
Ce qui est certain, c’est que les objectifs de réduction des émissions qui sont actuellement sur la table sont insuffisants pour empêcher un changement climatique dangereux.
Cancun doit reconnaître l’écart de 5 à 9 gigatonnes mis en évidence par le PNUE, et établir un processus pour durcir ces objectifs d’ici Durban.
ECO vous rappelle aussi que le Plan d’action de Bali reconnaissait une fourchette de 25 % à 40 % en termes d’objectifs de réductions des émissions d’ici à 2020 pour les pays développés. Mais la science a progressé depuis, et nous savons qu’une réduction encore plus importante est nécessaire. Vos citoyens n’accepteront pas un accord à Durban qui confirmerait les bas objectifs actuels de réduction, et le changement climatique désastreux qui en découlerait.
D’autres points essentiels doivent progresser :
adaptation, transfert de technologies, renforcement de capacités, gestion des surplus d’UQA, REDD+… Il n’y a pas de raison pour que ces questions soient prises en otage par des agendas politiques étriqués et des intérêts nationaux mal estimés.
L’établissement d’un fonds climat équitable avec une décision suffisamment robuste pour en assurer la mise en place est le minimum que vous puissiez faire ici à Cancun. Les négociations ont également besoin d’avancées concrètes sur les sources de financements, et notamment la prise en compte des principales sources évoquées dans le rapport de l’AGF.
Messieurs-dames les Ministres : votre tâche ici n’est ni simple ni aisée. Elle n’en est pas moins essentielle pour restaurer la confiance dans ce processus, pour restaurer la crédibilité de vos gouvernements, et pour assurer un véritable futur pour nous tous.

samedi 4 décembre 2010

Le Plan d’Actions Bas Carbone mexicain prend forme

ECO a relevé un désir manifeste pour l’atteinte d’un accord à Cancun sur les Plans d’Actions Bas Carbone (PABC) pour les pays en développement et les Plans d’Actions Zéro Carbone (PAZC) pour les pays développés. Nous notons quelques avancées sur ces points.
Hier, le Mexique a présenté d’importants progrès sur son PABC à court terme, le Programme National Spécial sur le Changement Climatique (dit PECC). On y retrouve :
Vision long terme : Le Mexique se fixe de réduire de 50% ses émissions d’ici 2050, sur la base de 2000, partant de 6,8 tonnes de CO2 annuelles par personne aujourd’hui à 2,8 tonne en 2050. Selon cet objectif et le PECC, les émissions mexicaines culmineraient avant 2012 et décroîtraient progressivement jusqu’à un niveau en 2050 de 340 Mt. Cependant, pour atteindre cet objectif de réduction, le Mexique a bien précisé qu’un régime multilatéral doit etre mis en place et que les pays développés doivent fournir un soutien financier et technologique à une echelle inédite mais nécessaire.
Réduction : Le PECC tente de dissocier la croissance économique de l’augmentation des GES. En induisant un chute dans l’intensité carbone, le PECC donne le déclic d’une décarbonisation de l’économie mexicaine. Les 129 Mt de réduction pour la période 2008-2012 sont basés sur un éventail de mesures dans la production d’énergie, l’agriculture, les forêts et les autres usages de la terre (AFOLU) ainsi que les déchets.
Adaptation : Dans certains cas (surtout AFOLU), les mesures d’adaptation sont intégrés à celles de réduction. Le PECC identifie le besoin de développer une gestion des risques induits, surtout dans les cas de phénomènes naturels comme les tempêtes ou les sécheresses.
Politique transversale : Le PECC implique ne nombreux organes gouvernementaux dans la lutte contre le changement climatique avec des actions, des objectifs et des méthodologies. La coordination intersectorielle et institutionnelle permettra d’assurer que les efforts profitent à l’économie, l’éducation, le renforcement de capacité, la recherche et l’échange d’information et la communication.

L’approche économique mexicaine et sa vision long terme en font potentiellement un bon exemple de plan pérenne, tant que ces efforts sont soutenu par des fonds et une stabilité politique. Pour commencer, il y a deux propositions pour un Loi Générale sur le Climat à la Chambre Légale. Nous espérons que ces éléments pourront avancer rapidement.

Aurores boréales ?

ECO croyait que quittant l’hiver boréal, gris et froid, pour le soleil mexicain, le Canada ne se dissimulerait plus sous l’Ombrelle.
Le Japon a certainement été victime d’un coup de chaud cette semaine en refusant une seconde période d’engagement sous Kyoto. Mais le Canada restait lui dans l’ombre de son Ombrelle ; jusqu’à hier, quand le Secrétariat Exécutif lui arrachait et révélait leur position au grand jour. Ainsi, il apparaît que le Canada s’est toujours opposé au renouvellement du Protocole de Kyoto. Sur les autres sujets le Canada est resté silencieux. Pourtant, la semaine dernière, des preuves sont apparues comme quoi le gouvernement canadien mène dans l’ombre une stratégie de plaidoyer pour ralentir les politiques européennes et américaines en matière d’énergie et de changement climatique. Alors même que le Canada s’appuie sur les États-Unis pour justifier sa politique. Et le mois dernier, le Sénat canadien - qui n’est pas élu - a éludé le débat et bloqué un projet de loi décisif sur le climat voté par la Chambre des Communes.
Cela ne se limite pas à une politique de blocage. Le Canada fait aussi obstruction à l’avancée de la science. Les scientifiques du gouvernement ont été bâillonnés et les financements des recherches sur le climat ont été taillés à vif. Signe révélateur, le plus grand des bateaux de recherche arctique est désormais loué à l’exploration pétrolière. Loin de diminuer, les émissions du Canada ont augmentées de 30% depuis 1990. Le Canada était le seul pays à avoir ratifié ses objectifs du Protocole de Kyoto puis ouvertement renoncé à les atteindre. Le Canada, encore, était le seul pays à revenir de Copenhague pour immédiatement réduire ses objectifs de réduction. Ainsi la mauvaise volonté du gouvernement canadien est un euphémisme.
Pourtant, les citoyens canadiens démontrent à chaque élection qu’ils soutiennent le Protocole de Kyoto et l’action en matière de changement climatique. Paradoxalement, l’environnement a souvent été pointé comme la principale préoccupation des canadiens alors même que leur Gouvernement s’asseyait dessus.  Et ECO ne peut s’empêcher de penser que le Canada serait mieux inspiré d‘envoyer sa délégation somnoler sur la plage pour profiter du soleil.

Message personnel pour les ministres

Chers Ministres, permettez à ECO de vous souhaiter la bienvenue à Cancùn. La chaude lumière du soleil, les plages de sable et les piscines resplendissantes créent une atmosphère délicieuse où il ne manque plus que vous. Nous aimerions tous passer quelques  jours au bord de la piscine ou à la plage, en sirotant des boissons fraîches et en feuilletant les pages de notre nouvel accord sur le climat, juste, ambitieux et juridiquement contraignant.
ECO a le regret de vous réveiller de votre rêverie alors que vous arrivez de l’aéroport. Le monde attend toujours que vos gouvernements arrivent à un tel accord, et l’exigence de progrès significatifs à Cancùn sera omniprésente dans les jours à venir. Il y a beaucoup à faire ! Les progrès ont été lents durant la première semaine, sans rapport avec l’urgence et le sérieux rendus nécessaires par la crise climatique. Vous et vos collègues pouvez maintenant intervenir et reprendre le travail commencé par vos délégations, faire preuve d’un esprit de coopération  et apporter la volonté politique, le pouvoir  de décision et l’engagement nécessaires pour réaliser de solides progrès. C’est la semaine pour cela et c’est votre travail.
Deux exemples importants de questions qui ont besoin d’une forte impulsion politique sont la deuxième période d’engagements du Protocole de Kyoto et la forme juridique des accords sur  l’Action Concertée à Long Terme (LCA). Toutes les deux reposent énormément sur les épaules des négociateurs des deux processus.
Pour le Protocole, un avenir incertain crée des tensions en croissance rapide dans les négociations  et, pour la LCA, les négociateurs ont essayé de trouver  sans beaucoup de succès une cohésion pour définir le type d’accord recherché. Ces questions sous-jacentes ralentissent le progrès des négociations. Et comme les discussions du groupe de contact sur la forme juridique l’ont révélé hier, ce sont des questions que les négociateurs ont du mal à faire avancer sans une forte pression et une approche constructive de leurs ministres.
Chers Ministres, la décision de conserver et de renforcer le Protocole de Kyoto ainsi que l’adoption d’un accord juridiquement contraignant dans le cadre de la LCA sont toutes deux essentielles. Elles sont fondamentales pour obtenir ici à Cancùn un ensemble de décisions qui nous amènent vers un accord sur le climat juste, ambitieux et juridiquement contraignant. Une fois ceci accompli, vous aurez certainement mérité que quelque repos et relaxation.

Les clés d’une 2ème période d’engagement

Les pays Annexe I ne devraient pas avoir de trop de mal à faire preuve du leadership dont nous avons besoin en s’engageant sur des objectifs situés dans le haut de la fourchette 25-40% du GIEC. Un grand nombre d’études montrent comment atteindre cet objectif faisable. Mais clairement, ces pays ne sont pas prêts à se montrer ambitieux.
Néanmoins, les parties Annexe I peuvent et doivent trouver un accord à Cancun sur un nombre d’enjeux techniques. Ils poseront les jalons d’engagements 2011 qui permettront d’atteindre le niveau d’ambition nécessaires en termes de réductions d’émissions. Ces dossiers techniques définiront aussi les règles et modalités qui vont régir le partage équitable des objectifs 2013-2017.
Le lancement cette semaine du rapport du PNUE sur le « gigatonne gap » montre l’écart massif et grandissant entre les promesses sur les tables et le scénario 2°C, et encore plus avec le scénario qui limite le réchauffement à 1,5°C. Il est impératif de combler l’écart qui se compte en gigatonnes, et de réduire véritablement les émissions, au lieu de faire semblant.
C’est pour ces raisons que ECO insiste qu’il faut trouver à Cancun un accord sur les points suivants:
- un objectif agrégé d’au moins 40% pour 2020 pour les pays développés, par rapport aux niveaux 1990.
- une comptabilisation LULUCF qui ne permette pas à 450 millions de tonnes d’émissions de s’évanouir dans la nature
- une solution au problème des quotas d’émissions épargnés (‘air chaud’) qui permette de protéger l’intégrité environnementale. Le rapport du PNUE dit qu’en résolvant la question des surplus de quotas d’émissions de la première et de la deuxième période, on pourrait réduire l’écart de 2,3 Gt.
- le maintien de 1990 comme année de référence facilitera la comparabilité des objectifs entre les deux périodes d’engagement. D’autres années de référence sont utilisées par certaines parties pour cacher l’absence d’effort.
- une période d’engagement de 5 ans pour synchroniser la révision des engagements avec la sortie du dernier rapport du GIEC, et s’aligner avec les cycles politiques de nombreux pays.
- une politique domestique forte pour faciliter la transition vers une économie neutre en carbone pour les pays développés d’ici 2050. Il faut planifier, au lieu d’utiliser la compensation pour réduire ses émissions.
- moins de sources douteuses pour générer des crédits carbone (comme l’inclusion du CCS et du nucléaire dans le MDP) et plus de demandes de projets visant le développement durable.
- l’utilisation de la science la plus récente : c’est-à-dire, le 4ème rapport du GIEC sur le potentiel de réchauffement climatique à horizon 2100 et non pas un mic-mac politique. Pourquoi le Brésil ne s’appuie-t-il pas sur la science la plus récente ?
- Inciter l’OMI et OACI à agir rapidement pour adopter une approche globale qui respectera le principe de responsabilité commune mais différenciée qui, par exemple, n’aurait pas d’impact net sur les pays en développement.
Les règles du Protocole de Kyoto peuvent permettre de réelles réductions d’émissions, ou alors elles peuvent permettre d’inventer des réductions d’émissions via des exercices comptables et des échappatoires. Le temps commence à manquer et il faut faire ce simple choix.
Et chers délégués, puisque le processus est comme toujours sous l’impulsion des parties, c’est bien votre choix.

vendredi 3 décembre 2010

Pertes et dommages

Mère Nature subit déjà les foudres engendrés par les changements climatiques.
Les pertes et les dommages causés par d’importantes inondations, l’augmentation du niveau de la mer, le retrait des glaces, l’acidification des océans et les pertes dans le domaine de la biodiversité n’existeraient pas si notre monde ne subissait pas des changements climatiques importants.
Les récentes inondations au Pakistan prouvent combien la situation est sérieuse.
Des archipels comme les îles Tuvalu, Kiribati, les Maldives et beaucoup d’autres dont le territoire est à moins d’un mètre au dessus du niveau de la mer risquent d’être submergés.  Et pour les terres restantes qui affleurent comme dans beaucoup de régions dans le monde situées en bord de mer, on constatera beaucoup de dégradations.
Il n’est pas étonnant que dans toutes les régions du Pacifique des plans soient instaurés pour déplacer ces populations.
Ces informations concrètes permettent de bien illustrer le rapport sur les pertes et les dommages émis par la Chair du LCA.
Cela permet d’émettre un message très concret mais pas encore suffisamment alarmant de la situation. Le COP doit prendre ici à COP16 la décision de mettre en place un process d’études et de gestion de ces pertes et ces dommages. Il est clair que s’attaquer à ce problème à venir sur un niveau régional comme national n’est pas simple. Cela implique la participation active d’un grand nombre de décisionnaires économiques et la mobilisation d’experts allant des spécialistes en réduction de risques, aux scientifiques en passant par le monde de l’assurance, etc... Un tel engagement ne peut exister sans une bonne connaissance des conséquences. Un programme de travail incluant des ateliers de réflexion est nécessaire pour concevoir une stratégie acceptable par la COP17. ECO signale également que la portée de ce qui sera mis en œuvre pour gérer ces pertes et ces dommages dépendra clairement d’une volonté affirmée d’en atténuer les conséquences (volonté actuellement loin d’être suffisante) et des actions concrètes entreprises pour augmenter la capacité de résistance des écosystèmes et des populations les plus vulnérables.